L’homme du Kentucky est un divertissement familial charmant de bout en bout, mais tellement anecdotique qu’on se demande encore pourquoi Burt Lancaster s’est engagé jusqu’à en faire sa première réalisation.
Synospsis : 1820. Pour échapper à la violence des frères Fromes, Eli Wakefield, un fermier du Kentucky, cherche à s’installer avec son fils au Texas. Alors qu’il tente de reconstruire sa vie aux côtés de son frère Zack et de la jolie Suzie, le spectre de la violence ressurgit.
L’acteur star Burt Lancaster devient réalisateur
Critique : Alors au sommet de sa carrière d’acteur après avoir enchaîné des films aussi importants que Le corsaire rouge (1952), Tant qu’il y aura des hommes (1953), Bronco Apache (1954) et Vera Cruz (1954), Burt Lancaster n’est pas seulement une star aux ordres des studios puisqu’il est également devenu un heureux producteur à travers sa société Hecht-Lancaster Productions. Son ambition l’a même poussé à diriger quelques scènes du Roi des îles (1954) à la place du réalisateur officiel Byron Haskin. De quoi lui donner envie de se consacrer entièrement à la réalisation d’un long-métrage. De manière assez inattendue, Lancaster choisit d’adapter à l’écran un roman familial intitulé The Gabriel Horn de Felix Holt qui tranche sérieusement avec les œuvres violentes dans lesquelles il est apparu jusqu’alors. Ici, les enjeux narratifs tournent uniquement autour d’un père et de son jeune fils, deux chasseurs en partance pour le Texas qui font halte dans une bourgade près du fleuve Tennessee. Une série d’événements font douter le chasseur du bien-fondé de sa démarche, tandis que son gamin s’arc-boute sur l’idée de partir à l’aventure avec son père.
L’homme du Kentucky, spectacle familial avant tout
Les développements scénaristiques sont loin d’être passionnants dans ce spectacle à vocation familiale. Les deux protagonistes sont accompagnés par un chien fidèle et même les méchants qui se dressent sur leur route ne semblent pas représenter une terrible menace – si l’on excepte l’excellent duel au fouet entre Lancaster et Walter Matthau dont ce fut le premier rôle à l’écran. Très proche par l’esprit des divertissements télévisés familiaux comme La petite maison dans la prairie ou Rintintin, L’homme du Kentucky n’évite donc pas une certaine mièvrerie dans le ton, ce qui freine obligatoirement l’enthousiasme des amateurs de westerns plus sérieux.
Toutefois, il serait injuste de rejeter en bloc cet humble divertissement qui n’est pas sans charme. Tout d’abord, le cinéaste se révèle tout à fait capable de sublimer la beauté des grands espaces américains, ici dans un cadre plus bucolique et forestier que d’habitude. Les notations sur l’inculture crasse des habitants de la région sont plutôt touchantes et expliquent pour beaucoup la naïveté de certaines attitudes. Enfin, la musique de Bernard Herrmann sait s’insinuer dans l’action avec beaucoup de charme.
Sans doute trop anecdotique pour durablement marquer les esprits, L’homme du Kentucky a été un échec critique cuisant lors de sa sortie, au point que Burt Lancaster abandonne la réalisation durant une vingtaine d’années (il a signé au début des années 70 Le flic se rebiffe à la réputation peu élogieuse). On est effectivement en droit de se demander pourquoi passer derrière la caméra pour illustrer un script aussi moyen ?
Critique de Virgile Dumez
Où voir L’homme du Kentucky à Paris en 1955?
Sorti le vendredi 16 décembre 1955, L’homme du Kentucky a été un joli succès en France avec pas moins d’1 572 000 entrées à l’issue de différentes exploitations.
Pour sa toute première exploitation, la première réalisation de Burt Lancaster entre en deuxième place du box-office hebdomadaire avec 53 783 spectateurs dans les quatre cinémas le diffusant, à savoir, le Triomphe, le Parisiana, le Lynx et l’Eldorado. Il n’arrive toutefois pas à détrôner Les carnets du Major Thompson, alors en 2e semaine, qui dispose de salles plus prestigieuses (59 967 entrées).