Joseph L. Mankiewicz

Réalisateur, Scénariste, Producteur
Soudain l'été dernier, l'affiche

Personal Info

  • Nationalité : Américain
  • Date de naissance : 11 février 1909 à Wilkes-Barre (USA)
  • Date de décès : 5 février 1993 à Bedford (USA)
  • Crédit visuel : Copyright 1959 Columbia Pictures. Tous droits réservés.

Biographie

Note des spectateurs :

Réalisateur, scénariste et producteur américain, Joseph L. Mankiewicz fait ses études à la Columbia University, puis part en 1928 à Berlin où il devient journaliste, tout en mettant un pied dans le monde du cinéma, puisqu’il traduit les intertitres des films pour la compagnie allemande UFA. Il repart aux Etats-Unis en 1929 car son frère Herman lui offre un poste de scénariste à la Paramount. A vingt ans, il devient ainsi le plus jeune scénariste de la firme.

Mankiewicz, l’ascension d’un jeune scénariste à Hollywood

Joseph L. Mankiewicz écrit ainsi les dialogues situés sur les intertitres des films muets. Son premier gros succès personnel intervient en 1931 avec le film Skippy (Taurog, 1931) pour lequel il reçoit une nomination à l’Oscar du meilleur scénario. Autre gros succès, Folies olympiques (Cline, 1932) avec W.C. Fields affirme un peu plus son ascension d’auteur recherché.

Un producteur avisé

A la même époque, Joseph L. Mankiewicz épouse la jeune starlette Elizabeth Young et passe à la MGM. Il signe le script de L’ennemi public n°1 (Van Dyke, 1934) qui est un gros succès, puis se lie à la carrière de Joan Crawford pour qui il écrit plusieurs scénarios. Mankiewicz se lance en même temps dans la production et on lui doit notamment Furie (Lang, 1936), L’enchanteresse (Brown, 1937), Trois camarades (Borzage, 1938), Indiscrétions (Cukor, 1941) et Les clés du royaume (Stahl, 1944).

Premières réalisations

A la fin des années 30, Mankiewicz divorce et se remarie avec l’actrice Rosa Stradner, ce qui ne va pas l’empêcher de développer une idylle avec Judy Garland. Après la Seconde Guerre mondiale, il quitte la MGM pour entrer à la 20th Century Fox. Là, on lui offre enfin la possibilité de tourner son premier film en tant que réalisateur, suite à la défection d’Ernst Lubitsch. Il s’agit du Château du dragon (1946) qui rencontre un joli succès aux Etats-Unis et possède effectivement de grandes qualités d’écriture.

Il enchaîne avec un bon film noir typique de l’époque intitulé Quelque part dans la nuit (1946), avec Richard Conte. Puis il tourne Un mariage à Boston (1947) avec Ronald Colman qui prouve qu’il peut réaliser des œuvres de commande valeureuses. Mais le cinéaste poursuit avec l’excellent L’aventure de Mme Muir (1947) qui confirme définitivement son énorme talent de conteur. Aussitôt, Mankiewicz part en Angleterre pour tourner L’évadé de Dartmoor (1948), toujours avec Rex Harrison.

Après ce premier corpus mêlant films de commande et quelques tentatives plus personnelles, Mankiewicz livre enfin une œuvre entièrement conçue par ses soins avec Chaînes conjugales (1949) où il donne à Jeanne Crain un rôle plus étoffé que d’ordinaire. Cela lui permet d’obtenir deux Oscars en 1950 en tant que meilleur scénariste et meilleur réalisateur.

Il poursuit avec un drame noir intitulé La maison des étrangers (1949) qui connaît une excellente réception au Festival de Cannes (Edward G. Robinson y obtient le Prix du meilleur acteur).

Le sommet de sa carrière : Eve

Mankiewicz lance ensuite la carrière de l’acteur noir Sidney Poitier dans La porte s’ouvre (1950), mais le film a été quelque peu occulté dans les mémoires par la réussite majeure que constitue Eve (1950). Le long-métrage est brillamment écrit et réalisé et marque les cinéphiles par ses dialogues vachards et acerbes. Eve fait une razzia aux Oscars où il emporte six statuettes dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénariste pour Mankiewicz.

