Noyade interdite : la critique du film (1987)

Policier | 1h42min
Note de la rédaction :
6/10
6
Noyade interdite, l'affiche

Note des spectateurs :

Petit polar légèrement pervers, Noyade interdite est un divertissement bien troussé grâce à des dialogues bien sentis et un cortège d’actrices au meilleur de leur forme. Sympathique.

Synopsis : Dix ans après avoir quitté sa région natale, l’inspecteur Molinat y retourne pour les besoins d’une enquête. En effet, deux cadavres ont mystérieusement été retrouvés près des côtes. Toutefois, l’arrivée de l’inspecteur Leroyer, avec qui il ne s’entend pas, va non seulement compliquer l’enquête mais aussi replonger Molinat dans son propre passé.

Un film policier classique relevé d’un érotisme discret

Critique : Après le cinglant échec commercial de L’homme aux yeux d’argent (1985), polar par ailleurs très faible, le cinéaste Pierre Granier-Deferre a retrouvé le sourire grâce à son Cours privé (1986) porté par une affiche racoleuse mettant en avant les attraits physiques de la jeune Elizabeth Bourgine. Puisque le film était une étude de mœurs épicée d’une forte dose d’érotisme trouble, Granier-Deferre cherche à retrouver cette formule avec son œuvre suivante.

Il choisit alors d’adapter Noyade interdite de l’écrivain américain Andrew Coburn. Le roman policier, publié en 1985, propose justement une intrigue qui tourne autour de plusieurs femmes entre lesquelles doit naviguer un inspecteur de police au bout du rouleau. Le réalisateur adapte l’ensemble au contexte français et pose ses caméras sur le littoral atlantique, plus précisément à Saint-Palais-sur-Mer et dans les environs de la ville de Royan.

Tant qu’il y aura des femmes…

Pierre Granier-Deferre exploite plutôt bien ce contexte de petite station balnéaire où se croisent à la fois les habitants et les touristes. Par contre, il échoue quelque peu dans la présentation initiale des personnages. Ainsi, le premier quart d’heure souffre d’un montage un peu chaotique qui ne laisse guère respirer le spectateur. L’inspecteur entre ainsi en contact avec de nombreux personnages sans que l’on comprenne bien pourquoi.

Une fois que les différents protagonistes sont enfin posés, leurs relations donnent lieu à des échanges verbaux assez savoureux, d’autant que les dialogues de Dominique Roulet sont plutôt incisifs et pertinents. On comprend alors que Philippe Noiret et son adjoint interprété avec gourmandise par Guy Marchand vont devoir naviguer en terres féminines. Pour cela, Granier-Deferre s’est fait plaisir en convoquant un panel d’actrices toutes plus formidables les unes que les autres.

Parmi les plus confirmées, on trouve les Italiennes Laura Betti et Stefania Sandrelli (coproduction oblige), ainsi que Catherine Hiegel et l’excellente Andrea Ferréol dans un rôle hystérique. Parmi la nouvelle génération, Granier-Deferre a renouvelé sa confiance à Elizabeth Bourgine, mais s’est entouré également de Gabrielle Lazure et d’une jeune Marie Trintignant dans un rôle déjà passablement torturé. On notera aussi la présence charnelle d’Anne Roussel.

Une guerre des sexes qui a trouvé son public

Très rapidement, le spectateur saisit que le long-métrage va tourner autour d’une guerre des sexes. Le réalisateur en profite pour déshabiller l’ensemble de son casting féminin qui semble n’être qu’un catalyseur du désir masculin. Si cela peut sembler racoleur de prime abord, en réalité cette thématique est bien au cœur même de l’intrigue policière. Par ailleurs, le long-métrage, simple whodunit en apparence, se révèle bien plus pernicieux lors de son dernier quart d’heure. Ainsi, le personnage un peu trouble incarné par Philippe Noiret apparaît dans toute sa malignité, alors même que le spectateur est en empathie avec lui grâce à la bonhomie naturelle de l’acteur.

