La sorcière sanglante : la critique du film et le test du blu-ray (1970)

Epouvante-horreur, Gothique | 1h36min
Note de la rédaction :
8/10
8
La sorcière sanglante, l'affiche

  • Réalisateur : Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson)
  • Acteurs : Halina Zalewska, Barbara Steele, George Ardisson, Giuliano Raffaelli, Umberto Raho
  • Date de sortie: 05 Août 1970
  • Année de production : 1964
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : I lunghi capelli della morte
  • Titres alternatifs : The Long Hair of Death (titre international) / Los largos cabellos de la muerte (Espagne) / Der Todesfluch der brennenden Hexe (Allemagne) / Hævnens flammer (Danemark) / A Máscara do Demônio (Brésil)
  • Autres acteurs : Laura Nucci, Nello Pazzafini, Jeffrey Darcey
  • Scénaristes : Antonio Margheriti, Tonino Valerii, Ernesto Gastaldi
  • Monteur : Mario Serandrei
  • Directeur de la photographie : Riccardo Pallottini
  • Compositeur : Carlo Rustichelli
  • Chef Maquilleur : Euclide Santoli
  • Chef décorateur :
  • Directeur artistique : Giorgio Giovannini
  • Producteur : Felice Testa Gay
  • Producteurs exécutifs :
  • Sociétés de production : Cinegai S.p.A.
  • Distributeur : Transunivers Films (une sélection Multifilms France-Export)
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Artus Films (DVD, 2006) / Artus Films (DVD et blu-ray, 2025)
  • Dates de sortie vidéo : 19 octobre 2006 / 3 juin 2025 (DVD et blu-ray)
  • Budget :
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals :
  • Nominations :
  • Illustrateur/Création graphique : © Benjamin Mazure (Conception graphique blu-ray). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Cinegai S.p.A. / Artus Films. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Un peu moins réputée que Danse macabre, La sorcière sanglante, réalisée la même année est une bien belle surprise, grâce à une ambiance mortifère du plus bel effet et une réalisation superbe, mettant en valeur les comédiens et les décors macabres.

Synopsis : Au XVIème siècle, Adèle Karnstein est condamnée au bûcher, accusée d’avoir tué le comte Franz à l’aide de ses pouvoirs maléfiques. Sa fille aînée, Helen, tente de la sauver en accordant ses faveurs au comte Humboldt. Mais hélas, il est déjà trop tard. Avant de mourir devant les yeux de sa plus jeune fille, Elizabeth, Adèle lance une terrible malédiction. Peu après, Helen est tuée par le comte Humboldt, qui craint les représailles de l’église pour le crime d’adultère. La malédiction s’opère, et une épidémie de peste s’abat sur la région.

La sorcière sanglante suit de près Danse macabre

Critique : Alors que le cinéma d’épouvante gothique est à son apogée grâce aux productions britanniques de la Hammer, les producteurs italiens s’engouffrent dans la brèche ouverte avec le succès international rencontré par Le masque du démon (1960) de Mario Bava, révélant au passage la charismatique Barbara Steele.

Le cinéaste Antonio Margheriti, plutôt amateur de science-fiction, s’est rapidement trouvé être un excellent artisan d’un genre qui l’inspire beaucoup. Son cycle horrifique s’ouvre notamment avec La vierge de Nuremberg (1963) qui pose les bases de son style gothique agrémenté d’une forte empreinte latine. Mais c’est surtout l’année 1964 qui fut celle de la maturité avec la création de son chef d’œuvre Danse macabre, assez rapidement suivi par La sorcière sanglante, tourné avec une équipe technique et artistique assez largement identique.

Un bijou signé Tonino Valerii et Ernesto Gastaldi

Cependant, les producteurs sont ici différents puisque Antonio Margheriti s’est appuyé sur une toute petite compagnie naissante, à savoir l’éphémère Cinegai, récemment créée par Felice Testa Gay. Le tout est fondé sur un script rédigé par Tonino Valerii et le grand Ernesto Gastaldi à la demande de Margheriti qui est tombé amoureux du titre de leur projet : I lunghi capelli della morte, soit Les cheveux longs de la mort qui deviendra en France le plus banal La sorcière sanglante.

