Les week-ends maléfiques du comte Zaroff : critique et test blu-ray (1975)

Epouvante-horreur, Erotique | 1h25min
Note de la rédaction :
4,5/10
4,5
Les Week-ends du Comte Zaroff, film

  • Réalisateur : Michel Lemoine
  • Acteurs : Howard Vernon, Michel Lemoine, Joëlle Cœur, Nathalie Zeiger
  • Date de sortie: 16 Juil 1975
  • Nationalité : Français
  • Titres alternatifs : Sept femmes pour un sadique
  • Année de production : 1974
  • Scénariste(s) : Michel Lemoine
  • Directeur de la photographie : Philippe Théaudière
  • Compositeur : Guy Bonnet
  • Société(s) de production : Les Productions du Daunou, Les Réalisations Michel Lemoine
  • Distributeur (1e sortie) : Le film a été interdit de diffusion. Seuls quelques cinémas de province semblent l'avoir projeté.
  • Éditeur(s) vidéo : Arena (VHS) / Spectrum Polymedia - Polygram (VHS) / Le Chat qui fume (blu-ray / Ultra HD)
  • Date de sortie vidéo : Août 2020 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Classification : Interdit en France (VHS, Interdit aux moins de 18 ans)
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Prix de la meilleure photographie au festival de Sitges 1977 pour Philippe Théaudière
  • Illustrateur / Création graphique : Frédéric Domont (jaquette blu-ray)
  • Crédits : © 2020 Le Chat qui fume - Stéphane Bouyer
Note des spectateurs :

Les films dingues des années 70

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Pur film d’exploitation mêlant horreur et érotisme, Les week-ends maléfiques du comte Zaroff est un vilain petit canard boiteux au sein de la production française des années 70. Son ambiance malsaine et ses excès lui confèrent une aura bis qui ravira les amateurs de films dingues et foutraques.

Synopsis : D’apparence affable, Boris Zaroff est un homme d’affaires passablement tourmenté, héritier d’une lignée d’aristocrates décadents. Zaroff vit dans le domaine ancestral en compagnie de son fidèle majordome, Karl. Lié par un pacte, le serviteur joue les rabatteurs pour son maître, ramenant de magnifiques jeunes femmes au château. Celles-ci seront bientôt les victimes des pulsions sadiques de Zaroff.

Un film d’horreur français à tout petit budget

Critique : Peu nombreux sont les cinéastes français à tenter d’arpenter les terres du cinéma fantastique et horrifique. Pour un Jean Cocteau qui a tourné des œuvres magiques à l’alibi poétique, combien d’obscures tentatives qui ont attiré la raillerie systématique des critiques dits sérieux ? Au début des années 70, ils sont quelques-uns à ouvrir une brèche vers le cinéma d’exploitation. Parmi eux, on compte bien entendu Jean Rollin, ou bien encore Claude Mulot, mais ces artistes ont toujours été relégués à la marge du cinéma national, comme marqués au fer rouge par leurs expériences plus ou moins abouties.

Les week-ends maléfiques du comte Zaroff, photo d'exploitation 1

© 2020 Le Chat qui fume. Tous droits réservés.

L’acteur Michel Lemoine se lance également dans l’aventure au milieu de l’année 1974. Lui qui a fréquemment collaboré avec José Benazeraf ou encore Jesús Franco est passé à la réalisation au début de la décennie 70 avec plusieurs petits films érotiques dont le plus célèbre à ce jour reste Les petites saintes y touchent (1974), produit par Denise Petitdidier. Celle-ci accepte de mettre quelques deniers supplémentaires dans la conception d’un film d’horreur à tout petit budget. L’occasion pour Michel Lemoine de clamer son amour pour le cinéma fantastique, tout en conservant ses obsessions, notamment à propos des complexes relations entre hommes et femmes.

