Sans jamais nous connaître : la critique du film (2024)

Drame, Mélodrame, Fantastique, LGBTQ | 1h45min
Note de la rédaction :
9/10
9
Affiche de Sans jamais nous connaître (All of us strangers, 2024) d'Andrew Haigh

  • Réalisateur : Andrew Haigh
  • Acteurs : Jamie Bell, Claire Foy, Andrew Scott, Paul Mescal
  • Date de sortie: 14 Fév 2024
  • Année de production : 2023
  • Nationalité : Britannique, Américain
  • Titre original : All of Us Strangers
  • Titres alternatifs : Desconocidos (Espagne) / Desconhecidos (Portugal) / Dobrzy nieznajomi (Pologne) / Todos Somos Extraños (Mexique) / Estranei (Italie) / Mind idegenek vagyunk (Hongrie) / Todos Nós Desconhecidos (Brésil)
  • Autres acteurs : Carter John Grout, Ami Tredrea
  • Scénariste : Andrew Haigh
  • D'après : le roman Strangers de Taichi Yamada
  • Monteur : Jonathan Alberts
  • Directeur de la photographie : Jamie D. Ramsey
  • Compositrice : Emilie Levienaise-Farrouch
  • Cheffe Maquilleuse : Zoe Clare Brown
  • Cheffe décoratrice : Sarah Finlay
  • Directeurs artistiques : Bill Brown, Luke Deering
  • Producteurs : Graham Broadbent, Peter Czernin, Sarah Harvey
  • Producteurs exécutifs : Daniel Battsek, Farhana Bhula, Ben Knight, Ollie Madden, Diarmuid McKeown
  • Sociétés de production : Blueprint Pictures, Film4, Searchlight Pictures, TSG Entertainment
  • Distributeur : Walt Disney Pictures France
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : 20th Century Studios (DVD et blu-ray, 2024)
  • Date de sortie vidéo : 19 juin 2024
  • Budget : 5 000 000 $
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 184 492 entrées / 89 088 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 4 050 103 $ / 20 226 058 $
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Festivals : Festival de Valladolid 2023 : en compétition
  • Nominations : British Independent Film Awards 2023 : Meilleur acteur ; Meilleure actrice dans un second rôle ; Meilleur acteur dans un second rôle pour Jamie Bell ; Meilleur casting ; Meilleurs maquillage et coiffure ; Meilleur décor ; Meilleur son / Gotham Awards 2023 : Meilleur film international ; Meilleure interprétation principale ; Meilleure interprétation dans un second rôle pour Claire Foy ; Meilleur scénario / Golden Globes 2024 : meilleur acteur dans un film dramatique pour Andrew Scott / BAFTA 2024 : Meilleur film britannique ; Meilleur réalisateur ; Meilleur scénario adapté ; Meilleure actrice dans un second rôle pour Claire Foy ; Meilleur acteur dans un second rôle pour Paul Mescal ; Meilleur casting / Satellite Awards 2024 : Meilleur acteur dans un film dramatique ; Meilleur scénario adapté / Film Independent's Spirit Awards 2024 : Meilleur film ; Meilleure réalisation ; Meilleure interprétation principale
  • Récompenses : Festival de Valladolid 2023 : Arc-en-ciel d'or / National Board of Review Awards 2023 : Top 10 Films Indépendants / British Independent Film Awards 2023 : Meilleur film ; Meilleur réalisateur ; Meilleur scénario ; Meilleur acteur dans un second rôle pour Paul Mescal ; Meilleure photographie ; Meilleur montage ; Meilleure supervision musicale
  • Illustrateur/Création graphique : © BOND. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Twentieth Century Studios. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Floriane Mathieu, Olivier Margerie
  • Tagline : "Obsédant et déchirant. La promesse de la magie du cinéma est magnifiquement remplie" Justin Chang, The Los Angeles Times. "Un grand film sur l'amour" Cinémateaser.
Note des spectateurs :

Drame familial intense, Sans jamais nous connaître étonne par son ambiance fantastique et fantomatique qui séduit, avant de profondément bouleverser. Un des chocs émotionnels de l’année cinéma 2024.

Synopsis : A Londres, Adam vit dans une tour où la plupart des appartements sont inoccupés. Une nuit, la monotonie de son quotidien est interrompue par sa rencontre avec un mystérieux voisin, Harry. Alors que les deux hommes se rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a grandi. Arrivé devant sa maison d’enfance, il découvre que ses parents occupent les lieux, et semblent avoir le même âge que le jour de leur mort, il y a plus de 30 ans.

Au départ, un roman japonais

Critique : Projet initié par les producteurs britanniques Graham Broadbent et Sarah Harvey, Sans jamais nous connaître (2023) est la seconde adaptation du roman japonais Présences d’un été de Taichi Yamada publié en 1987 après The Discarnates (Ijin-tachi to no natsu) de Nobuhiko Ôbayashi en 1988. On notera d’ailleurs que cette première mouture est restée inédite en France et dans la plupart des pays du monde, tandis que le roman n’a été traduit en Angleterre qu’à partir de 2003.

Sans jamais nous connaître, photo d'exploitation 1

© 2023 Blueprint Pictures – Film4 – Searchlight Pictures – TSG Entertainment. Tous droits réservés.

