Midnight Express : la critique du film (1978)

Drame, Biopic | 2h01min
Note de la rédaction :
9/10
9
Midnight express, affiche du film d'Alan Parker

  • Réalisateur : Alan Parker
  • Acteurs : Paolo Bonacelli, John Hurt, Brad Davis, Irene Miracle, Bo Hopkins, Randy Quaid, Peter Jeffrey
  • Date de sortie: 13 Sep 1978
  • Nationalité : Américain, Britannique
  • Scénariste : Oliver Stone, d'après le livre de William Hayes et William Hoffer
  • Directeur de la photographie : Michael Seresin
  • Compositeur : Giorgio Moroder
  • Distributeur : Warner Columbia
  • Éditeur vidéo : Gaumont Columbia RCA Vidéo (VHS) / Gaumont Columbia Tri-Star Home Vidéo (DVD) / Sony Pictures (DVD et blu-ray)
  • Sortie vidéo (blu-ray) : 9 septembre 2009
  • Budget : 2,3 M$
  • Box-office USA : 35 M$
  • Box-office France / Paris-périphérie : 5 973 335 entrées / 695 206 entrées
  • Récompenses : - Oscars 1979 : Meilleure musique originale pour Giorgio Moroder / Meilleur scénario adapté pour Oliver Stone - BAFTA Awards 1979 : Meilleur réalisateur pour Alan Parker / Meilleur montage pour Gerry Hambling / Meilleur acteur dans un second rôle pour John Hurt - Golden Globes 1979 : Meilleur film dramatique / Révélation masculine de l'année pour Brad Davis / Révélation féminine de l'année pour Irene Miracle / Meilleur second rôle pour John Hurt / Meilleure musique originale pour Giorgio Moroder / Meilleur scénario pour Oliver Stone
  • Classification : Interdit aux moins de 16 ans
  • Crédits visuels : Columbia Pictures
  • Format : 1.37 : 1 / Son : Mono
Note des spectateurs :

Midnight Express, premier coup d’éclat d’Alan Parker, est un cri de rage déchirant qui n’a jamais fait l’unanimité. A vous de juger.

Synopsis : Billy Hayes est un jeune Américain arrêté et emprisonné pendant quatre ans à Istanbul, pour avoir transporté quelques sachets de haschich. Avec certains de ses compagnons de geôle, il essaye de nombreuses fois de s’évader et subit de nombreux outrages en représailles.

Midnight Express, un film au parfum de scandale diplomatique

Critique : Ce deuxième long métrage du Britannique Alan Parker a créé en son temps une polémique qui lui assura un beau succès auprès du public tandis que de nombreux critiques firent la fine bouche. Ainsi, le script d’Oliver Stone n’a pas fait l’unanimité puisqu’il s’est permis de modifier sensiblement l’histoire vraie de Billy Hayes, jeune Américain détenu durant plusieurs années dans les prisons turques avant qu’il ne parvienne à s’évader, afin de donner plus de poids à sa charge contre les autorités locales.

Ces dernières ont d’ailleurs vivement protesté devant les déclarations de haine du personnage principal envers ce peuple d’Asie mineure, ce qui accrédita l’idée que le film était raciste. Si l’on ne peut nier la présence de dialogues franchement virulents, on peut toujours arguer du fait qu’ils représentent davantage les positions politiques du personnage que celles des auteurs – Alan Parker ayant depuis largement montré qu’il n’était pas un fasciste, loin de là. De plus, même si les prisons turques sont décrites de manière sordide, on peut légitimement penser que la réalité de l’époque n’était pas très éloignée de ce qui est montré dans le film.

Un script extrême pour un résultat ultra-violent

Le script confié au jeune Oliver Stone se base exclusivement sur le témoignage de Billy Hayes, tout en le modifiant considérablement. Pour le scénariste, il s’agit donc d’une commande initiée par le producteur Peter Gruber qui a acheté les droits d’adaptation des souvenirs de Hayes. A partir de là, le producteur britannique David Puttnam et le réalisateur Alan Parker entrent dans la danse. Ce dernier est totalement convaincu par le script de Stone, même s’il choisit d’en supprimer la fin qui relatait avec précision l’échappée de Billy Hayes à travers la Turquie.