Un comte Zaroff fauché et chaotique

Lemoine rédige donc un script qui traque dans le présent les méfaits du descendant du comte Zaroff, antihéros diabolique mis en scène par Schoedsack et Pichel dans La chasse du comte Zaroff, classique américain de 1932. Toutefois, au lieu de mettre en scène une habituelle chasse à l’homme, Lemoine préfère organiser une chasse aux femmes, victimes d’un véritable maniaque sexuel. Par amour pour un cinéma d’exploitation qu’il adore, Michel Lemoine livre avec Les week-ends maléfiques du comte Zaroff (1975) une assez hallucinante synthèse entre film d’épouvante gothique à l’anglaise et érotisme bien français.

Les week-ends maléfiques du comte Zaroff, photo d'exploitation 2

© 2020 Le Chat qui fume. Tous droits réservés.

Tourné en moins de quinze jours, le long-métrage est bien loin d’être parfait et est souvent décrit comme un nanar. Nous sommes objectivement d’accord avec cette idée, mais nous tenterons pourtant d’aller plus loin que cette simple évidence. Oui, Zaroff est une œuvre faite de bric et de broc, dotée d’un scénario incohérent. Oui, le spectateur aura bien du mal à saisir les motivations des différents personnages et ne comprendra pas nécessairement les retournements de situation qui interviennent dans son dernier quart. Oui, les acteurs ne sont pas tous bons et certains dialogues sont risibles. Nous ne pouvons nier cette évidence.

Un film dingue qui suscite le malaise avec un talent certain

Pourtant, il se dégage de cette bande foutraque un charme que ne pourront comprendre que les amoureux hardcore du cinéma bis, ainsi que les défenseurs de l’œuvre brinquebalante de Jesús Franco. Outre la présence du fidèle Howard Vernon, on pense effectivement beaucoup au cinéaste ibérique durant la projection. Michel Lemoine reprend notamment son usage parfois immodéré du grand angle et son goût pour les ambiances torves et perverses.

Ainsi, il se dégage de ces Week-ends maléfiques du comte Zaroff une folie qui contamine le spectateur et rend la projection hallucinatoire. Avec son montage heurté et ses incohérences manifestes, le film atteint par moments le statut de grand film psychédélique, traversé par des éclairs de violence dont on se souviendra longtemps. Par son jeu intense, Michel Lemoine crée ainsi un personnage dérangeant, capable d’aimer à la folie un fantôme, tout en massacrant de la pire des manières de jolies poupées bien vivantes. Le film n’est assurément pas #MeToo compatible et devrait choquer bon nombre de personnes par son caractère obsessionnel. Pourtant, il entre avec une certaine maestria dans la psyché dérangée d’un monstre sexuel.

Une ambiance perverse proche des films de Jesús Franco

Grâce à une jolie photographie de Philippe Théaudière, une musique agréable de Guy Bonnet et de superbes décors, Les week-ends maléfiques du comte Zaroff parvient à séduire, par-delà ses nombreux défauts. Pour les amateurs d’horreur, il propose également une mise à mort particulièrement perverse d’un jeune couple sur une table de torture. Efficacité garantie.

De quoi passer outre ses nombreuses errances narratives déjà évoquées précédemment et faire de la projection un moment enthousiasmant devant l’un de ces films dingues des années 70 que nous chérissons tant ici.

Les week-ends maléfiques du comte Zaroff, photo d'exploitation 3

© 2020 Le Chat qui fume. Tous droits réservés.

Le long-métrage, malgré un prix glané au festival de Sitges, a malheureusement été sanctionné par la censure en ces termes :  “Ce film présente, sous couvert d’un appel à l’étrange et au surréel, une panoplie complète de moments de sadisme, de cruauté, d’érotisme voire de nécrophilie qui ne sont tempérés ni par la moindre poésie, ni par l’humour. Il ne saurait être vu que par des adultes.”

Une rareté sanctionnée par la censure

Selon le site Encyclociné, le film serait apparemment sorti dans quelques cinémas de province au cours de l’été 1975 sans qu’il nous soit possible de vérifier cette information. Il fut en tout cas exploité par la suite en VHS sous le titre opportuniste Sept femmes pour un sadique. Il nous revient aujourd’hui dans une copie splendidement restaurée par Le Chat qui fume. L’occasion de constater par vous-mêmes si le charme de ces productions marginales foutraques agit sur vous.

