Le flic de Beverly Hills 3 est de loin le plus faible de la saga à cause d’un scénario inepte, d’une réalisation insipide et d’un manque cruel d’idées neuves.
Synopsis : Après une descente qui a tourné au drame et au meurtre de l’inspecteur Todd, Axel Foley va à Beverly Hills où il découvre que les meurtriers de son patron travaillent dans un parc d’attraction.
Une bouée de sauvetage pour Eddie Murphy et John Landis ?
Critique : Alors qu’il vient d’essuyer quelques déconvenues au box-office depuis la fin des années 80 (notamment la déception de son unique réalisation Les nuits de Harlem en 1989, puis celle de Boomerang), le comique Eddie Murphy revient à une valeur sûre en 1994 en retrouvant le personnage qui a assis sa réputation mondiale, le flic Axel Foley.
Pour cette nouvelle aventure tardive (sept ans se sont écoulés depuis le deuxième opus à succès tourné par Tony Scott), Eddie Murphy s’entoure de ses complices habituels sous la direction de John Landis, son metteur en scène d’Un fauteuil pour deux (1982) et Un prince à New York (1988). Le réalisateur se trouve d’ailleurs lui aussi en pleine impasse artistique après les échecs successifs de L’embrouille est dans le sac (1991) avec Stallone et Innocent blood (1992) avec Anne Parillaud. Le flic de Beverly Hills 3 semblait donc une occasion rêvée pour les deux compères de retrouver une belle crédibilité sur le plan commercial.
Un script à la peine et des vannes éventées
Malheureusement, le résultat final manque cruellement de bonnes idées et exploite jusqu’à plus soif son cadre, un parc d’attraction qui dissimule une organisation criminelle de faux-monnayeurs. Le scénario, qui semble écrit par un gamin de douze ans, débute par l’élimination d’un personnage secondaire de la saga, afin de provoquer la colère d’Axel Foley, obligé de revenir une nouvelle fois à Los Angeles pour venger la mort de son ami. Les indices mènent alors le policier tout droit dans un parc d’attraction où les scénaristes tentent maladroitement d’exploiter une intrigue minimaliste qui tire en longueur.
En lieu et place de séquences d’action spectaculaires, le spectateur devra se contenter d’un sauvetage de gosses coincés dans une attraction devenue folle, ou encore de fusillades banales et répétitives dans un parc désert. Avec ses dialogues écrits à la truelle, ses rebondissements prévisibles longtemps à l’avance et son humour de bas étage (on nous fait même le coup d’une caricature d’homosexuel comme au bon temps des mauvaises comédies franchouillardes des années 70), ce troisième volet traîne des pieds et ne tient debout que par l’abattage d’Eddie Murphy.
Un échec américain qui a condamné la franchise
Visiblement peu intéressé par le scénario qu’il filme, John Landis tourne en mode automatique et ne soigne même pas ses scènes d’action, pour la plupart platement réalisées. Si l’on ajoute à cela une musique inconséquente de Nile Rodgers (qui ne cesse de trahir l’excellent thème principal de Faltermeyer en ajoutant une insupportable orchestration symphonique), le spectacle n’est guère enthousiasmant et s’avère même plutôt indigent.
Ce dernier opus fort décevant allait d’ailleurs mettre fin aux aventures d’Axel Foley, à cause de résultats au box-office loin des attentes des producteurs. Si les Français furent plus de deux millions à venir assister à cette débâcle (un chiffre nettement en-deçà des précédents épisodes), les Américains ont pour leur part boudé le film au point de faire de ce gros blockbuster aux cinquante millions de dollars de budget un cuisant échec commercial dans son propre pays. Comme quoi Eddy Murphy n’attirait plus forcément les foules sur son seul nom.
Critique de Virgile Dumez