Alors que le studio Columbia envisageait de confier le rôle principal à Richard Gere, Alan Parker a préféré opter pour un visage moins connu du grand public, uniquement aperçu dans quelques séries télévisées, à savoir Brad Davis. Pari tenu haut la main puisque le réalisateur a pu ainsi rendre l’acteur malléable, et lui faire accepter des séquences difficiles – impliquant des sévices physiques ou encore des séquences à caractère homosexuel, seuls véritables moments de tendresse d’un film extrêmement violent et choquant.

Midnight Express, DVD 30e anniversaie

© Columbia TriStar

Midnight Express anticipe la révolution esthétique des années 80

Le parfum de scandale étant aujourd’hui un peu dissipé, Midnight Express (1978) reste une œuvre d’une rare puissance visuelle, préfigurant les évolutions esthétiques des années 80. Dotée d’une magnifique photographie de Michael Seresin, très critiquée à l’époque pour son aspect publicitaire, et d’une sensationnelle musique électronique de Giorgio Moroder, cette descente aux enfers d’un être humain qui régresse à l’état de bête humaine est d’une violence physique et psychologique encore intacte de nos jours.

N’hésitant devant aucune outrance, Alan Parker se complaît à filmer la crasse, le délabrement et signe de nombreuses séquences d’anthologie comme celle de la vengeance de Billy Hayes contre un détenu qui balance ses camarades. La scène où le protagoniste principal arrache avec ses dents l’oreille de son comparse reste ancrée dans toutes les mémoires. Elle est aussi pour beaucoup dans la détestation d’une partie de la critique, car elle instaure une dimension cathartique qui peut, en fonction du regard que l’on porte, soit condamner ou au contraire valoriser la violence brutale. Elle est de toute façon d’une sacrée ambiguïté.

Un triomphe au box-office mondial

Film événement présenté au Festival de Cannes en 1978, avec des avis très partagés de la part de la critique qui y a vu une œuvre aux relents fascistes, Midnight Express a ensuite connu une incroyable carrière commerciale, avec plus de 35 millions de dollars de recettes en Amérique du Nord pour un budget initial de 2,3 millions de billets verts. En France, le long-métrage est d’ailleurs sorti avec une lourde interdiction aux moins de 18 ans. Cela ne l’a pourtant pas empêché de devenir un impressionnant triomphe lui permettant d’accéder à la première place du classement annuel avec 5,9 millions de spectateurs conquis.

De nombreuses récompenses

Les récompenses sont arrivées en 1979 avec l’obtention de trois BAFTA (dont celui de meilleur réalisateur pour Alan Parker), de six Golden Globes (dont celui de meilleur film) et de deux Oscars pour le scénario d’Oliver Stone et la musique de Giorgio Moroder. On notera à propos de la splendide musique électronique de Moroder qu’elle fut la première composition synthétique à être nommée dans des cérémonies prestigieuses et que cette bande originale est restée longtemps parmi les plus vendues de l’histoire.

Premier chef-d’œuvre d’Alan Parker, Midnight Express ne laisse personne indifférent et le spectateur sort de la projection profondément irrité ou fasciné par la diabolique efficacité d’un métrage excessif en tout point. Un électrochoc.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 13 septembre 1978

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Midnight express, affiche du film d'Alan Parker

© Columbia Pictures. Tous droits réservés

Box-office :

Sorti le 13 septembre 1978, Midnight Express n’avait rien d’un pari gagnant. Sa première exploitation fut juste convenable. Interdit aux moins de 18 ans, seulement à l’affiche de 18 salles sur Paris-intra-muros pour son lancement, le drame prenant devait surtout affronter le lancement phénoménal de Grease en pleine Travolta-mania. Ce dernier battait tous les records en terme de merchandising et de marketing et profitait de 25 cinémas sur Paris-périphérie et de toutes les attentions.

