Red Sparrow (le moineau rouge) : la critique du film (2018)

Thriller érotique, Espionnage, Trash | 2h20min
Note de la rédaction :
8/10
8
Red Sparrow Cover VOD 2

  • Réalisateur : Francis Lawrence
  • Acteurs : Jennifer Lawrence, Charlotte Rampling, Matthias Schoenaerts, Jeremy Irons, Joel Edgerton, Ciarán Hinds, Mary-Louise Parker
  • Date de sortie: 04 Avr 2018
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Red Sparrow
  • Titres alternatifs : Le moineau rouge (Québec), Operación Red Sparrow (Amérique latine), Gorrión rojo (Espagne)
  • Année de production : 2018
  • Scénariste(s) : Justin Haythe, d'après le roman de Jason Matthews
  • Directeur de la photographie : Jo Willems
  • Compositeur : James Newton Howard
  • Société(s) de production : Chernin Entertainment, Film Rites, Pioneer Stilking Films
  • Distributeur (1ère sortie) : Twentieth Century Fox
  • Distributeur (reprise) :
  • Date de reprise :
  • Éditeur(s) vidéo : Twentieth Century Fox
  • Date de sortie vidéo : 8 août 2018 (DVD, blu-ray, 4K uLTRA hd? vod)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 827 602 entrées / 237 989 entrées
  • Box-office nord-américain / Total monde 46 874 505$ / 151 572 634 $
  • Budget : 69 000 000$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux moins de 12 ans, avec avertissement " La commission est d’avis que ce film, dont l’héroïne est obligée de rejoindre les rangs des services secrets russes, contient des scènes de violence qui ne conviennent pas aux mineurs de douze ans. Elle recommande l’insertion d’un avertissement ainsi libellé : «De nombreuses scènes de violence, notamment de torture, sont susceptibles de choquer les spectateurs».." (CNC)
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs - Digital Intermediate (4K) (master format) - Dolby Vision - Panavision (anamorphic) (source format) / Son : Dolby Atmos
  • Festivals et récompenses :
  • Illustrateur / Création graphique :
  • Crédits :
Note des spectateurs :

Red Sparrow est un pur film de sexe et de sadisme au goût sulfureux de l’exploitation bis des années 70. Convaincante, Jennifer Lawrence y manifeste bien des talents, le premier étant celui de nous surprendre !

Ballerina Girl

Synopsis : Dans la Russie actuelle, dirigée par Vladimir Poutine, l’officier de renseignement Dominika Egorova tâche de tracer sa route dans la jungle des services post-soviétiques. Après avoir reçu, contre sa volonté, l’ordre de devenir un “sparrow”, soit un agent entraîné à séduire l’ennemi, Dominika est chargée de s’attaquer à Nathaniel Nash, un jeune agent de la CIA, officier traitant de la plus importante taupe de l’agence américaine en Russie.

Critique : Ni pour le grand public, ni pour les cyniques, Red Sparrow appartient à ces OFNI qui ne trouvent la rédemption auprès des cinéphiles que bien plus tard, quand les générations grandissent et que le public trouve le recul nécessaire pour placer ces projets excessifs qui se refusent à remplir le cahier des charges des œuvres contemporaines.

Joel Edgerton face à Jennifer Lawrence dans Red Sparrow

© 2018 Twentieth Century Fox

« L’école des putes »

Dans un contexte de guerre froide, qui évoque une situation actuelle fantasmée, le film est foncièrement érotique, d’un érotisme malsain – on y évoque une “école des putes”, dirigée par Charlotte Rampling (l’icône insoumise du cinéma trash, celle croisée chez Liliana Cavani dans Portier de nuit), destinée à former les agents secrets russes à obtenir toutes les informations souhaitées. Red Sparrow est également incroyablement violent.

LE CINEMA TRASH SUR CINEDWELLER

Dans sa thématique, le sexe n’y est jamais beau et propre, mais toujours asséné comme un coup létal, dans la souffrance, physique, psychologique. Jennifer Lawrence n’y est-elle pas violée dès sa première mission, précipitée dans les griffes d’un puissant détraqué par son propre oncle (jubilatoire Matthias Schoenaerts, devenu une version sexy de Poutine) ? Il fallait l’oser.

Jennifer Lawrence, artiste totale, en possession de ses moyens

Visiblement, le plutôt toc Francis Lawrence se surprend lui-même à casser les codes, entraîné par sa muse Jennifer Lawrence qui est celle aux commandes du film (ils ont tourné ensemble trois numéros de Hunger Games). Devenue machine à tuer, Jennifer Lawrence est passée manipulatrice experte au cœur d’un script de faux-semblants, usant du mensonge et de l’arme corporelle pour soutirer la vérité, y compris la torture. Dans Red Sparrow, l’ancienne gloire adolescente se donne corps et âme dans ce blockbuster d’exploitation pure, qui ne ménage pas, mais préfère déranger. Les scènes de tortures sont douloureuses, à l’excès. Jennifer Lawrence, actrice du mouvement féministe #metoo, encaisse comme un homme ou, à son tour, torture comme le tortionnaire des plus brutaux (mentionnons par exemple le supplice consistant à peler la peau humaine en couche… entre autres).

