Le père tranquille : la critique du film (1946)

Comédie dramatique, Guerre | 1h35min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Le père tranquille, l'affiche

  • Réalisateur : René Clément Noël-Noël
  • Acteurs : Paul Frankeur, Noël-Noël, Howard Vernon, Jean Lara, Nadine Alari, Claire Olivier, José Artur
  • Date de sortie: 11 Oct 1946
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Le père tranquille
  • Titres alternatifs : La vie d'une famille française durant l'occupation (sous-titre au générique) / Mr. Orchid (USA) / Eroi senz'armi (Italie) / Dobbeltspill (Norvège) / Nyugodt papa (Hongrie)
  • Année de production : 1946
  • Scénariste(s) : Noël-Noël
  • Directeur de la photographie : Claude Renoir
  • Compositeur : René Cloërec
  • Société(s) de production : B.C.M.
  • Distributeur : Les Films Corona
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Editions Montparnasse (VHS, 1991) / Film Office – UGC Vidéo (VHS, 1997) / StudioCanal (DVD, 2005, 2009) / StudioCanal - Tamasa (DVD 2017, 2021)
  • Dates de sortie vidéo : 1991 (VHS) / 1997 (VHS) / 10 janvier 2005 (DVD) / 1er septembre 2009 (DVD) / 7 novembre 2017 (DVD) / 10 mars 2021 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 6 138 877 entrées / 1 647 506 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Festival de Cannes 1946 : sélection officielle
  • Illustrateur / Création graphique : Noël-Noël (affiche 1946) / Pigeot (dessin jaquette DVD)
  • Crédits : StudioCanal
Note des spectateurs :

Enorme succès du cinéma français d’après-guerre, Le père tranquille est une savoureuse comédie dramatique, superbement écrite et jouée. Son aspect propagandiste n’est finalement pas trop gênant.

Synopsis : En Charente, pendant l’Occupation, Edouard Martin, un quinquagénaire à la vie apparemment paisible est en réalité le chef d’un réseau de résistants.

Noël-Noël au sommet de sa carrière

Critique : La France sort tout juste d’une des périodes les plus sombres de son histoire lorsque l’acteur-scénariste Noël-Noël, déjà très populaire dans les années 30, propose au grand public le très joli La cage aux rossignols (Dréville, 1945) qui attire plus de 5 millions de spectateurs ravis. L’acteur est désormais une star intouchable qui peut mener à bien les projets qu’il souhaite. Aussi écrit-il Le père tranquille (1946) qui répond à une commande du pouvoir en place, à savoir réunir le peuple français autour d’une idée simple : les Français ont été majoritairement résistants durant la période de l’Occupation. Le comédien ne se fait donc pas prier pour évoquer cette période trouble en l’idéalisant fortement.

Le père tranquille, jaquette DVD

© 1946 StudioCanal / © 2017 Tamasa / Dessin : Pigeot. Tous droits réservés.

Admiratif de La bataille du rail (Clément, 1946) dont il a pu voir un premier montage, Noël-Noël se dit qu’il tient en la personne de René Clément un jeune talent malléable. Il l’engage donc pour réaliser Le père tranquille (1946), mais la lune de miel entre les deux hommes est de courte durée. Effectivement, René Clément espérait pouvoir modifier des éléments du scénario durant le tournage, mais c’était sans compter le poids de la star qui a défendu bec et ongles son script au point de ne laisser aucune autonomie au jeune réalisateur, contraint d’obéir au risque d’être débarqué du projet.

René Clément bridé par sa star

Tous les témoignages parlent d’un tournage sous haute tension entre les deux hommes, d’autant que Noël-Noël se mêle aussi de la direction d’acteurs. Voilà pourquoi le générique mentionne René Clément en tant que réalisateur technique. En réalité, c’est bien lui qui a tourné l’ensemble du film, mais il n’a pas pu faire ce qu’il souhaitait et en a donc renié la paternité. Pour lui, il s’agissait avant toute chose d’une œuvre de Noël-Noël, même si l’acteur n’a pas participé techniquement à la réalisation.

Une fois ces précisions apportées, Le père tranquille ne souffre aucunement de ces dissensions intervenues lors du tournage puisque la comédie dramatique fonctionne encore aujourd’hui à merveille. Certes, il faut passer sur son défaut majeur qui est de donner l’impression que tous les Français ont collaboré durant l’Occupation. Il s’agissait en fait d’un impératif gouvernemental (que les historiens appellent aujourd’hui le résistancialisme) afin de souder à nouveau la population française après des années de troubles. N’oublions pas qu’à la même époque sévissait l’épuration sauvage. Dans Le père tranquille, on est bien loin de cette réalité plus prosaïque.

Mon père, ce héros!

Toutefois, comme le métrage se présente comme une comédie dramatique, les quelques simplifications historiques semblent plus acceptables. Il faut dire que l’écriture des personnages est d’une telle qualité que cela compense largement les quelques clichés sur la période. Présenté comme un citoyen pantouflard, le fameux père tranquille du titre – excellent Noël-Noël – va peu à peu se révéler être un rouage majeur de la résistance locale. L’occasion de rendre hommage à ces combattants de l’ombre qui ont permis la défaite allemande sur notre territoire. Là où le comédien gagne des points, c’est dans la description très juste de la petite famille du héros de l’ombre. On adore notamment ses enfants joués par les jeunes Nadine Alari et José Artur qui font preuve d’un vrai charisme à l’écran. Toutefois, les compagnons de route du héros – Jean Lara et Paul Frankeur – ne sont pas en reste et leurs prestations sont tout aussi convaincantes.

Il ne faut pas négliger l’apport de René Clément au film, puisque sa réalisation est d’une très belle fluidité et le cinéaste ne se contente pas de filmer platement les comédiens. Non seulement il met en place des mouvements de caméra complexes, mais il travaille la matière filmique au montage afin d’obtenir une fluidité narrative qui frôle la perfection. Le père tranquille possède un rythme parfaitement maîtrisé qui en fait un modèle de rapidité. Contrairement à bon nombre de films de l’époque, on ne trouve jamais le temps long dans cette comédie dramatique à la construction rigoureuse et à l’écriture finement ciselée.

Le 4ème plus gros succès de l’année 1946 en France

D’abord présenté au Festival de Cannes 1946, en même temps que La bataille du rail et La belle et la bête, deux autres réalisations de René Clément, Le père tranquille est sorti sur les écrans français en octobre 1946. La comédie dramatique s’est rapidement imposée comme un très gros succès populaire. Ainsi, le long-métrage a généré plus de 6 millions d’entrées sur la France et 1,6 millions à Paris, ce qui l’a placé à la quatrième place annuelle du box-office. Un triomphe qui a donc confirmé le statut de star de Noël-Noël. Toutefois, au lieu d’enchaîner immédiatement, l’acteur a préféré faire une pause dans sa carrière et il ne retrouvera jamais vraiment la même popularité par la suite. Quant à René Clément, la brillante suite de sa carrière prouvera que cette comédie réussie n’était aucunement le fruit du hasard et que sa contribution ne peut être réduite à une simple collaboration technique, comme indiqué au générique.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 9 octobre 1946

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Le père tranquille, l'affiche

© 1946 StudioCanal / Affiche : Noël-Noël. Tous droits réservés.

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René Clément, Paul Frankeur, Noël-Noël, Howard Vernon, Jean Lara, Nadine Alari, Claire Olivier, José Artur

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