A la fois évocation d’une passion dévorante et rêverie poétique, L’astronaute parvient à imposer sa petite musique au point d’émouvoir durablement lors des dernières séquences, très réussies. A découvrir.
Synopsis : Jim Desforges est ingénieur en aéronautique. Il se penche sur un projet secret, son rêve depuis longtemps : il tient à construire sa propre fusée1 et en faire « le premier vol spatial habité amateur de l’histoire ».
L’astronaute ou l’envol d’un cinéaste à suivre
Critique : Après avoir signé le drame Du soleil dans mes yeux (2018) qui laissait déjà apparaître de réelles qualités de réalisation, l’acteur Nicolas Giraud a écrit le scénario de L’astronaute dans la foulée. Pourtant, le projet, plus ambitieux en termes de budget, a mis beaucoup de temps à se monter. Il a fallu pour cela toute la ténacité du cinéaste, mais aussi de son producteur Christophe Rossignon pour parvenir à convaincre les financiers d’investir dans un projet atypique au cœur du cinéma français.
Certes, le but de Nicolas Giraud était de traiter l’ensemble du long-métrage de manière réaliste, mais pour autant son intrigue tient de la pure science-fiction ou plutôt, comme il le dit lui-même dans ses entretiens, de la fiction scientifique. Ainsi, son histoire n’est pas tirée d’un quelconque fait divers et, pour le moment, cette intrigue n’est guère probable. Mais le défi de Nicolas Giraud était justement de rendre sa proposition narrative plausible et acceptable par le grand public. Il y parvient de manière plutôt satisfaisante.
S’accrocher à ses rêves, quoiqu’il en coûte!
Il s’agit pour lui d’évoquer la foi – dépouillée ici de toute dimension religieuse – qui étreint l’être humain dominé par une passion dévorante. Que ce soit son personnage épris d’évasion spatiale et qui veut à tout prix effectuer le premier vol amateur dans l’espace ou bien le projet d’un cinéaste qui croit en son film, la démarche est finalement assez similaire. Ainsi, il faut parvenir à embarquer dans sa folie d’autres rêveurs qui vont permettre la réalisation de ce projet fou. Dans le film, le personnage joué avec conviction par Nicolas Giraud n’est pas du tout un illuminé irresponsable, puisqu’il est déjà un ingénieur travaillant pour la société Ariane. Toutefois, il n’a pas pu mener à bien son rêve de devenir astronaute. A force de ténacité, ce désir viendra peut-être à bout de toutes les résistances.
© 2021 Nord-Ouest Films – Orange Studio – Artémis Productions – Frères Zak Productions. Tous droits réservés.
Autour de ce protagoniste central gravitent tout un tas de personnages secondaires qui sont pourtant fondamentaux. Ainsi, l’astronaute revenu de tout joué par Mathieu Kassovitz reconnaît sa propre folie dans les yeux de son cadet. Mais le film bénéficie aussi de la présence lumineuse d’Hélène Vincent dans le rôle de la grand-mère qui soutient toujours son petit-fils. On peut aussi évoquer Bruno Lochet et la jeune Ayumi Roux qui complètent avec talent ce groupe de doux rêveurs qui tentent de déplacer des montagnes pour mettre en œuvre un projet dingue. Ajoutons à ce groupe soudé la complicité d’Hippolyte Girardot qui incarne un directeur d’Ariane retrouvant ses rêves d’enfant à travers la passion de l’astronaute amateur.
Une émotion sincère qui étreint le spectateur en fin de voyage
Si le long-métrage arrive à éveiller l’attention durant sa première heure, malgré une intrigue qui avance forcément lentement, la dernière partie s’avère nettement supérieure. Déjà porté par la magnifique musique électronique de Superpoze, le film va alors démontrer de réelles qualités poétiques, au point de se terminer sur une séquence spatiale de toute beauté, où l’émotion est à son comble. Dès lors, le métrage peut être considéré comme un vibrant hommage aux passionnés, mais aussi aux anciens qui nous ont transmis cet amour de la vie.
Parfois très proche sur le plan thématique du chef d’œuvre d’Andrew Niccol Bienvenue à Gatacca (1997), L’astronaute fait également songer aux œuvres de Christopher Nolan par leur amour du réalisme à l’intérieur d’un canevas narratif fantaisiste. Bien entendu, pour des raisons de budget, L’astronaute ne peut aucunement rivaliser avec ses modèles, mais la tentative est louable, et surtout plutôt probante.
L’astronaute est un très joli film passé malheureusement inaperçu
Ainsi, les effets spéciaux dans la dernière partie sont particulièrement bons, tandis que la photographie de Renaud Chassaing fait beaucoup pour le plaisir éprouvé durant la projection. Comme noté précédemment, la très belle musique de Superpoze enrobe les images dans un flot de boucles électroniques séduisantes. L’astronaute est ainsi un joli film d’ambiance qui se permet un pas de côté par rapport au réalisme social généralement attaché à la cinématographie française. On ne peut que saluer cette proposition alternative qui s’attache à la beauté de la réalisation et à une forme qui nécessite le grand écran.
Malheureusement, lors de sa sortie le 15 février 2023, L’astronaute décolle dans 174 salles et se crashe avec 6 068 voyageurs à son bord. A la fin de son premier week-end d’exploitation, le long n’était arrivé à fédérer que 27 000 spectateurs. Une sacrée déception. La suite ne fut guère plus satisfaisante avec une grosse chute des entrées, semaine après semaine, avec parfois jusqu’à 70 % de pertes. En trois semaines, L’astronaute dépasse péniblement les 50 000 entrées-France et sa fin de carrière est proche avec un total de 56 274 spationautes.
Il est donc temps de donner au film une seconde chance, à travers ses sorties en format physique ou en VOD.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 15 février 2023
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© 2023 Nord-Ouest Films – Orange Studio – Artémis Productions – Frères Zak Productions / Affiche : Fidelio. Tous droits réservés.
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Nicolas Giraud, Mathieu Kassovitz, Jérémie Renier, Hélène Vincent, Féodor Atkine, Hippolyte Girardot, Bruno Lochet, Ayumi Roux