L’heure zéro : la critique du film (2007)

Comédie policière | 1h47min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
L'heure zéro de Pascal Thomas, affiche du film

  • Réalisateur : Pascal Thomas
  • Acteurs : Melvil Poupaud, Danielle Darrieux, Chiara Mastroianni, Dominique Reymond, Laura Smet, Hervé Pierre, Alessandra Martines, Clément Thomas, Jacques Sereys
  • Date de sortie: 31 Oct 2007
  • Année de production : 2007
  • Nationalité : Français
  • Titre original : L'heure zéro
  • Titres alternatifs : Towards zéro (International), Ora miden (Grèce), Godzina zero (Pologne), Se cauta un suspect (Roumanie)
  • Scénaristes : Clémence de Biéville, François Caviglioli, Roland Duval, Nathalie Lafaurie
  • D'après le roman de : Agatha Christie, "L'heure zéro"
  • Directeur de la photographie : Renan Pollès
  • Monteurs : Catherine Dubeau, Elena Mano
  • Compositeur : Reinhardt Wagner
  • Producteur : Hubert Watrinet
  • Sociétés de production : Les Films Français
  • Distributeur : StudioCanal
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : StudioCanal (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 6 mai 2008 (DVD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 511 519 entrées / 162 332 entrées
  • Box-office nord américain / monde :
  • Budget : 8 560 000 euros
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (35mm) / Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : French Film Festival (Royaume-Uni, 2008) Cinema St. Louis French Film Festival (USA, 2009)
  • Illustrateur / Création graphique : © Le Cercle Noir pour Silenzio © Photos : Hassen Brahiti. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Les Films Français, StudioCanal, France 2 Cinéma. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

L’heure zéro (Towards Zero, dans sa langue d’origine) est une nouvelle adaptation d’Agatha Christie par le réalisateur de Mon petit doigt m’a dit. Truculente et drôle, une réussite de chaque instant qui impose le talent de Pascal Thomas parmi les plus raffinés du cinéma français.

Synopsis : Quelle drôle d’idée a eue Guillaume Neuville de rassembler pour des vacances de fin d’été à la Pointe aux Mouettes, chez sa tante la riche Camilla Tressilian, son ex-épouse Aude et la nouvelle tenante du titre, l’explosive Caroline, sous prétexte d’en faire des amies…

C’est de l’inconscience pour ne pas dire plus car il n’a quand même pas la naïveté de croire qu’elles vont tomber dans les bras l’une de l’autre.
Si ces deux femmes que tout oppose ne se sont pas encore écharpées, c’est qu’elles se retiennent. Pour l’instant. Les vertus calmantes de l’air marin et de la côte Bretonne, sans doute…. Mais les choses n’en resteront pas là.
Deux Madame Neuville sous le même toit, c’est une de trop.
D’autant que l’Heure Zéro arrive : celle où tout converge pour que le crime parfait soit exécuté dans ses moindres détails…
Réticente à l’idée de recevoir sous son toit les deux épouses Neuville, Mme Tressilian finit par s’y résoudre. Elle sait qu’on ne peut rien contre l’évolution des mœurs.

Cette veuve de magistrat a d’ailleurs l’esprit libre et caustique, cette brusquerie moqueuse que l’on rencontre souvent chez les dames qui ont de l’expérience. Elle est partagée entre son affection pour Guillaume Neuville, qu’elle a élevé comme son fils, et la tendresse qu’elle porte à Aude, une jeune femme sensible qui ne laisse rien paraître de ses sentiments et de ses émotions.

Cette étrange réunion de famille tourne à la tragédie, lorsque l’on trouve un beau matin Mme Tressilian assassinée dans son lit, le crâne fracassé.
Ce crime angoissant baigne dans une atmosphère envoûtante. Il a été conçu et préparé de longue date par un assassin qui a mis son intelligence au service de sa perversité et de sa folie. Mais il était aussi inscrit dans le destin de tous ces personnages rassemblés dans une vieille maison battue par les embruns.
Dans celui de Thomas, le baroudeur, que ses voyages n’ont pas guéri d’une ancienne blessure d’amour, dans celui d’Aude et de Caroline, aussi dissemblables que l’eau et le feu, mais condamnées à être toutes les deux le jouet d’une volonté maléfique et dans celui de Marie-Adeline, nièce de Madame Tressilian qui a accepté d’être sa dame de compagnie.

