Le cirque de la peur : la critique du film et le test blu-ray (1969)

Policier | 1h31min
Note de la rédaction :
5/10
5
Le cirque de la peur, jaquette DVD

Note des spectateurs :

Faux Krimi, mais véritable rareté, Le cirque de la peur est une bande d’exploitation assez basique qui vaut surtout pour son prestigieux casting. Le reste demeure assez anodin.

Synopsis : Un fourgon blindé transportant des sacs remplis de billets de banque est braqué par un gang près du Tower Bridge. Le butin est ensuite dissimulé dans le Cirque Barberini par l’un des membres. Coïncidence ? Le cirque est bientôt la proie d’étranges meurtres au couteau visant son personnel. Un inspecteur de police chevronné mène alors l’enquête, laquelle s’annonce difficile, tant les suspects au sein de la troupe sont nombreux.

Critique : Au cours des années 50-60, le genre du Krimi connaît une grande popularité en Allemagne et dans quelques autres pays européens. Il s’agissait de bandes policières librement adaptées des romans populaires d’Edgar Wallace qui mettaient en scène un crime ou un autre délit, puis l’enquête d’un policier afin de trouver le coupable. Le genre fonctionne donc sur la traditionnelle mécanique du whodunit (à savoir la découverte du coupable).

De l’art de la récupération…

Si ce sous-genre a été développé en Allemagne par la compagnie Rialto qui a fait l’acquisition de la totalité du catalogue d’Edgar Wallace (soit environ 170 romans écrits en seulement une trentaine d’années), le producteur britannique Harry Alan Towers a pris une option sur quelques nouvelles de l’écrivain qu’il se décide à transposer à l’écran. Il signe ainsi le script de ce Cirque de la peur (1966) qu’il envisage de coproduire avec l’Allemagne, et notamment avec une compagnie concurrente de la Rialto, la Constantin Films. Généralement affilié au genre du Krimi, Le cirque de la peur est donc davantage une tentative de récupération opportuniste.

© Liliom Audiovisuel / Le Chat qui fume. Tous droits réservés.

Confié au réalisateur de télévision John Llewellyn Moxey qui avait déjà adapté quelques histoires d’Edgar Wallace, le projet dispose d’une star de l’horreur de la pointure de Christopher Lee, ainsi que de la présence du vétéran Leo Genn. Mais coproduction oblige, on retrouve également au sein de la distribution quelques habitués du Krimi comme Klaus Kinski, Heinz Drache ou Eddi Arent. Côté charme, la belle Margaret Lee a laissé tomber les plateaux italiens pour l’Angleterre, tandis que Suzy Kendall confirmait sa belle présence après sa participation au James Bond Opération tonnerre (1965). Ce casting hétéroclite démontre bien l’ambition internationale du projet, même si le succès ne fut pas au rendez-vous.

Une enquête poussive parsemée de quelques meurtres

Il faut dire que Le cirque de la peur est loin d’être une œuvre passionnante. Cela commence plutôt bien avec un casse impressionnant se déroulant sur le pont de Londres coupé à la circulation. Malheureusement, l’entrée en scène du fameux cirque du titre arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Les multiples sous-intrigues qui se nouent au sein de l’équipe de saltimbanques ont pour vocation d’égarer le spectateur et de faire porter les soupçons sur chaque personnage. Toutefois, cela se fait parfois au détriment de la lisibilité de l’intrigue centrale et en alourdissant considérablement l’ensemble. Le pire vient de l’enquête menée par un Leo Genn en mode Derrick. Poussive, l’histoire piétine sérieusement dès que le commissaire un peu falot vient interroger les différents protagonistes.

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On peut bien sûr saluer les quelques meurtres qui parsèment le film, mais la censure exercée durant les années 60 ne permet pas d’aller bien loin, ni dans l’audace graphique, ni dans le sadisme. Tout ceci reste donc propret et finalement sans grand intérêt, d’autant que le réalisateur ne fait pas montre d’un talent fou pour la création d’une ambiance tendue. Avec sa photographie très claire et dépourvue de zones d’ombre (typique des années 60), Le cirque de la peur ne suscite guère l’indulgence du cinéphile qui n’y verra qu’une petite bande commerciale de plus, perdue au milieu d’un océan de concurrents plus ou moins valeureux. Pas étonnant finalement que le film soit resté inédit aussi longtemps en France.

Loin d’être catastrophique ou même mauvais, ce long-métrage saura éveiller la curiosité des amateurs de films populaires des années 60 et des fans de Christopher Lee. Les autres peuvent passer leur chemin sans regret aucun, puisque même Klaus Kinski y est sous-employé.

Bandeau le chat qui fume

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Le test du combo DVD / Blu-ray :

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Compléments & packaging : 3/5

La note comprend bien évidemment la beauté du packaging, désormais habituel chez Le Chat qui fume, à savoir un superbe digipack en trois volets compris dans un fourreau toujours aussi élégant. L’édition comprend le DVD et le blu-ray, ainsi qu’un petit encart écrit par Christophe Lemaire qui y clame son admiration éternelle envers Christopher Lee. Sur la galette proprement dite, on retrouve la bande-annonce britannique du film, ainsi que des bandes annonces des futures sorties de l’éditeur. Mais le bonus le plus intéressant est l’intervention très riche d’Eric Peretti (19min) qui, sur un rythme trépidant, nous livre un maximum d’informations sur le film en peu de temps. Le débit rapide peut être un peu énervant à la longue, mais le cinéphile en aura pour son argent. On y apprend tout sur Edgar Wallace, le producteur Harry Alan Towers, la mode du Krimi, mais aussi sur les trois versions différentes du film en fonction des territoires. La version proposée ici est bien la plus complète, à savoir la version anglaise en couleur.

L’image du blu-ray : 4,5/5

Restauré en 2016 par l’éditeur Blue Underground, le film bénéficie d’une copie immaculée qui tient vraiment du pur miracle. L’unique scène qui pâtit d’un grain plus marqué est celle du spectacle de cirque car ces images étaient tirées de stock-shots. Avec des couleurs pimpantes, une définition impeccable et un léger grain cinéma, la copie est tout bonnement splendide. L’occasion rêvée de découvrir cette rareté, même si ce n’est assurément pas la perle la plus précieuse du catalogue de l’éditeur.

Le son du blu-ray : 3/5

L’éditeur ne propose qu’une piste audio en anglais DTS HD Master Audio 2.0 puisque le film n’a pas été doublé en français. Celle-ci est plutôt claire, même si on note quelques parasites dans les ambiances et une musique qui peut être brouillonne par moments. Rien de gênant toutefois et les amateurs sauront passer outre au vu de l’état impeccable de la copie proposée.

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