Le vampire et le sang des vierges : la critique du film (1969)

Épouvante-horreur, Gothique | 1h24min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
Le vampire et le sang des vierges, l'affiche

  • Réalisateur : Harald Reinl
  • Acteurs : Christopher Lee, Karin Dor, Lex Barker, Carl Lange, Vladimir Medar
  • Date de sortie: 05 Mar 1969
  • Nationalité : Allemand de l'Ouest
  • Titre original : Die Schlangengrube und das Pendel
  • Titres alternatifs : Vampire - La malédiction du château d'Andomai (titre français, VHS) / La fosse aux serpents (Belgique) / The Blood Demon (USA) / The Torture Chamber of Dr. Sadism (USA) / Blood of the Virgins (USA, titre reprise) / El tormento de las 13 doncellas (Espagne) / El foso de las serpientes (Mexique) / La tredicesima vergine (Italie) / Sangue das Virgens (Brésil)
  • Année de production : 1967
  • Scénariste(s) : Manfred R. Köhler librement inspiré d'Edgar Allan Poe
  • Directeur de la photographie : Ernst W. Kalinke
  • Compositeur : Peter Thomas
  • Société(s) de production : Constantin Film
  • Distributeur (1ère sortie) : Élysée Films
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Broadway Home Vidéo (sous le titre Vampire - La malédiction du château d'Andomai, VHS, 1981) / Carrère Vidéo (sous le titre Le vampire et le sang des vierges, VHS) / Artus Films (Mediabook)
  • Date de sortie vidéo : 4 janvier 2022 (Mediabook)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 391 617 entrées (France)
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Saukoff (affiche, 1969) / Benjamin Mazure (mediabook, Artus Films)
  • Crédits : UCM One
Note des spectateurs :

Point de canines dans Le vampire et le sang des vierges, film gothique allemand qui se distingue par des décors démentiels de toute beauté. Dommage que l’intégralité du long-métrage ne soit pas à la hauteur de ses délires visuels.

Synopsis : En 1801, pour avoir assassiné douze jeunes femmes, la treizième, Béatrice de Brabant s’étant échappée, le comte Regula est condamné à être écartelé en place publique. Avant son supplice, il promet de revenir se venger. 35 ans plus tard, l’avocat Roger de Mont-Elise reçoit une invitation au château d’Andomai, demeure de la famille Regula. En chemin, il sauve une jeune femme d’une attaque de bandits : Lilian de Brabant, elle aussi invitée au château.

Une curiosité au cœur de la production ouest-allemande des années 60

Critique : Alors que les Italiens se sont très largement inspirés du gothique britannique durant l’intégralité des années 60 en produisant à la chaîne des démarquages plus ou moins réussis des succès de la Hammer, l’Allemagne fait figure de parent pauvre avec une production horrifique peu abondante. Toutefois, quelques tentatives d’exploitation des grands mythes du fantastique ont surgies de temps à autre. Au milieu de ce désert cinématographique, le bavarois Le Vampire et le sang des vierges (1967) fait donc exception à la règle et suscite par-là même la curiosité du cinéphile averti.

Le vampire et le sang des vierges, détails du mediabook artus

© 1967 UCM One / © 2022 Artus Films. Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Réalisé par le vétéran Harald Reinl (1908-1986) à qui l’on doit notamment le très gros succès westernien Winnetou (1963) déjà interprété par Lex Barker et une intéressante version des Nibelungen (1967), ce film d’horreur gothique est soi-disant inspiré de la nouvelle d’Edgar Allan Poe Le puits et le pendule. Comme très souvent dans les années 60, le nom de Poe est juste là pour attirer les amateurs d’un fantastique plus littéraire, offrant une caution artistique à des productions qui ne s’embarrassent guère de crédibilité. En réalité, seul le supplice du pendule est repris à la toute fin du film, le reste n’ayant strictement rien à voir avec la nouvelle d’origine. Reinl s’inscrit donc ici dans la lignée de Roger Corman qui n’hésitait pas à exploiter le nom de l’écrivain pour donner un certain prestige à ses séries B.

