La vengeance de Dieu est un western tardif et clairement mineur par Lorenzo Gicca Palli, réalisateur du Corsaire noir. L’un des premiers des dix-sept films qui ont rassemblé le duo Bud Spencer et Terence Hill.
Synopsis : Après l’attaque d’un saloon par des hommes masqués, le bandit Chester Conway se retrouve en prison sans vraies preuves contre lui. Son avocat fait appel à Silver, détective et pistolero pour faire la lumière sur toute cette affaire.
Critique : Avec La vengeance de Dieu, Lorenzo Gicca Palli offre une suite aux aventures de son détective Silver, qu’incarnait quatre ans auparavant Peter Lee Lawrence dans Calibre 32. S’il officiait seulement en tant que scénariste sur le premier film, il assure désormais la mise en scène de cette nouvelle aventure.
Mais qu’avez-vous fait à Trinita ?
Début des années 70 oblige, La vengeance de Dieu est un western spaghetti sans grands moyens qui fait beaucoup de concessions aux genres alors en vogue, le giallo et le western comique. Le film s’ouvre ainsi sur un assassinat et vue subjective, un peu à la manière de ce que fera Carpenter dans Halloween, la maîtrise en moins, la faute à une mise en scène et un montage brouillon. Malheureusement, le reste est du même acabit, souffrant d’une réalisation très moyenne.
Le scénario de cette Vengeance de Dieu renvoie lui aussi au giallo puisqu’il se construit autour d’un mystère à résoudre. Il s’agit indéniablement d’un des atouts du film. Palli a davantage d’expérience en tant que scénariste que réalisateur et cela se ressent puisque son script bien écrit rend le métrage agréable à suivre. En dépit d’un cruel manque de scènes d’action, l’œuvre n’est pas ennuyeuse pour un sou. Enfin, l’ultime retournement de situation se révèle plutôt inattendu et intéressant car répondant à la scène d’ouverture qu’on a eu le temps d’oublier.
Mais c’est quand le film lorgne vers le western comique que le bât blesse. Il introduit le personnage de Silver par un combat absurde avec un judoka faisant un clin d’œil par la même occasion à la tendance du western soja. Pire encore, le métrage s’encombre d’inutiles scènes d’empoignades dans un saloon et un terrain vague, en rien motivées par le script. Elles sont de surcroît mal fignolées, corroborant le fait que l’humour ne fait quasiment jamais mouche. Ce n’est pas la scène de procès expéditif, outrée car riche en cabotinages, qui nous fera penser le contraire.
Un duo de têtes d’affiche prometteur
La vengeance de Dieu nous offre des performances d’acteur assez médiocres. Certes, Gianno Garko est très correct et a beaucoup de présence. Néanmoins, il peine à réellement caractériser Silver en autre chose qu’un succédané de Sartana, un personnage qui lui colle décidément à la peau. Klaus Kinski interprète un de ses plus petits rôles dans un western spaghetti puisqu’il passe la quasi-totalité du récit enfermé en prison. Enfin, Franco Abbina, qui fait ici son dernier passage sur le grand écran, incarne un avocat porté sur la boisson, qui peut agacer au vu du peu de subtilité de son jeu.
La vengeance de Dieu manque cruellement de finition
En dépit d’efforts pour éclairer correctement les scènes de nuit, toute l’esthétique du film trahit un manque de budget patent. En effet, la quasi-totalité de l’histoire se déroule dans une unique ville, reconstituée dans les studios Elios de Rome, la campagne italienne faisant vraisemblablement office d’extérieurs. Il ne faut pas compter sur les costumes pour apporter plus de cachet à l’ensemble avec une certaine récurrence d’une méchante couleur jaune dans les habits. Enfin, Mario Migliardi nous propose un habillage sonore assez moyen bien que caractéristique de son style, à la lisière de la musique progressive et psychédélique. De fait, certains observateurs ont remarqué que le film recycle des passages de sa singulière partition pour ¡Mátalo!. Les admirateurs du compositeur seront ravis de retrouver sa touche singulière. Les autres resteront de marbre face au thème à la trompette très répétitif qui ouvre et referme le métrage.
En définitive, La vengeance de Dieu est un western tardif et clairement mineur. Ce film assez opportuniste, qui cède à la mode du temps, se laisse toutefois voir sans trop d’efforts, mais ne peut être conseillé qu’aux amateurs les plus motivés du genre. A noter enfin, pour la petite anecdote, que de nombreuses rumeurs affirment qu’une version X de ce film a vraisemblablement existé, avec des ajouts de séquences particulièrement osées, dont on a désormais perdu toute trace.
Critique : Kevin Martinez