Disney très embarrassé

Plus proche dans son esprit nihiliste des excès des séries télévisés américaines que d’un véritable blockbuster lissé pour le grand écran, Red Sparrow a dérouté au risque de laisser le public sur la route, puisqu’évidemment la réponse américaine fut largement en-dessous du budget cossu alloué par la Fox. Et on imagine l’embarras de Disney aujourd’hui face à pareil titre dans leurs tiroirs, depuis le rachat de l’ancienne major enterrée avec le 20e siècle.

INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS

Red Sparrow ne partage aucun point commun avec le tout-venant américain contemporain, à savoir, le super-héroïsme gentillet. Son ambiance, esthétiquement précieuse, est froide comme la mort, et chaque protagoniste est retranché dans une forme d’indifférence qui ne le rend vraiment pas charismatique. Certains nourrissent une cause patriote malsaine qui démontre l’ignominie de ce terme à éradiquer des dictionnaires quand, pour l’héroïne, il s’agit de fomenter un plan pour sortir sa mère, gravement malade, d’une situation sociale dramatique. Un appel à l’État-providence ?

Audacieux, machiavélique, vénéneux Red Sparrow brille

Ce n’est qu’en toute fin, à la suite d’innombrables retournements de situation, que l’on découvrira réellement la teneur de son plan, suscitant bien du grabuge et des rebondissements adultes que l’on ne voit plus au cinéma. Peu enclin à la morale, Red Sparrow ose l’audace, sans détour, avec des acteurs qui en imposent autant par leur présence physique que leur capacité à emmurer leurs émotions, alors qu’ils sont tous engagés dans une trame tortueuse où chacun doit y mettre de son intériorité, pour ne rien laisser transparaître.

Jennifer Lawrence, victime ou bourreau?

© 2018 Twentieth Century Fox

Comme contrepartie masculine au personnage d’espionne russe joué par Jennifer Lawrence, du côté des Américains, Joel Edgerton ne relève pas lui-même d’un stéréotype moulé sur Tom Cruise ou son ersatz Jeremy Renner. Acteur rêche, il joue avec ses propres failles un agent secret qui picole un peu trop ou surfe sur du porno quand il rentre de mission. On a vu plus glamour.

Attention, ce n’est pas un produit Netflix

Version trash du Saint avec Val Kilmer et d’Atomic Blonde, qui était déjà bien fracassé, Red Sparrow est une réussite éminente qui peut désormais compter sur un statut de film culte et d’œuvre maudite. Cette production Fox en porte les gènes et saura probablement compter sur l’excitation des nouvelles générations face à ses propositions nouvelles de cinéma. Il serait tout de même dommage d’attendre dix ans de streaming et de VOD pour le voir réhabilité. Il est donc fortement recommander d’essayer cette expérience trash d’un cinéma américain malade. La commission de classification l’a gentiment interdit aux moins de 12 ans avec avertissement pour ne pas trop compromettre sa carrière. Ils ont été indulgents, pour une fois : il méritait largement le moins de 16.

Critique : Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 4 avril 2018

Voir en VOD

Affiche française de Red Sparrow, le moineau rouge

© 2018 Twentieth Century Fox

Box-office :

Sorti le 4 avril 2018, le même jour que Gaston Lagaffe (573 copies), Pierre Lapin (550) et le film fantastique français Dans la brume (214 copies), Red Sparrow a bénéficié d’une belle combinaison de 334 salles pendant 4 semaines consécutives, dans un contexte de vacances de Pâques favorable.

Le thriller interdit aux moins de 12 ans démarre fort, à 331 963 spectateurs pour une moyenne solide, et restera 4 semaines au-dessus des 96 000 entrées/semaine. Ses 5e et 6e semaines le précipiteront vers la fin. En 7e semaine, le film est amorphe à 5 576 curieux, dans 66 salles.

Aux USA, Red Sparrow entre 2e avec 16 853 422$ dans 3 056 cinémas et chute de 49% lors de son week-end suivant. Il perdra ensuite successivement 46.8%, 50.4%, et 68.1% à l’issue d’un 5e week-end à 718 609$.

Avec 46M$ aux USA, le film est localement un échec.

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Red Sparrow Cover VOD 2

Bande-annonce de Red Sparrow, le moineau rouge

Thriller érotique, Espionnage, Trash

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