Une comédie romantique fantastique légère et grave à la fois
L’aventure de Mme Muir commence très fort avec l’introduction de la femme volontaire qu’incarne avec conviction Gene Tierney. Sa découverte de la maison hantée peut même figurer au panthéon des meilleurs films de mystère, à l’instar du Rebecca d’Hitchcock tourné moins de 10 ans auparavant. Grâce à la photographie très contrastée de Charles Lang, le spectateur scrute les ténèbres de cette demeure avec angoisse durant un premier quart d’heure particulièrement efficace.
Changement de ton radical lorsque la jeune femme entre en contact avec le fantôme interprété par Rex Harrison. Désormais, L’aventure de Mme Muir se mue en une charmante comédie romantique où le drame n’hésite jamais à pointer le bout de son nez. On est sans doute moins convaincu par l’escapade amoureuse de l’héroïne avec le bellâtre George Sanders (en mode automatique pour un rôle sans épaisseur) qui tend à affaiblir la partie centrale du long-métrage. Heureusement, le cinéaste se rattrape lors du dernier quart d’heure qui voit les années défiler autour du personnage féminin central, seule face à sa destinée. Dès lors, le ton se fait plus grave – sans être plombant – et les intentions des auteurs finissent par transparaître de manière plus claire.
S’achevant sur une scène de pur mélodrame, L’aventure de Mme Muir laisse le spectateur avec un sentiment de sérénité et de plénitude qu’il est assez rare de ressentir au cinéma. Joseph Mankiewicz signe donc son premier film important et un top 10 annuel au box-office américain en 1947. Assurément l’œuvre la plus romanesque de son auteur.
Critique de Virgile Dumez
Sorties de la semaine du 26 mai 1948
© Twentieth Century Fox, Swashbuckler Films
Le test blu-ray (2013)
Une édition minimale, mais proposée à un prix très raisonnable.
Compléments : 1 /5
La jaquette ne mentionne que la bande-annonce comme bonus. On est donc étonné de trouver également deux commentaires audio sur cette galette, mais ils ne seront destinés qu’aux anglophones puisqu’ils n’ont pas fait l’objet d’un sous-titrage.
Image : 3.5 / 5
Le classique est proposé dans une très jolie copie, nettoyée des impuretés du temps. Le noir et blanc est somptueux et les noirs sont profonds. Les quelques paysages marins nous permettent de profiter d’une belle profondeur de champ, mais l’ensemble du film étant situé en intérieur, l’apport de la HD reste un peu limité.
Son : 3 / 5
La version originale a été gratifié d’un remixage en 5.1 DTS HD Master Audio qui permet à la musique de Bernard Herrmann de s’imposer sur toutes les enceintes. Les bruits d’ambiance se fraient un chemin de temps à autre et le caisson de basses résonne même lors des coups de tonnerre de l’orage. Pas de quoi susciter le frisson, mais le travail est assez satisfaisant. On est moins séduit par la version française d’époque qui souffre d’un doublage vieillot. Les acteurs ont un phrasé très théâtral qui tranche avec le naturel des acteurs américains.
Test blu-ray de Virgile Dumez