Légionnaire : la critique du film (1999)

Action, Aventures | 1h39min
Note de la rédaction :
3,5/10
3,5

  • Réalisateur : Peter MacDonald
  • Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Steven Berkoff, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Nicholas Farrell, Jim Carter
  • Date de sortie: 05 Mai 1999
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Legionnaire
  • Année de production : 1998
  • Scénariste(s) : Sheldon Lettich, Jean-Claude Van Damme, Rebecca Morrison
  • Directeur de la photographie : Douglas Milsome
  • Compositeur : John Altman
  • Société(s) de production : Edward R. Pressman Film, Long Road Productions, Quadra Entertainment
  • Distributeur (1ère sortie) : Metropolitan FilmExport
  • Éditeur(s) vidéo : TF1 Vidéo / Metropolitan Vidéo (VHS et DVD)
  • Date de sortie vidéo : 19 avril 2000
  • Box-office France / Paris-périphérie : 189 449 entrées / 42 578 entrées
  • Budget : 20 M$
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital
  • Illustrateur / Création graphique : F.K.G.B. / Bonne question ! (agence)
  • Crédits : © 1998 Legionnaire Production Ltd. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Légionnaire accumule tous les poncifs du film d’aventures exotiques dans un ensemble mou et désincarné, malgré un budget conséquent.

Synopsis : Marseille, 1924. Pour échapper à la mafia locale après un match de boxe truqué, Alain Lefèvre se voit contraint de changer d’identité en s’enrôlant dans la Légion étrangère. Avec des dizaines de nouvelles recrues, il se retrouve au Maroc où l’attend un entraînement inhumain destiné à le préparer au combat dans le désert. Peu de temps après, les soldats sont envoyés aux confins du Sahara pour tenir le fort Brenelle qu’assiègent les rebelles berbères. Isolés face à des ennemis de plus en plus nombreux, les légionnaires vont devoir livrer un combat sans merci…

Un projet ambitieux porté par Jean-Claude Van Damme

Critique : Alors que la carrière de Jean-Claude Van Damme commence à sérieusement battre de l’aile, il parvient tout de même à monter un ambitieux projet tournant autour de la Légion étrangère. La volonté de Van Damme et de son fidèle complice Sheldon Lettich (réalisateur de Full Contact et Double impact) est de rendre un hommage sincère aux grands films d’aventures exotiques qui ont pullulé sur les écrans durant les années 30, puis 50. Il s’agit pour la star belge du film d’action de se diversifier et prouver qu’il est capable de sortir de sa zone de confort pour se lover dans un cinéma conçu comme plus prestigieux.

Les compères parviennent à réunir des fonds importants – on parle d’un budget supérieur à 20 millions de dollars – afin de reconstituer la France des Années folles, puis de tourner dans le désert marocain. Pourtant, Sheldon Lettich abandonne le projet quelques jours avant le début du tournage et c’est finalement le réalisateur de seconde équipe Peter MacDonald qui se retrouve en charge de la réalisation. Celui-ci apparaît comme une solution de repli avantageuse puisqu’il a déjà eu une expérience similaire sur Rambo 3 (1988) où il a dû remplacer au pied levé Russell Mulcahy. Pas sûr que les producteurs aient gagné au change puisque le cinéaste a toujours été incapable de livrer des œuvres vraiment intéressantes, alors qu’il demeure un formidable technicien.

Des clichés, des clichés, encore des clichés !

Avec Légionnaire (1998), le réalisateur Peter MacDonald ne semble guère plus inspiré que sur ses autres films. Il suit scrupuleusement un script plutôt médiocre et se contente donc d’illustrer platement les mésaventures de ce boxeur obligé d’entrer dans la Légion pour fuir l’ire de la mafia. Le problème majeur du long-métrage vient de son incapacité à dépasser les poncifs du film d’aventures. Ainsi, le spectateur habitué se retrouve devant une œuvre routinière où aucune scène ne semble véritablement émerger. Dès que l’on apprend que Van Damme est boxeur, on se doute qu’il va refuser de se coucher et que cela entraînera sa disgrâce. Lorsqu’il arrive à la Légion, il se retrouve confronté à un sergent sadique (Steven Berkoff en mode éructant), mais il pourra compter sur ses camarades pour l’épauler. Toutes les séquences fourmillent de clichés, tous plus usés les uns que les autres.

Pire, le script se base sur un retournement de situation improbable lié à une photographie de la Légion diffusée dans la presse, ce qui est impossible puisque cette institution est fondée sur l’anonymat de ses membres. D’une lourdeur infinie, Peter MacDonald surligne chaque émotion à grands coups de flashback douteux (souvent au ralenti) et tue ainsi tout espoir d’empathie du spectateur pour des personnages taillés à la serpe. Ainsi, dans Légionnaire, les méchants sont très méchants et les gentils très gentils. La nuance n’y a pas sa place.