La sorcière sanglante, jaquette détails

© 1964 Cinegai S.p.A. / Artus Films / Conception graphique : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Si le métrage est légèrement inférieur à Danse macabre, il n’en demeure pas moins un des meilleurs exemples du genre et peut être considéré aujourd’hui comme un petit bijou. Traversé de fulgurances stylistiques, La sorcière sanglante bénéficie d’une qualité photographique exceptionnelle due au magnifique noir et blanc de Riccardo Pallottini. Ces qualités visuelles sont renforcées par des cadrages inspirés mettant en valeur les splendides décors et les paysages naturels qui servent l’ambiance d’outre-tombe de ce métrage très sombre. Il faut ajouter à cela l’excellence de la partition musicale de Carlo Rustichelli et vous obtenez ici une œuvre esthétiquement soignée.

La sorcière sanglante ou la perversité à son sommet

Toutefois, cette attention particulière à la forme ne doit pas masquer les innombrables qualités d’un script qui exploite au maximum les archétypes du cinéma gothique (passages secrets, crypte baignée dans la brume, toiles d’araignées s’étalant sur les murs, apparitions de spectres) pour mieux les associer à une thématique catholique purement latine. Ainsi, tout tourne ici autour de la condamnation des crimes et des désirs pervers d’élites corrompues.

Chaque protagoniste tente de dissimuler ses délits par des stratagèmes qui finiront nécessairement par être dévoilés et condamnés. Si la conclusion est bien évidemment morale, et donc peu progressiste, le réalisateur s’en est d’abord donné à cœur joie dans la perversité. Ainsi, les plans significatifs sur le comte meurtrier qui jouit du malheur qu’il procure sont-ils jubilatoires, de même que cette tension sexuelle inavouée qui innerve la totalité du métrage. Autant d’éléments qui font de cette nouvelle déclinaison d’un thème classique un pur moment de bonheur pour les amateurs de cinéma déviant.

Barbara Steele, toujours impériale en déesse de la mort

Tout ceci est soutenu par une interprétation de haute volée. On adore toujours la prestance de Barbara Steele, décidément très à l’aise dans un genre qui lui allait comme un gant. Mais elle est ici avantageusement secondée par un formidable George Ardisson qui trouve en ce comte pervers l’un de ses meilleurs emplois, lui qui fut abonné aux rôles de vikings dans les films d’aventures tournés au début des années 60. Umberto Raho est toujours très juste, même ici en prêtre tout-puissant, tandis que Giuliano Raffaelli compose un baron meurtrier et violeur, terrorisé par cette vengeance d’outre-tombe avec une conviction qu’il mit également au service de Mario Bava durant les années 60.

Beau succès en Italie, La sorcière sanglante a souffert d’une très mauvaise distribution en France, ne sortant que dans deux salles de quartier à Paris durant l’été 1970, alors que la mode du film gothique était déjà passée, le film étant vieux de six ans. Il n’a donc pas vraiment été exposé dans l’Hexagone, ce qui constitue une véritable injustice au vu de ses énormes qualités. Il faut donc remercier le distributeur Artus Films qui lui a offert une première exposition dès 2006 avec un DVD dont la copie demeurait encore pas mal abîmée. Le tir est en grande partie rectifié avec la nouvelle édition qui comprend cette fois un blu-ray avec une copie grandement nettoyée.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 5 août 1970

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La sorcière sanglante, l'affiche

© 1964 Cinegai S.p.A. Tous droits réservés.

Biographies +

Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson), Halina Zalewska, Barbara Steele, George Ardisson, Giuliano Raffaelli, Umberto Raho

Mots clés

Cinéma bis italienCinéma gothique, Artus Films, Les sorcières au cinéma, Le Moyen-Age au cinéma

 

Le test du blu-ray

Nouvelle sortie presque vingt ans après sa première édition par Artus Films d’une Sorcière sanglante qui vaut décidément le coup d’œil et qui doit être réévalué comme un petit classique du genre. Test réalisé à partir du produit finalisé.

Packaging & Compléments : 5 / 5

Le packaging est une fois de plus très soigné avec un visuel qui reprend l’affiche française d’origine contenant un digipack avec de chaque côté une affiche belge et un poster danois du film. A l’intérieur, l’on trouve le DVD et le blu-ray agrémentés de deux photos différentes de Barbara Steele. C’est très beau.

