Le comte de Monte-Cristo : la critique du film de 1934 (1934)

Aventures, Cape et Epée | 1h53min
Note de la rédaction :
7/10
7
Le comte de monte cristo, affiche du film de 1934

  • Réalisateur : Rowland V. Lee
  • Acteurs : Robert Donat, Elissa Landi, Louis Calhern
  • Date de sortie: 07 Déc 1934
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Count of Monte Cristo
  • Titres alternatifs : El conde de Montecristo (Espagne) / O Conde de Monte Cristo (Portugal) / Hrabia Monte Christo (Pologne) / Il conte di Montecristo (Italie) / Das Rätsel von Monte Christo (Allemagne)
  • Année de production : 1934
  • Scénariste(s) : Philip Dunne, Dan Totheroh, Rowland V. Lee
  • Directeur de la photographie : J. Peverell Marley
  • Compositeur : Alfred Newman
  • Société(s) de production : Reliance Productions
  • Distributeur (1ère sortie) : Les Artistes Associés
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Rimini Éditions (DVD / Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 3 juillet 2018 (DVD / Blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : 3,2 M$ (soit 64,2 M$ au cours ajusté en 2021)
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : © Cecchetto (affiche 1934)
  • Crédits : © 1934 Reliance Productions
Note des spectateurs :

Cette version du Comte de Monte-Cristo, très américaine, vaut par sa vivacité et sa vision naïve.

Synopsis : Victime d’une dénonciation calomnieuse, Edmond Dantès est arrêté et envoyé au Château d’If, alors qu’il était sur le point de se fiancer. Parvenant à s’enfuir après 14 ans de détention, il met la main sur le trésor dont lui avait parlé l’Abbé Faria, un autre prisonnier. Dantès, devenu le richissime Comte de Monte Cristo, est déterminé à se venger…

Quand l’Amérique se penche sur l’univers de Dumas

Critique : De la vingtaine d’adaptations (au moins) du roman depuis 1908, sans compter les feuilletons radiophoniques et télévisuels, on retient souvent le film de Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan en 1961, ou les deux versions de Robert Vernay en 1943 avec Pierre Richard-Willm et en 1954 avec Jean Marais. Pourtant, d’autres pays que la France ont proposé des métrages plus ou moins fidèles ou surprenants ; parmi eux, ce Comte de Monte-Cristo américain est une forme de matrice, puisque le scénario signé Philip Dunne (qui travailla pour Ford, Tourneur ou Mankiewicz) a servi de modèle pour les suivants : en supprimant des personnages et des intrigues secondaires, Dunne est parvenu à conserver une cohérence au prix évident d’une simplification abrupte. Il faut dire que le roman profus et même proliférant ne se prête pas à une adaptation fidèle, difficile voire impossible, y compris en feuilleton.

Le comte de Monte Cristo, jaquette du film de 1934

© 1934 Reliance Productions / © 2018 Rimini Editions. Tous droits réservés.

Le risque est de gommer des dimensions importantes : on sait que Monte-Cristo est un peu l’envers du solaire Les trois Mousquetaires, plus sombre, plus noir. Or, en coupant dans cette masse compacte, le scénario transforme forcément un univers complexe en une suite de péripéties. D’une certaine manière, le film retrouve l’esprit du feuilleton populaire, avec sa part de naïvetés, d’invraisemblances et de schématisme. Cela lui confère un charme certain, celui du premier degré.

Une séduisante imagerie feuilletonesque

De l’importante carrière, au moins du point de vue numérique, de Rowland V. Lee, qui s’étendit de 1920 à 1945, on ne connaît que quelques films, dont Le fils de Frankenstein ou Capitaine Kidd, d’assez plaisante réputation. Sa version de Monte-Cristo ne démérite en rien, dans les limites précédemment définies : sa réalisation solidement classique vise l’efficacité et l’atteint souvent, malgré des passages sentimentaux plutôt mièvres. Mais pour l’essentiel, le film déroule une imagerie feuilletonesque agréable : on passe de la cellule du château d’If aux cérémonies somptueuses avec une rapidité et une facilité déconcertantes. Le scénario ne s’embarrasse pas ici de détails, et Rowland V. Lee lui offre une écrin soigné, même si les décors font aujourd’hui sourire : mais cette multiplication des cartons-pâte ne nuit en rien au dessein, elle y contribue plutôt en conservant une fraîcheur naïve. Elle n’empêche d’ailleurs pas quelques élégances, comme le duel filmé en travelling arrière ou la mort de Mercedes résumée en des mains serrées.

La distribution, inégale, souffre d’une Elissa Landi maniérée dans un rôle il est vrai ingrat. Mais Robert Donat, qui tourna juste après Les 39 marches d’Hitchcock, incarne un Dantès élégant, à la classe indéniable. Qu’il soit un prisonnier désespéré, un capitaine héroïque, un vengeur impitoyable ou un bretteur surprenant, il ne se départit pas d’une certaine raideur qui confère de la noblesse à son personnage. Quant aux rôles secondaires, ils ont le charme du Hollywood des années 30 ; le savoureux Louis Calhern, en particulier, est un méchant des plus réjouissants.

Retrouver le goût de la naïveté et de l’efficacité immédiate

L’avantage du long-métrage, c’est que, en presque deux heures, le scénario est contraint de sabrer dans la matière romanesque : ce qui peut sembler une trahison permet de résumer une histoire complexe en une suite de péripéties qui s’enchaînent à un rythme rapide. Non seulement on ne s’y ennuie pas, mais, à de rares ralentissements près, la concision fait oublier les invraisemblances. D’autre part, en prenant de front, au premier degré, cette histoire abracadabrante, Le comte de Monte-Cristo joue sur du velours. On y retrouve le charme suranné des serials, la vision manichéenne des feuilletons qui ont enchanté des générations.

Certes, on pourra déplorer la disparition de la noirceur : Dantès y perd en densité et sa froide vengeance donne lieu à très peu de dilemmes moraux. Sa transformation elle-même semble se faire avec une facilité déconcertante. Quant à la psychologie, elle est sommaire et immuable ; et les ressorts (l’honneur, la fidélité, la rapacité) ne jouent pas sur les nuances, ce qui, là encore, évoque la littérature populaire, avec même des caricatures jouissives, comme celle du roi. Mais l’objectif est ailleurs : distraire, amuser, indigner comme dans les mélos les plus caricaturaux, bref, faire du spectateur le complice ravi d’une histoire captivante.

Critique de François Bonini

Les sorties de la semaine du 7 décembre 1934

Acheter le film en blu-ray

Voir le film en VOD

Le comte de monte cristo, affiche du film de 1934

© 1934 Reliance Productions / Affiche : © Cecchetto. Tous droits réservés.

Trailers & Vidéos

trailers
x
Le comte de monte cristo, affiche du film de 1934

Bande-annonce de Le comte de Monte Cristo (VO)

Aventures, Cape et Epée

x