Les immortels est un spectacle époustouflant de beauté à classer parmi les grands trips esthétiques de l’année 2011.
Synopsis : Les armées du roi Hypérion ravagent la Grèce, détruisant chaque village sur leur passage. Le roi sanguinaire ne laissera personne l’empêcher d’atteindre son but : libérer le pouvoir des Titans endormis afin d’anéantir les dieux de l’Olympe et l’humanité tout entière.
Rien ni personne ne semble pouvoir arrêter la folie destructrice d’Hypérion, jusqu’à ce qu’un jeune tailleur de pierre, Thésée, jure de venger sa mère tuée par ses soldats…
Lorsque le jeune homme rencontre Phèdre, l’oracle, celle-ci est assaillie de troublantes visions. La jeune femme est désormais convaincue que Thésée est le seul qui pourra arrêter la destruction. Avec l’aide de Phèdre, Thésée rassemble une petite troupe de fidèles, et part affronter son destin dans une lutte désespérée pour préserver l’avenir de l’humanité.
2011 : l’année esthétique
Critique : Après Tron l’héritage, Sucker Punch et Hanna, voici un nouveau jalon dans la splendeur visuelle, l’excellence technologique et la vision folle d’un cinéaste qui n’est pas là pour satisfaire les exigences commerciales du blockbuster qu’il réalise. Les mauvaises langues ont forcément sorti les crocs, éructant que trop d’efforts esthétiques tue toute la cinématographie de l’œuvre, mais sont-ils totalement crédibles après avoir défendu le fascinant Drive qui, un mois auparavant, faisait montre du même goût prononcé pour les plans audacieux, les tours de force techniques ou encore la photographie léchée au détriment d’une psychologie réduite à son strict minimum ?
© 2011 Relativity Media Tous droits réservés
Tous les titres cités ci-dessus, distribués en 2011, sont des trips, des œuvres sommes dans leurs genres bien distincts, et finalement d’authentiques films d’auteur, retranscrivant scrupuleusement une approche artistique personnelle. Les Immortels de Tarsem Singh se range immédiatement, encore une fois dans son genre à lui, bien bourrin, qui est celui du combat de guerrier épique, du côté de ces perceptions sans concession d’un cinéma visuel. L’image s’y révèle dans tout ce qu’elle a de plus pensée ; elle est élevée avec intransigeance au rang d’objet d’art, frôlant la boursouflure, la complaisance et sûrement la prétention.
Tarsem Singh, que l’on avait adoré suivre dans le tortueux thriller The Cell, mais beaucoup moins dans le picaresque The Fall, est avant tout un artiste. Il a beau vendre des marques de sport dans des pubs diverses, ou de la musique calibrée pour la radio dans des vidéo-clips, le réalisateur déploie avant tout une vision à l’écran et il s’en donne les moyens, tout en étant conscient que son style gonflé (boursoufflé ?) ne peut faire l’unanimité et qu’il irritera autant qu’il sera contemplé pour la beauté intrinsèque de ses plans, à percevoir ou non comme pure vacuité.
Au-delà de l’action, la virtuosité d’un style
Avec Les Immortels, Tarsem Singh va encore plus loin dans la magnificence visuelle, osant systématiquement la composition de plans qui convient la comparaison à l’art pictural. Rien n’est jamais cadré simplement, débordant à chaque effort des vulgaires conventions pour rejoindre l’étrangeté. La production épique et mythologique dépasse ainsi les simples obligations d’efficacité, tenue par des séquences grandioses (la plus impressionnante étant, évidemment la fin et ses combats de Titans) ; elle transcende les canons du genre, pour offrir cet énorme plus artistique qui lui permet de sortir du tout-venant du blockbuster américain.
Des décors sublimes, l’on sent poindre parfois un malaise, celui du vertige. Il en nourrit le suspense du film, toute sa violence et sa fureur tenace.
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Sans effort psychologique (Henry Cavill en Thésée assoiffé de vengeance, et Mickey Rourke en Hypérion, ont suffisamment de hargne, de fureur et de muscles pour nous faire accepter leur présentation basique), ni surprise scénaristique (point de retournements de situation improbables à déplorer, mais tout de même une belle déclinaison du mythe du Minotaure), Les Immortels parvient à être remarquable et à imprégner l’esprit longtemps après sa découverte pour peu que l’on soit ouvert à ce type de divertissement guerrier.
Les immortels, un échec prévisible au box-office
Dans un genre comparable, Immortals enterre 300, en ne s’égarant pas dans des sous-textes fumeux, et atomise Le Choc des Titans, par son refus du manque d’incarnation… Bref, un bijou clinquant mais fascinant, qui excite les sens en offrant un spectacle XXL et en 3D pour écrans larges, gorgé d’action et d’émotions esthétiques. Evidemment l’échec mondial du film au box-office nous a privé d’une suite. Mais c’était couru d’avance.
Les sorties de la semaine du 23 novembre 2011
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