Désormais au sommet, Mankiewicz est élu président de Screen Directors Guild. Il réalise encore On murmure dans la ville (1951) avec Cary Grant et Jeanne Crain et L’affaire Cicéron (1952), excellent film d’espionnage avec James Mason et Danielle Darrieux. Là, il décide de quitter Hollywood pour s’installer à New York. Il tourne encore Jules César (1953) avec Marlon Brando sur le sol américain, mais décide de partir pour l’Europe.

Il y tourne La comtesse aux pieds nus (1954) en Italie. Puis, il revient à Hollywood le temps de Blanches colombes et vilains messieurs (1955) avec Marlon Brando, mais repart aussitôt au Vietnam pour réaliser Un Américain bien tranquille (1958) qui est sans doute son film le plus faible de cette période. Mankiewicz retrouve l’inspiration en Angleterre avec Soudain l’été dernier (1959), film dingue adapté de Tennessee Williams.

Le cauchemar Cléopâtre

Si ses derniers films n’ont pas nécessairement rencontré un gros succès, ils ont prouvé que son talent est toujours intact. Il est alors appelé à la rescousse par la 20th Century Fox pour sauver le tournage de Cléopâtre. Nous sommes alors en 1960 et le long-métrage va l’accaparer pendant trois longues années. Mankiewicz doit notamment réécrire le script la nuit et tourner le jour. Le long-métrage a également subi les affres de la presse people à cause de l’idylle entre Elizabeth Taylor et Richard Burton.

Au bout de deux ans d’un travail acharné, le budget est passé de 2 millions de dollars de l’époque à 35 millions. Le studio est au bord de la faillite et Mankiewicz fait une dépression, jurant qu’il ne reposerait plus les pieds sur un plateau. Le long-métrage obtient un certain succès, mais insuffisant pour rembourser son colossal budget.

Encore quelques films majeurs

Si l’on excepte la réalisation d’un téléfilm en 1964, Mankiewicz ne revient à la réalisation qu’avec la comédie légère Guêpier pour trois abeilles (1967) où il retrouve une fois de plus Rex Harrison. En 1970, il tourne son tout premier western avec Le reptile qui donne le beau rôle à Kirk Douglas et Henry Fonda. Mais on préfère retenir l’excellence de son tout dernier film, le jubilatoire Le limier (1972) où il oppose Laurence Olivier et Michael Caine.

A cette époque, Joseph L. Mankiewicz décide de se retirer de l’industrie cinématographique et finit terrassé par un infarctus en 1993 à l’âge de 83 ans. Il demeure comme l’un des grands de Hollywood, auteur de nombreux chefs-d’œuvre impérissables.

Virgile Dumez

Filmographie :

Réalisateur :

  • 1946 : Le Château du dragon (Dragonwyck)
  • 1946 : Quelque part dans la nuit (Somewhere in the Night)
  • 1947 : Un mariage à Boston (The Late George Apley)
  • 1947 : L’Aventure de madame Muir (The Ghost and Mrs. Muir)
  • 1948 : L’Évadé de Dartmoor (Escape)
  • 1949 : Chaînes conjugales (A Letter to Three Wives)
  • 1949 : La Maison des étrangers (House of Strangers)
  • 1950 : La porte s’ouvre (No Way Out)
  • 1950 : Ève (All about Eve)
  • 1951 : On murmure dans la ville (People Will Talk)
  • 1952 : L’Affaire Cicéron (Five Fingers)
  • 1953 : Jules César (Julius Caesar)
  • 1954 : La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa)
  • 1955 : Blanches colombes et vilains messieurs (Guys and Dolls)
  • 1958 : Un Américain bien tranquille (The Quiet American)
  • 1959 : Soudain l’été dernier (Suddenly Last Summer)
  • 1963 : Cléopâtre (Cleopatra)
  • 1964 : A Carol for Another Christmas (téléfilm)
  • 1967 : Guêpier pour trois abeilles (The Honey Pot)
  • 1970 : King : de Montgomery à Memphis (documentaire, coréalisé avec Sidney Lumet)
  • 1970 : Le Reptile (There Was a Crooked Man)
  • 1972 : Le Limier (Sleuth)
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