Conscients de la rareté de cet écrit en Occident, les producteurs ont souhaité réactualiser cette histoire de fantômes en en confiant l’adaptation au cinéaste Andrew Haigh. Ce dernier, ouvertement homosexuel, est connu pour avoir tourné quelques films communautaires au début de la décennie 2010, puis des œuvres dramatiques classiques comme 45 ans (2015) avec Charlotte Rampling et Tom Courtenay, puis La route sauvage (2017). Particulièrement sensible à l’intrigue développée dans le roman d’origine, Andrew Haigh a choisi de tirer cette histoire vers une introspection plus personnelle, afin de mieux s’approprier les personnages.

Andrew Haigh se livre à une introspection très personnelle

Ainsi, il a fait des deux protagonistes principaux des homosexuels qui vivent de nos jours à Londres. Toutefois, le cinéaste a tenu à évoquer son propre passé à travers le long métrage, introduisant notamment de nombreux éléments liés à son adolescence dans les années 80. Ainsi, il convoque tout un imaginaire LGBT qui passe par la musique de groupes pop ouvertement homosexuels comme Frankie Goes To Hollywood, et bien entendu les Pet Shop Boys. Il évoque également dans une scène émouvante les ravages du sida durant cette décennie qui fut si catastrophique pour la communauté.

Enfin, pour être le plus directement relié à sa propre histoire, Andrew Haigh a tenu à tourner les séquences avec les parents dans sa propre maison d’enfance. Si cela pourrait ressembler à un pur caprice de cinéaste, ce détail indique à quel point l’auteur s’est investi personnellement dans ce récit bouleversant d’un homme qui fait face à son passé durant toute la durée du long métrage.

Visiter l’espace mental d’un homme brisé

Réalisé de manière étonnante en faisant appel à des décors froids et désincarnés, Andrew Haigh donne le sentiment de ne jamais vraiment savoir où se situe l’action de son film. Entre un immeuble au look moderne et une maison parentale plus ancienne, Sans jamais nous connaître préfère nous égarer dans un espace mental plutôt que géographique. Comme le personnage central, le spectateur ne sait jamais vraiment où il évolue, ce qui rend d’autant plus étonnante cette histoire de fantômes. Filmé à la façon de David Lynch, le drame n’évolue pourtant jamais vers le film d’horreur, mais préfère investir la psyché traumatique du protagoniste principal.

Sans jamais nous connaître, photo d'exploitation 2

© 2023 Blueprint Pictures – Film4 – Searchlight Pictures – TSG Entertainment. Tous droits réservés.

Traitée de manière naturaliste, l’apparition des fantômes des deux parents (Jamie Bell et Claire Foy, parfaits) laisse dubitatif dans un premier temps car nous ignorons que ces deux personnages sont décédés depuis de nombreuses années. Cette information arrive finalement assez vite dans le film et conforte l’idée que nous sommes conviés à suivre une œuvre de l’intime. Le personnage joué par Andrew Scott est donc un être qui souffre du syndrome de l’abandon depuis qu’il est orphelin. Incapable de progresser dans son existence, il demeure entravé par cette présence familiale dont il ne peut se défaire. Ce mal-être est ravivé lorsqu’il fait la rencontre d’un voisin auquel il s’attache. Ce dernier est incarné par Paul Mescal qui s’investit pleinement pour incarner l’amoureux transi.

Un mélodrame salué par la critique

Traversé de scènes alternativement poignantes, tendres ou déchirantes, Sans jamais nous connaître investit le champ du mélodrame jusqu’à son twist final – que l’on sent venir tout de même. D’une tristesse infinie, le résultat s’impose comme une œuvre profondément sincère de la part d’un cinéaste qui s’est entièrement impliqué dans le processus créatif. Dès lors, il signe ici un petit bijou d’émotion qui bouleverse durablement le spectateur. Ainsi, il rejoint dans notre cœur le magnifique Supernova (Harry Macqueen, 2020) qui nous avait bouleversé il y a quelques années de cela.

Porté par des critiques globalement enthousiastes et plusieurs prix internationaux dans des festivals, Sans jamais nous connaître est sorti en France mi-février 2024 dans une combinaison de 109 salles (étendue ensuite à 113 au pic de son exploitation). Pour sa première semaine du 14 février, le mélodrame a fait pleurer 74 540 cinéphiles pointus, mais l’essentiel de sa fréquentation a eu lieu à Paris. Ce résultat satisfaisant a permis au long métrage de gagner quelques salles supplémentaires en deuxième septaine et une chute minime de 38 % (46 058 retardataires). En quinze jours, le film a donc cumulé plus de 120 000 spectateurs.

Toutefois, les résultats vont s’effondrer assez rapidement avec des chutes plus proches des 50 % les semaines suivantes. En troisième septaine, le film tutoie les 150 000 entrées et son exploitation se poursuit durant de longues semaines pour se terminer à 184 374 cinéphiles. Il s’agit assurément d’un bon résultat pour une œuvre aussi intimiste. On vous la recommande chaudement pour son mélange étonnant de fantastique fantomatique et de drame familial traumatique.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 14 février 2024

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Affiche de Sans jamais nous connaître (All of us strangers, 2024) d'Andrew Haigh

© 2023 Twentieth Century Studios. Tous droits réservés.

Biographies +

Andrew Haigh, Jamie Bell, Claire Foy, Andrew Scott, Paul Mescal

Mots clés

Cinéma britannique, Mélodrame, Films LGBTQ+, Les fantômes au cinéma, Films sur le deuil

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Affiche de Sans jamais nous connaître (All of us strangers, 2024) d'Andrew Haigh

Bande-annonce de Sans jamais nous connaître (VOstf)

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