Avec panache, Pascal Thomas nous surprend là où on ne l’attendait pas : Mon petit doigt m’a dit est une comédie policière teintée de fantastique qui fait la part belle à sa cinéphilie.
Synopsis : Prudence Beresford est en ébullition. Alors qu’elle rend visite à une vieille tante par alliance, dans une maison de retraite excentrée, elle se lie d’amitié le temps d’une discussion, avec une singulière pensionnaire aux paroles énigmatiques. Sa disparition, peu après le décès de la tante, va la mener dans un village hors du temps où est enterré un terrible secret prêt à ressurgir.
Pétillante Catherine Frot
Critique : Revoici Catherine Frot en haut de l’affiche dans une comédie policière surprenante réalisée par Pascal Thomas, cinéaste jusqu’ici habitué aux comédies verbales douces amères. Leurs retrouvailles cinématographiques, puisque le duo avait connu un joli succès estival avec La dilettante en 1998, témoigne d’une complicité artistique revigorante. Le cinéaste laisse la malice de Frot se déployer devant sa caméra au fil de dialogues travaillés de manière chirurgicale. Comédie verbale mais jamais verbeuse, le film puise son inspiration dans le texte d’Agatha Christie, parfaitement adapté pour épouser l’univers du terroir de Pascal Thomas.
L’ivresse des mots s’accorde à l’image d’un cadre bucolique, vert et vénéneux, magnifié par une photographie soignée et envoûtante. Le réalisateur a fait mûrir sa caméra pour cerner les besoins d’un genre auquel on ne l’aurait pas forcément associé, exploitant les décors avec une précision qui ne laisse jamais place au hasard. Il s’amuse à mélanger des genres étrangers à son œuvre. Mon petit doigt m’a dit démarre comme une comédie à la Pascal Thomas (une suite à La dilettante ?), mais se poursuit comme un récit policier satisfaisant, pour finalement évoluer vers un fantastique gothique très révélateur de l’amour que porte le cinéaste pour ce type de cinéma.
Mon petit doigt m’a dit… ressuscite la cinéphilie d’hier
Et tandis que l’intrigue suit son cours, les rencontres d’outre-tombe se multiplient et viennent raviver de délicieux souvenirs. Geneviève Bujold, Alexandra Stewart, Valérie Kaprisky, Maurice Risch et Laurent Terzieff, tous exhumés de saisons cinématographiques révolues, contribuent au charme indéniable de ce film intemporel. Décidément, il est bien loin le temps des maladroits Zozos, le premier film du metteur en scène. Plus de trente ans déjà. Pascal Thomas s’assume ici comme cinéphile littéraire, sans honte ni regret. Cela force le respect.
Un gros succès au box-office
Suite au succès de Mon petit doigt m’a dit…, qui a passé cinq semaines au-dessus des 100 000 entrées, grâce à un bouche-à-oreille très positif, Pascal Thomas adaptera L’heure Zéro d’Agatha Christie en 2007, avec cette fois-ci Danielle Darrieux, Chiara Mastroianni, Francois Morel, Melvil Poupaud, et Laura Smet. Le succès sera moindre : un peu plus de 500 000 entrées pour un budget de 8 500 000 euros contre près d’1 300 000 entrées pour Mon petit doigt m’a dit… dont le projet n’avait bénéficié que de 5 200 000 euros pour sa réalisation.
Le couple Prudence et Brélisaire Beresford réapparaîtra à deux reprises au cinéma, dans Le crime est notre affaire en 2008 (1 200 000) et en 2012 pour Associés contre le crime en 2012 (480 000), avec le même duo d’acteurs, Catherine Frot et André Dussollier.