Le Commissaire Martin Bataille, l’enquêteur chargé de l’affaire, se retrouve lui-même projeté par un hasard sournois dans cette enquête aux rebondissements dramatiques qui ébranlent ses certitudes de policier et le confrontent à la fragilité humaine.

Critique : En 2004, Pascal Thomas, chantre de la comédie champêtre, s’était refait une santé en adaptant Agatha Christie avec le truculent Mon petit doigt m’a dit... Un petit flop plus tard (on oubliera vite son Grand appartement), il revient au roman policier britannique avec une mise en image raffinée et subtile du méconnu L’heure zéro de l’intemporelle romancière.

Pascal Thomas, prisonnier des rouages du succès ? Pas forcément.

Inspiré par le matériau d’origine qu’il décide de sublimer à l’écran par une réalisation brillante comme on en voit peu de par chez nous, le réalisateur s’applique. Le travail d’adaptation de ses quatre scénaristes étant remarquable – dans l’écriture fine et le langage harmonieusement littéraire et cinématographique -, le cinéaste n’a qu’à se laisser aller aux vertiges de la mise en scène. Et il le fait avec un plaisir non dissimulé.

Pascal Thomas s’amuse à mettre en place l’intrigue particulièrement machiavélique et captivante au cœur d’un décor élégant et baroque (un manoir érigé au sommet d’une falaise battue par les vents). Il berce les images d’une photographie toujours soignée mettant en exergue les détails profus qui servent tant à la construction des enquêtes chez Christie. Ne laissant rien au hasard, comme un assassin méticuleux, il manipule comme un maître ses personnages, des pions mortifères emprisonnés dans leur caste. Il les met en scène avec un talent visuel imparable, jouant des lumières et des mouvements de caméra pour établir leurs personnalités diablement fortes.

Les whodunits et autres histoires de détectives sur CinéDweller

La direction des comédiens est à l’image de sa technique, immaculée, et affirme la bonhomie du metteur en scène. Pascal Thomas, jadis réalisateur des Zozos, relate certes une histoire des plus sombres, mais toujours en s’amusant, notamment dans sa présentation des personnages : l’hystérie de Laura Smet, furie lâchée chez les bourges, la bienséance hautaine de Danielle Darrieux aux piques acérées, la nonchalance irritante de Melvil Poupaud, les activités paillardes des domestiques… Cela n’empêche pas pour autant le cinéaste de revendiquer une poésie de l’individu au sein d’un décor tarabiscoté qui le dévore : Danielle Darrieux en momie emprisonnée dans son manoir, la mélancolie de Chiara Mastroianni, figure spectrale opportune dans ces paysages bretons désolés…

L’heure zéro, un succès?

Pascal Thomas dépeint des personnages aux convenances hors du temps, dans un décor, lui, daté, qu’il parsème de détails anachroniques (une canette de Coca par-ci, un téléphone portable par-là). Autant de troubles dans une investigation où les coupables et victimes potentiels sont disposés pour le plus grand plaisir de nos mirettes d’apprentis détectives. Bref, un Whodunit à la française, qui, même s’il sent un peu la naphtaline, s’avère être un spectacle assez jubilatoire.

Ecarté des César, L’heure zéro n’a pas vraiment percé au box-office. Son budget de 8 500 000€ n’a pas été rentabilisé à l’issue de sa carrière salle plutôt courte sur une dizaine de semaines. Son démarrage à 240 000 spectateurs dans 242 cinémas a fait illusion. Mais en passant à 325 écrans pour son 2e tour, la comédie policière est surtout tombée à 136 430 spectateurs, et la chute l’a menée à 69 678 détectives en 3e semaine. Le gadin demeurera conséquent de semaine en semaine.

Frédéric Mignard

Agatha Christie sur CinéDweller

Sorties de la semaine du 31 octobre 2007

L'heure zéro de Pascal Thomas, affiche du film

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