Une intrigue banale sublimée par des décors et des éclairages superbes

Au lieu de s’inspirer de Poe, le scénariste Manfred R. Köhler lorgne en fait davantage vers le Dracula de Bram Stoker en décalquant la structure narrative du roman qu’il camoufle à peine (le comte Regula, il fallait l’oser quand même). Toutefois, la grosse surprise du film vient de l’absence de vampire puisque le personnage incarné par Christopher Lee peut plutôt être considéré comme un mort-vivant ou un revenant d’outre-tombe. Inégalement inspiré, le cinéaste s’est appuyé sur le savoir-faire du décorateur français Gabriel Pellon dont l’imagination visuelle marque chaque plan de cette série B très sympathique. Parfois proches des délires surréalistes d’un Wojciech Has, les différents décors participent largement au charme de ce long-métrage qui ne tient pas toutes ses promesses sur le plan narratif.

Alors que les plans sont composés avec un soin quasi maniaque, le cinéaste fait parfois assaut de mauvais goût dans l’utilisation de certains effets spéciaux ou encore dans l’emploi d’une musique bavaroise que l’on verrait plus à sa place dans une comédie des Charlots que dans un film gothique. Toutefois, la musique très kitsch de Peter Thomas peut s’avérer très efficace par instants.

Un plaisir purement esthétique, malheureusement timide en matière d’horreur graphique

On peut également être passablement déçu par les traits humoristiques pas toujours très fins attachés au personnage de faux prêtre incarné avec gouaille par le yougoslave Vladimir Medar. Enfin, signalons l’absence de sang (celui des morts-vivants est vert) et de véritables victimes dans ce spectacle qui a été volontairement édulcoré par les producteurs afin d’éviter un classement trop sévère de la part des censeurs. Cela n’empêche nullement Le vampire et le sang des vierges d’être parfois efficace dans l’angoisse et le mystère, mais cela vient essentiellement de l’ambiance musicale et des décors particulièrement torturés. Il faut signaler aussi la superbe photographie d’Ernst Kalinke et le cinéphile aura compris que le métrage est donc avant tout un bel objet formel.

Porté par l’interprétation inspirée de Christopher Lee et de Karin Dor, Le vampire et le sang des vierges pâtit malheureusement du manque de présence de Lex Barker, un peu trop monolithique dans le rôle du preux héros. Au final, cette petite série B gothique s’avère fort agréable à suivre grâce à une esthétique particulièrement soignée qui compense en partie des défauts inhérents au genre.

Une œuvre rare et précieuse à découvrir dans une superbe copie chez Artus Films

Sorti au mois de mars 1969 en France, soit deux ans après sa réalisation, Le vampire et le sang des vierges a réussi à fédérer 391 617 spectateurs, sans doute aguichés par un titre carrément mensonger et racoleur. Pourtant, le spectacle proposé par nos amis germains est loin d’être si dévergondé que cela. Diffusé en 1981 en VHS sous le titre Vampire – La malédiction du château d’Andomai par l’éditeur Broadway Home Vidéo, puis sous son titre cinéma par Carrère Vidéo, le métrage est réapparu au mois de janvier 2022 grâce au magnifique Mediabook d’Artus Films.

Celui-ci permet de profiter à plein des merveilles esthétiques du long-métrage grâce à un master 2K magnifique. Le tout est proposé avec des suppléments sympathiques et surtout un beau livret de 80 pages revenant sur l’intégralité de la carrière d’Harald Reinl (par l’incontournable Christophe Bier). Attention, le Mediabook disparaît très vite des rayons.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 5 mars 1969

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Le vampire et le sang des vierges, l'affiche

© 1967 UCM One / Affiche : Saukoff. Tous droits réservés.

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