Ceux qui pensent encore que la saga des Gendarmes avec de Funès touche le fond en matière de comédie franchouillarde pourront encore creuser grâce à Sacrés gendarmes, comédie interminable de Bernard Launois qui fut en son temps un gros succès.
Synopsis : Une localité dans le midi, dotée d’une brigade de gendarmerie, est menacée par arrêté ministériel de disparition comme beaucoup d’autres de la même importance où, bien entendu, il ne se passe jamais rien.
Une situation que la population n’accepte pas, et encore moins les gendarmes trop heureux de vivre dans ce petit paradis, sous le chaud soleil de Provence.
Tout au long d’une séries de gags, il sera prouvé au délégué du ministère de la défense, lors de son passage dans le petit bourg, de l’utilité et de la nécessité du maintien d’une brigade territoriale.
Sacrés gendarmes, un succès provincial de l’année 1980
Critique : Plus connu des bisseux pour avoir signé le nanardesque Il était une fois le diable – Devil story (1985), le réalisateur Bernard Launois s’est illustré quelques années auparavant dans la comédie franchouillarde avec ce Sacrés gendarmes (1980) qui comptait marcher sur les traces de la saga du Gendarme à Saint-Tropez (Jean Girault, 1964) et, si possible, obtenir un succès public équivalent. Pour arriver à ses fins, le réalisateur a réuni un casting de seconds couteaux qui fleure bon la série Z : de Jacques Balutin à Robert Castel, en passant par Sim et Daniel Prévost, ce sont tous les habitués de l’Académie des 9 qui ont été conviés à la fête. Visiblement heureux de passer des vacances dans le sud de la France aux frais du producteur, les acteurs passent leur temps à débiter des dialogues que l’on imagine improvisés, à gesticuler de façon à impulser un minimum de dynamisme à une réalisation désespérément statique et à rouler des yeux pour compenser l’ineptie d’un script anémique. Il faut dire que l’intrigue est inexistante, se réveillant après une heure de métrage pour mettre en danger la brigade de gendarmes qui se la coule douce aux yeux de l’État et est donc menacée de fermer.
Consternant de bout en bout, Sacrés gendarmes ferait presque passer Les gendarmes et les gendarmettes pour du Molière tant les gags sont éculés, téléphonés, usés jusqu’à la corde. On passera bien évidemment sur le caractère raciste des situations qui impliquent l’acteur noir Ibrahim Seck (son personnage africain passe une nuit blanche au lit avec Jacques Balutin ou bien déteint lorsqu’il entre dans son bain).
Drôles de gendarmes, et après ?
D’une bêtise abyssale, le résultat final pourrait presque sembler sympathique si le cinéaste n’avait pas eu la curieuse idée de conserver un montage excessivement long. 1h40 lorsque l’on n’a aucune histoire à raconter, c’est bien évidemment interminable. Lorsque le curé, interprété en roue libre par Henri Génès se lance dans une tirade de cinq minutes pour expliquer comment il a vaincu à lui seul un char allemand, la tolérance du bisseux le plus endurci est mise à rude épreuve. Même avec un grand sens du second, voire du quinzième degré, Sacrés gendarmes n’en demeure pas moins un nanar majuscule, un objet filmique absolument inimaginable pour le spectateur contemporain. Cet OFNI a tout de même attiré plus de 511 353 victimes dans les salles obscures, dont 93 % en province. Un score qui semble proprement surréaliste vu la qualité du produit fini.
A la suite de ce succès colossal pour cette toute petite production indépendante, l’ex-Sacrés gendarmes devient lors d’une exploitation provinciale alternative Drôles de gendarmes. MPM Productions choisira le titre original pour son édition VHS proposée sur le marché dès le début des années 80.
Un DVD en sera issu près de trente ans plus tard chez l’éditeur LCJ, en 2008. Cette fois-ci, c’est le titre Drôles de gendarmes, avec visuel cinéma alternatif, toujours signé Chakir, qui est favorisé.
Toujours actif dans l’écriture de scénario, Bernard Launois annonce écrire une suite en 2018 sur son Facebook. Cette fois-ci, il pressent Isabelle Nanty, Daniel Russo, Jean-Pierre Castaldi, Eric Blanc et Valérie Bonneton, pour tenir les rôles principales. Le scénario se déroulerait “vers la Vendée”. Est-il sérieux? On n’en sait rien, mais comme le sérieux du cinéma d’aujourd’hui nous consterne un peu, on se met à rêver…
Virgile Dumez / Frédéric Mignard
Les sorties de la sortie du 26 mars 1980
Biographies +
Bernard Launois, Daniel Prévost, Henri Génès, Jacques Balutin, Robert Castel, Ibrahim Seck, Lucette Sahuquet, Jeannette Batti, Bruno Balp, Sim, Nicole Régnault, Florence Blot