JCVD perdu dans le désert marocain

Spectacle mou où même Van Damme semble absent (il était alors dans une période difficile liée à de fortes addictions), Légionnaire est un film d’aventures médiocre qui ne se réveille que dans son dernier quart d’heure avec une bataille finale plutôt bien fichue. On retrouve là les qualités de technicien de Peter MacDonald, avec une bonne gestion de l’espace, de beaux mouvements de caméra à la grue et des moments de pure pyrotechnie. Il est toutefois trop tard pour réveiller le spectateur, depuis longtemps assoupi devant tant de platitudes.

Devant la médiocrité du résultat final et le faible potentiel du sujet pour le public américain, le distributeur a décidé de diffuser le film directement en vidéo sur le sol nord-américain. En France, Légionnaire fut l’une des dernières sorties en salles pour JCVD. Le résultat piteux de 189 449 entrées sur tout le territoire national a douché les espoirs de son distributeur Metropolitan FilmExport. Un échec aussi cruel que compréhensible pour le futur roi du DTV lors de la décennie à venir.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 5 mai 1999

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Légionnaire, affiche cinéma

© 1998 Legionnaire Production Ltd / Affiche : F.K.G.B. / Bonne question ! (agence). Tous droits réservés.

Box-office :

Sorti à une période peu faste pour l’exploitation, la première semaine de mai qui marquait dans les années 90 un net ralentissement de la fréquentation, Légionnaire bénéficiait de 31 écrans sur Paris-Périphérie, derrière les 32 écrans d’Aussi profond que l’océan avec Michelle Pfeiffer. Les deux films floppent dès le premier jour avec 3 887 entrées pour le mélo avec Pfeiffer et 3 633 pour la Légion.

Le pire démarrage de Van Damme en dix ans

A l’issue de la semaine, l’avantage revient à JCVD qui se positionne péniblement en 4e place nationale, avec 94 109 spectateurs dans 273 cinémas. Metropolitan, distributeur de la série B, peut au moins se satisfaire d’une contrepartie, la continuation fructueuse de Cube qui, dans 156 salles, réalise 151 044 entrées en 2e semaine (+3%). Valérie Lemercier restait en tête de son côté, avec Le derrière, comédie homo dans l’air du temps (Pédale douce...).

La deuxième semaine de Van Damme sera stable (-30%, 65 886 spectateurs supplémentaires). Une raison à cela. Deux nouveautés seulement parviennent à entrer dans le top 20 sans empiéter sur son espace de prédilection, à savoir les Cannois Le Barbier de Sibérie (numéro 1), et le flop couteux de Pola X de Carax (10e, 53 910 entrées sur 167 sites).

Légionnaire agonise en 3e semaine

Le blockbuster américain Haute Voltige avec Catherine Zeta-Jones et Sean Connery sonne la fin de la récréation en redonnant des couleurs au box-office catastrophique en ce mois de mai 1999 (616 881 spectateurs dans 479 cinémas). Almodovar sort Tout sur ma mère (314 471 fans du cinéaste ibérique dans un circuit de 161 cinémas). Dans ce contexte, Van Damme est touché de plein fouet. Légionnaire perd 70% de sa fréquentation avec 19 471 spectateurs en 3e semaine, alors que le film de guerre est encore exploité sur une couverture de 171 cinémas. A Paris 4 482 soldats chutent. Il n’y a vraiment plus personne dans les rangs.

La Légion du déshonneur

Pour sa 4e semaine d’exploitation Metropolitan peine à garantir l’adhésion de 9 806 spectateurs de l’ex-fan des nineties. Sur Paname, Légionnaire est encore exploité au Rex, au Paramount Opéra et au Gaumont Parnasse pour des scores dérisoires (536 spectateurs sur l’ensemble de ces 3 cinémas).

Un cinéma de quartier le récupère pour son ultime semaine, le Paris Ciné, avec 177 clients. Les temps sont durs.

Depuis 1996, le déclin était amorcé pour Van Damme. Le résultat de Légionnaire était inéluctable : 652 168 entrées pour Le grand tournoi (1996), 434 998 entrées pour Risque Maximum (1997), 358 958 entrées pour Double Team (1997), et 250 000 tickets pour Piège à Hongkong (1998). Légionnaire achève son chemin de croix à 189 449 combattants (1999).

Durant l’été 1999, la suite tardive de Universal Soldier fera encore pire (140 388) quand Replicant de Ringo Lam, en 2001, sera un objet de nostalgie raté (101 994). Le pire arrivera en 2005 avec L’empreinte de la mort, enterré à 27 325 spectateurs, en 2005, après 4 ans de direct-to-DVD non-stop.

Frédéric Mignard

Légionnaire : jaquette vidéo Metropolitan COVER

© 1998 Legionnaire Production Ltd / Affiche : F.K.G.B. / Bonne question ! (agence). Tous droits réservés.

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Bande-annonce de Légionnaire (VF)

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