La première balle tue : la critique du film (1957)

Western | 1h29min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
La première balle tue, l'affiche

  • Réalisateur : Russell Rouse
  • Acteurs : Ray Saunders, Broderick Crawford, Glenn Ford, Christopher Olsen, Jeanne Crain, Russ Tamblyn
  • Date de sortie: 19 Juin 1957
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Fastest Gun Alive
  • Titres alternatifs : Die erste Kugel trifft (Allemagne) / Llega un pistolero (Espagne) / A Vida ou a Morte (Portugal) / Najszybszy strzelec (Pologne) / La pistola sepolta (Italie) / El pistolero invencible (Chili) / Gatilho Relâmpago (Brésil)
  • Année de production : 1956
  • Scénariste(s) : Frank D. Gilroy, Russell Rouse, d'après la nouvelle The Fastest Gun Alive écrite par Frank D. Gilroy
  • Directeur de la photographie : George J. Folsey
  • Compositeur : André Prévin
  • Société(s) de production : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
  • Distributeur (1ère sortie) : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Warner Bros. Entertainment France (DVD, 2007)
  • Date de sortie vidéo : 3 octobre 2007 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 823 756 entrées / 208 172 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : 1,3 M$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Noir et Blanc / Son : Perspecta Stereo
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Roger Soubie
  • Crédits : © 1956 Turner Entertainment Co.
Note des spectateurs :

Belle réflexion sur la violence de l’Ouest américain, La première balle tue est un western intéressant et mature qui bénéficie d’un script ambitieux. A redécouvrir.

Synopsis : George Temple est un citoyen modèle qui, suite à une promesse faite à sa femme, dissimule sa véritable identité. Il est en réalité un redoutable tireur. Lassé des sarcasmes de ses amis qui le prennent pour un couard, il révèle ses talents devant la foule ébahie. Malheureusement pour lui, Vinnie Harold, autre tireur émérite, passe par-là…

Un western qui s’interroge sur la légitimité de la violence dans l’Ouest américain

Critique : En 1956, le cinéaste Russell Rouse s’est fait une petite réputation dans le domaine du film noir grâce à plusieurs titres intéressants, dont un New York Confidentiel (1955) qui a osé aborder le thème de la mafia de plein fouet. Désireux de se diversifier, le cinéaste, également scénariste de formation, choisit de se pencher sur une nouvelle de Frank D. Gilroy (père des réalisateurs Dan et Tony Gilroy). Cette histoire l’amène ainsi à aborder un genre qu’il ne connaît pas encore, à savoir le western.

Toutefois, Russell Rouse ne compte pas livrer un pur produit de plus au cœur d’une production pléthorique. Loin de se conformer au cahier des charges attaché habituellement au genre, il entend avant tout réfléchir sur la notion de violence. Effectivement, contrairement à ce qui est souvent écrit, le western américain n’a pas attendu l’arrivée des productions italiennes pour connaître une mue vers une plus grande maturité. Dès les années 50, de nombreux westerns ont commencé à développer une forme de révisionnisme. L’évolution la plus marquante est celle réservée au traitement des Indiens qui commencent à être mieux considérés (La flèche brisée, Daves, 1950). Mais une réflexion sur la mythologie de l’Ouest est également engagée (L’homme qui tua Liberty Valance, Ford, 1962), tandis que les ravages de la violence sont auscultés, y compris dans des séries B. Parmi ces œuvres réflexives, on peut donc inclure La première balle tue (1956).

Un Américain respectable peut-il rejeter l’usage des armes ?

Ainsi, Russell Rouse développe ici une analyse sur l’impact de la présence des armes à feu dans la société américaine, et ceci plusieurs décennies avant Impitoyable (1992) de Clint Eastwood. Alors que le film semble se conformer au moule classique dans son premier quart d’heure, avec notamment un duel initial qui place la barre assez haut, la suite ne se déroule jamais vraiment comme on l’attend. Ainsi, le personnage mystérieux incarné avec fièvre et intériorité par Glenn Ford n’est jamais le moteur de l’action, mais se contente de réagir aux événements qui l’entourent.

Dans cette petite communauté (située dans un petit village perdu), les hommes perpétuent l’image traditionnelle du bon Américain courageux, fier de posséder des armes pour défendre sa famille et son lopin de terre. Au milieu d’eux, George Temple (Glenn Ford, donc) ne correspond pas au moule puisqu’il refuse de boire de l’alcool et ne porte pas d’arme à feu. On apprendra au fur et à mesure du film que cela est lié à un serment fait à son épouse (Jeanne Crain, un peu transparente ici), car George Temple est en réalité un tireur redoutable. Dans cette Amérique pionnière, les tireurs ne cessent de se mesurer les uns les autres, apportant avec eux violence et désolation. Pourtant, sur la pression de ses concitoyens, George Temple va faire son « coming out » en faisant une démonstration de tir qui initie le drame futur.

De l’acuité psychologique avant tout

Le cinéaste touche juste lorsqu’il décrit avec minutie cette petite ville unie par des valeurs communes et une volonté de se serrer les coudes dans l’adversité. Toutefois, il démontre aussi sans lourdeur à quel point cette culture de la violence charrie avec elle des tourments. Certes, l’arrivée du méchant tireur incarné par Broderick Crawford va obliger le héros à prendre ses responsabilités et à user de ses talents. Toutefois, le cinéaste insiste sur les conséquences désastreuses que peuvent avoir sur une communauté l’usage de la violence.

Réalisé avec efficacité – alors même que le film est dépourvu de scène d’action – La première balle tue a le grand mérite d’offrir au spectateur un western qui tranche avec la production habituelle de l’époque et intéresse de bout en bout par une belle acuité psychologique.

Des acteurs au meilleur de leur forme

Au passage, on notera la présence plutôt incongrue d’une séquence dansée, menée tambour battant par l’impressionnant Russ Tamblyn. Si la séquence  (assez longue) peut étonner, elle s’intègre finalement logiquement dans la description d’une petite ville tranquille où règne la joie de vivre. D’un point de vue purement cinématographique, elle a surtout permis à Russ Tamblyn d’être repéré du grand public, ce qui lui permettra d’incarner par la suite Les aventures de Tom Pouce (Pal, 1958) et surtout d’obtenir le rôle dansé de Riff dans West Side Story (Wise, 1961).

Dans le rôle principal, Glenn Ford s’avère vraiment bon et sa confrontation avec Broderick Crawford lors de la séquence finale est intéressante. On notera pour l’anecdote que les deux hommes passèrent leurs soirées ensemble durant le tournage, puisque tous deux étaient de notoires piliers de bar.

Joli succès aux Etats-Unis, La première balle tue a connu une carrière correcte en France avec 823 756 entrées dans l’Hexagone. Même si le film est quelque peu oublié, il mérite amplement d’être redécouvert, comme un témoignage de l’évolution du genre vers davantage de maturité.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 19 juin 1957

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La première balle tue, l'affiche

© 1956 Turner Entertainment Co. / Affiche : © Roger Soubie. Tous droits réservés.

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