En première semaine, sur l’intra-muros, Midnight Express oppresse les spectateurs au Gaumont Ambassade, au George V, à l’ABC, au St-Germain Studio, à l’UGC Odéon, au Montparnasse 83, au Wepler Pathé, au Français, au Victor Hugo Pathé, aux Gaumont Convention et Gambetta. Alan Parker attire 43 294 spectateurs et entre en 3e place hebdomadaire loin des 154 922 fans de la nouvelle idole des jeunes, et se si situe même derrière Je suis timide mais je me soigne qui en est à sa 4e semaine.

Midnight Express, le film phénomène qui resta plus de 7 ans à l’affiche

La semaine était d’autant plus chargée que le thriller carcéral devait affronter d’autres grosses nouveautés : Fedora de Billy Wilder (19 écrans) et L’inévitable catastrophe et ses abeilles tueuses, qui grouillaient dans 16 cinémas. Sans oublier Les gladiateurs de l’an 3000, qui bénéficiait de 23 écrans, dont le Max Linder !

En deuxième semaine, les mésaventures de Brad Davis dans les geôles turques se maintiennent avec 45 593 entrées sur les mêmes 18 sites, mais il s’empare de la deuxième place du B.O. parisien . C’est durant cette seconde semaine qu’il trouve sa place dans les cinémas de province qui, comme toujours à cette époque, avaient un temps de retard, par rapport à la sortie parisienne.

En 3e semaine, Midnight Express semble s’essouffler (6e place, 37 430 spectateurs). En 4e, il convainc seulement 30 695 franciliens… En fait, il restera ainsi 22 semaines à l’affiche, avant de trépasser (provisoirement) à 305 619 spectateurs, à l’issue de sa 22e semaine francilienne, dans les cinémas le Marbeuf et le Gaîté Rochechouart.

Mais la carrière de Midnight Express, portée par la musique de Moroder, revient en salle durant l’été de l’année suivante, en 1979. Le miracle survient. Midnight Express ressort dans les cinémas français en mai 1979 et va réunir jusqu’à 40 000 entrées à la fin de l’été, sur Paris. Pas grand-chose ? Oui, mais non. Distribué par Warner-Columbia, Midnight Express traversera la France pendant de nombreuses années et sur la capitale, à raison d’un ou deux écrans par semaine, A la fin de l’année 1980, au seul Capri, il draine encore 2 000 spectateurs pour une reprise qui totalise 120 000 spectateurs en un an et demi.

Cover, jaquette VHS Midnight Express

© Columbia Pictures. Tous droits réservés

A la fin de l’année 1981, il est encore installé dans environ 3 cinémas intra-muros et dépasse les 5 000 clients.

A la fin de l’année 1982, il est toujours présent au Capri et, pour 189e semaine depuis sa reprise, affronte 2 022 gardiens de taule au Capri, pour un total reprise de 513 130.

Malgré la sortie en VHS, en 1982 chez Columbia Films, Midnight Express réalise une carrière record sur la durée. De la graine de film culte, de l’engeance indéracinable… Un monstre.

Fin 1983, le Capri sur Paris le diffuse toujours 1 511 spectateurs et un total de 588 991.

A la fin 1984, toujours solide au Capri, le classique désormais intemporel d’Alan Parker brûle encore de tous ses feux (1 027 entrées) pour un total gonflé de 649 741 prévenus…

1985. Fin d’année, rien ne change, le Capri accueille toujours Midnight Express, désormais à 617 spectateurs. Durant l’année, il aura encore grappillé 30 000 fans hardcore.

Il finira sa carrière en France près des 6 millions d’entrées, devenant le plus grand succès d’Alan Parker sur notre territoire.

Box-office de Frédéric Mignard

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Midnight express, affiche du film d'Alan Parker

Bande-annonce de Midnight Express (VO)

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