Réalisé sans grande imagination par un Pierre Granier-Deferre en mode téléfilm, Noyade interdite appartient clairement à cette catégorie de longs-métrages qui ressemblaient à s’y méprendre à un cinéma de papa. Ce genre allait peu à peu disparaître des grands écrans suite à la crise du cinéma qui frappait alors durement les salles de France et de Navarre en cette année 1987. Dans ce contexte morose, on peut estimer que les 566 247 entrées glanées par ce petit polar gentiment pervers sont plutôt satisfaisantes. En l’état, il s’agit du dernier succès du réalisateur qui allait toucher le fond l’année suivante avec l’échec cinglant de La couleur du vent (et ses 48 386 entrées sur toute la France).

Voir la fiche du film sur le site Unifrance

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 2 décembre 1987

Noyade interdite, l'affiche

© 1987 Compagnie Générale d’Images – France 3 Cinéma – Paradis Films – L.P. Film / Affiche : Agence Arsenal. Tous droits réservés.

Box-office :

Sorti en salle le 2 décembre 1987, Noyade interdite devait affronter le succès phénoménal du Dernier empereur en 2e semaine. Le film de Bertolucci assurait encore 167 955 spectateurs sur Paris. Disney lançait pour les Fêtes de Noël sa reprise annuelle, en l’occurrence Les aventures de Bernard et Bianca, qui convolait en 2e place, avec 92 244 spectateurs.

Avec 76 834 spectateurs, le film de Pierre Granier-Deferre et sa pléiade d’actrices réalisait un score digne en 3e place, devant L’Irlandais avec Mickey Rourke (35 884 entrées en première semaine, un échec) et Il est génial papy !, comédie ratée avec Guy Bedos (28 025 dans 29 salles, autre échec). Le film africain Yeelen triomphait en 8e place, avec 24 774 entrées sur un parc réduit de 7 salles. Un triomphe art et essai.

Deux autres échecs suivaient parmi les nouveautés. Vent de panique avec Caroline Cellier et Giraudeau, pensait compter sur sa promo racoleuse et son intrigue un peu mal élevée, mais la comédie a visiblement beaucoup déconcerté  (20 585 entrées dans 33 salles). Rent a cop Assistance à femme en danger, avec Burt Reynolds et la diva dépassée Liza Minnelli, entrait en 14e place, avec 12 681, quand la chanteuse Madonna était, en 3e semaine, encore dans le top 5 avec son tonique Who’s that girl. Les générations parlaient autrement.

En deuxième semaine, Noyade interdite ne tient pas ses promesses, avec une baisse de 43% et seulement 47 261 spectateurs sur la même combinaison de 41 écrans. Le nanar Cannon Les maîtres de l’univers le faisait décliner d’un rang.

La troisième semaine sera tragique avec 23 194 amateurs de romans policiers, dans 29 salles. Yeelen, sur 9 salles, en faisait quasiment autant.

En 4e semaine, le whodunit en est réduit à 12 270 spectateurs dans 12 salles, essentiellement sur l’intra-muros. La 5e semaine sera équivalente en raison d’une absence de nouveautés (10 911).

6 salles pour sa 6e semaine, à 5 526 entrées. 3 095 entrées en 7e semaine, dans 4 salles (George V, Pathé Marignan, Le Galaxie, Parnassiens)… A 179 000 entrées désormais, cette carrière qui perdure donne l’impression que le distributeur essayait coûte que coûte de pousser le Granier-Deferre aux 200 000 entrées.

La noyade aura pourtant finalement lieu en 10e semaine, avec 596 entrées aux Parnassiens pour sa 10e et ultime semaine. Le film s’est arrêté à 182 386 Parisiens. Score très moyen.

Frédéric Mignard

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Noyade interdite, l'affiche

Bande-annonce de Noyade interdite

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