Le test du blu-ray Ultra-HD :

Les week-ends du comte Zaroff, jaquette

© 2020 Le Chat qui fume / Conception graphique : Frédéric Domont. Tous droits réservés.

Les week-ends du comte Zaroff intègre la prestigieuse collection ultra-HD du Chat qui fume. A saisir d’urgence. Le test a été réalisé à partir de l’édition définitive.

Compléments & packaging : 5 / 5

Les habitués du matou fumant savent que le produit est toujours très soigné dans son packaging, avec un joli visuel et un volet intérieur qui nous propose deux photos du film. C’est classe et on aime cette présentation. A l’intérieur du fourreau se trouve un blu-ray ultra HD qui contient le film et le commentaire audio, ainsi qu’un blu-ray simple avec le film et tous les bonus.

Nous commençons ce long périple par un commentaire audio passionnant où l’éditeur Stéphane Bouyer interroge l’acteur et assistant Robert de Laroche. Ce dernier multiplie les anecdotes savoureuses, tandis que Stéphane Bouyer précise les nombreuses difficultés rencontrées lors de la restauration de l’image, ainsi que les choix opérés pour fournir le meilleur rendu possible.

Deux entretiens passionnants

On adore ensuite l’entretien de 41min avec Michel Lemoine, interrogé au milieu des années 90 sur l’ensemble de sa carrière. L’homme apparaît éminemment sympathique et d’une réelle élégance. Il évoque chaque étape de sa carrière avec beaucoup de tact et de déférence envers des auteurs généralement conspués par les critiques. Il dit notamment beaucoup de bien de Mario Bava, Jess Franco, José Benazeraf et Max Pécas. On sent que l’homme aime vraiment profondément ce cinéma d’exploitation, marginalisé par la bonne société.

Autre témoignage précieux, Robert de Laroche revient pour un entretien de 58 minutes où il répète parfois certains éléments du commentaire audio, mais apporte aussi d’autres informations sur sa propre carrière. L’homme est disert et respectueux de tous les intervenants de l’époque (sauf la productrice qu’il étrille à plusieurs reprises).

Non content d’avoir restauré magnifiquement le film, l’éditeur a également récupéré des scènes inédites (18min) dont certaines sont de bonne tenue et présentées dans des copies très correctes. Pour les pointilleux, il propose aussi des chutes de tournage (7min) et de montage (2min), moins passionnantes, mais essentielles pour les amoureux de l’œuvre.

On valide également sans réserves la présence du documentaire Paris ciné bis (21min) qui revient sur les multiples salles de quartier irriguant les coins les plus populaires de la capitale dans les années 70-80 jusqu’à leur disparition progressive au cours des années 90-2000. Enfin, l’éditeur propose aussi deux courts-métrages tournés par Robert de Laroche au début des années 70.

L’image du blu-ray UHD : 4 / 5

Il faut signaler l’excellence du travail fourni sur cette restauration maison au format 4K. L’image n’est certes pas toujours impeccable, mais on suppose que le matériel d’origine devait être bien abîmé. Il s’agit donc bien d’une vraie résurrection pour cette œuvre rare dont on peut savourer désormais les couleurs resplendissantes (le boa bleu, les alentours verdoyants du château etc…). La précision est inégale en fonction des plans et certaines impuretés demeurent, mais l’ensemble est d’excellente tenue et constitue donc un petit miracle de restauration pour pareille œuvre.

Le son du blu-ray UHD : 4 / 5

L’éditeur propose deux pistes audio en DTS-HD MA 2.0. Nous avons testé la piste française qui est plutôt claire et limpide au niveau des dialogues. La musique est également bien mise en valeur et ne sature jamais pour un confort d’écoute général très satisfaisant. Nous n’avons pas testé la piste anglaise, mais sa présence est essentielle puisque le long-métrage s’avère plus populaire à l’étranger que chez nous.

Critique et test blu-ray de Virgile Dumez

Sorties de la semaine du 16 juillet 1975

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Les week-ends du comte Zaroff, jaquette détail

© 2020 Le Chat qui fume / Conception graphique : Frédéric Domont. Tous droits réservés.

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Les Week-ends du Comte Zaroff, film

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