Trop mauvais pour faire rire, mais pas assez Z pour interpeller le fan de cinéma bis, Le jour se lève et les conneries commencent est juste une comédie insipide.
Synopsis : Ils sont trois. Trois inséparables copains liés par l’âge, l’approche de la trentaine, par une même aversion pour le travail, et une constante fringale de plaisirs. Tant bien que mal, ils fuient leurs responsabilités, profitent des autres, vivent en parasite et déploient des trésors d’imagination pour importuner, ennuyer ou provoquer leur prochain…
Claude Mulot recycle les recettes éprouvées chez Max Pécas
Critique : Réalisateur ambitieux de La rose écorchée (1970) et La saignée (1971), Claude Mulot avait a priori toutes les chances de son côté pour devenir un grand cinéaste. Malheureusement l’échec cinglant de ses premiers essais l’a peu à peu amené à tourner des films pornographiques sous le pseudonyme de Frédéric Lansac – par ailleurs de très bonne tenue – mais aussi à rédiger des scénarii comiques pour Max Pécas. Parmi eux, on compte notamment Marche pas sur les lacets (1977), Embraye bidasse… ça fume (1978), On est venu là pour s’éclater (1979) et Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu (1980). On notera également sa participation au pire film de Georges Lautner, le déplorable Ils sont fous ces sorciers ! (1978).
La plupart de ces films étant des jolis succès, Claude Mulot se lance également dans l’aventure avec Le jour se lève et les conneries commencent, tourné au début des années 80. Dès le début du long-métrage, on retrouve la patte de celui qui rédigeait les histoires de potes pour Max Pécas. On pense également beaucoup aux tous premiers films des Charlots tournés par Claude Zidi, comme Les fous du stade (1972) et Le grand bazar (1973) mais l’inspiration en moins.
Un trio de tête insipide et des gags éculés
Le principal échec du réalisateur vient de l’absence totale d’empathie du spectateur pour les trois protagonistes principaux, des petits branleurs machistes qui correspondent aux clichés répandus à l’époque. Souvent odieux avec autrui, petits bourgeois pseudo-révolutionnaires, les trois zigotos n’attirent aucunement la sympathie malgré leur humour potache. Sans doute est-ce une question de dosage puisqu’à la même époque Claude Zidi ou Patrice Leconte parvenaient à nous faire rire avec des personnages similaires. Ici, la plupart des gags tombent à plat et il faut vraiment tout le savoir-faire des seconds rôles pour maintenir le radeau à flot.
Tout d’abord, précisons que le trio principal formé par Gérard Surugue, François Domange et Gérard Darier ne fonctionne pas. Le spectateur devra donc se rabattre sur la force comique de Maurice Risch, très drôle lorsqu’il se fait draguer par une tata mal intentionnée, ou encore par la justesse d’Henri Guybet en patron de boutique pétochard.
L’ami Johnny Hallyday en guest star
Les fans de Johnny Hallyday pourront admirer la star quelques minutes clairsemées dans le film. Il incarne un accidenté de la route dont l’état se dégrade systématiquement, ce qui constitue un running gag très faible. Johnny n’y fait pas preuve d’un don inné pour la comédie, mais sauve les meubles par la rapidité de son intervention. Parmi les jeunes filles séduites par le trio, les cinéphiles pourront découvrir une Valérie Kaprisky à peine sortie de l’adolescence (et citée au générique sous son vrai nom de Valérie Chérès). Faute d’enjeu réel, elle se contente d’être belle.
Dépourvue de la moindre intrigue, Le jour se lève et les conneries commencent est donc une pure série Z comme la France en produisait au kilomètre à cette époque-là. Ni pire, ni meilleure, elle ne suscite finalement qu’un ennui poli et ne se hisse jamais au niveau de certains électrons libres comme Adam et Eve (Luret, 1984) ou bien Le führer en folie (Clair, 1974), tellement mauvais qu’ils en deviennent jubilatoires. Le film de Claude Mulot est juste insipide.
Critique du film : Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 12 août 1981
© 1981 Japhila Production. Tous droits réservés.