De nouveaux bonus pour l’édition 2025

En matière de suppléments vidéo, Artus Films a eu la bonne idée de proposer l’intégralité des bonus de l’édition précédente en leur ajoutant deux nouveaux copieux modules plus récents. En matière de nouveauté, on suit avec intérêt l’entretien avec Nicolas Stanzick (39min), très riche en détails sur la conception du film et sur le corpus de films gothiques de Margheriti. Il insiste aussi sur les tentatives d’hybridation du cinéaste et sur son goût pour les effets spéciaux.

Ensuite, Ernesto Gastaldi (26min) revient de manière profuse sur son amitié avec Margheriti, mais aussi avec Tonino Valerii. Il explique notamment leur méthode de travail et assume avoir toujours été extrêmement rapide dans l’écriture, laissant notamment des passages entiers à la discrétion des cinéastes pour créer des atmosphères troubles. Il n’en demeure pas moins certain de l’importance vitale des scénaristes et Gastaldi estime que ce sont eux les vrais créateurs des films. On peut ensuite consulter un diaporama et deux bandes-annonces, ainsi que le générique anglais du film. Ces nouveaux suppléments sont présents à la fois sur le DVD et le blu-ray.

Les suppléments de 2006 de retour uniquement sur le blu-ray

Cependant, l’éditeur a donné l’exclusivité au blu-ray pour tous les bonus datant de 2006. On ne mentira pas en disant qu’ils sont souvent redondants, notamment l’entretien avec Edoardo Margheriti (10min), le fils du cinéaste et celui avec Luigi Cozzi (15min) qui ne nous apprennent rien de bien nouveau. Au cœur de la copieuse intervention d’Alain Petit (42min), le cinéphile trouvera en revanche des détails sur son exploitation française tardive par un distributeur qui achetait des films « en gros » et se souciait peu du service après-vente. Ainsi, La sorcière sanglante est arrivée trop tardivement dans les salles françaises malgré son petit succès italien, et le métrage est resté confiné à deux salles de quartier pour son exploitation dans la capitale, qui plus est en plein mois d’août.

Enfin, on apprécie l’intervention de la conférencière Anne Ferlat sur la dimension historique de la sorcellerie et ses liens avec le chamanisme (17min), même si la chercheuse ne semble pas très à l’aise devant la caméra et que son flot de parole quelque peu chaotique parasite un peu son discours, par ailleurs passionnant.

L’image du blu-ray : 3 / 5

Cette nouvelle édition de La sorcière sanglante s’impose comme largement supérieure à la précédente en termes de définition. Pour autant, la perfection de Danse macabre n’est pas de la partie cette fois-ci car le master proposé présente encore de nombreux défauts. Tout d’abord, certains plans apparaissent encore comme un peu flous, certains noirs n’ont pas suffisamment de profondeur et donnent l’impression d’un léger voile sur certaines séquences sombres.

Enfin, une bonne dizaine de plans présentent encore des traces de zébrures qui démontrent que la copie utilisée devait être très fatiguée. Cela ne constitue pas en soi un repoussoir, mais on est en droit d’être légèrement déçus par rapport aux copies superbes des autres éditions, y compris celle du moins célèbre Un ange pour Satan, nettement supérieure. Si cette édition est la meilleure disponible en France actuellement, une marge de progrès en encore possible.

Le son du blu-ray : 3 / 5

Le métrage est proposé en Linear PCM 2.0 mono VOSTF et VF pour un résultat inégal entre les deux pistes. Notre préférence va immédiatement à celle en version originale italienne qui propose un rendu équilibré, avec des voix bien posées, un arrière-plan sonore clair et une belle musique de Carlo Rustichelli qui ne sature pas. On ne peut pas en dire autant de la piste française enregistrée pour la sortie de 1970. Si certains doubleurs sont plutôt bons, d’autres ne trouvent guère le ton juste et cela peut se révéler déstabilisant. Par ailleurs, l’ensemble de la piste française souffre d’un léger bruit de fond, constant et désagréable à la longue. Il faut donc impérativement visionner le long métrage en version italienne pour profiter pleinement de ses charmes.

Test blu-ray : Virgile Dumez

La sorcière sanglante, jaquette blu-ray

© 1964 Cinegai S.p.A. / Artus Films / Conception graphique : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

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La sorcière sanglante, l'affiche

Bande-annonce de La sorcière sanglante (VF)

Epouvante-horreur, Gothique

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