La lutte des classes : la critique du film (2019)

Comédie, Comédie Sociale | 1h43min
Note de la rédaction :
7.5/10
7.5
Affiche de La Lutte des classes de Michel Leclerc

Note des spectateurs :

Une brillante réflexion sur le vivre-ensemble en temps de repli communautaire où les clichés bobos sont savoureusement moqués sans arrière-pensée moralisatrice. La valeur humaine de cette Lutte des classes est très élevée. Michel Leclerc, après Le nom des gens, fait encore mouche.

Synopsis : Sofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocate d’origine maghrébine, a grandi dans une cité proche. Lui, batteur punk-rock et anar dans l’âme, cultive un manque d’ambition qui force le respect ! Comme tous les parents, ils veulent le meilleur pour leur fils Corentin, élève à Jean Jaurès, l’école primaire du quartier. Mais lorsque tous ses copains désertent l’école publique pour l’institution catholique Saint Benoît, Corentin se sent seul. Comment rester fidèle à l’école républicaine quand votre enfant ne veut plus y mettre les pieds? Pris en étau entre leurs valeurs et leurs inquiétudes parentales, Sofia et Paul vont voir leur couple mis à rude épreuve par la « lutte des classes ».

La couleur des gens

Critique : Gentrification, bien-pensance de Gauche, une réalité. Communautarisme, retour des pratiques religieuses, une autre réalité. Face à ces deux situations qui déplaisent et nourrissent préjugés et insultes, Michel Leclerc, le plus bobo des nos réalisateurs depuis sa jeunesse “télé-pirate” des années 90, qu’il racontait dans le truculent Télé Gaucho, et qui s’est fait un nom au cinéma avec le pas très Sarko Le nom des gens, en 2009, est conscient de qui il est et des dérives autour de ceux qui l’entourent. Prêcher pour sa paroisse laïque, c’est aussi accepter la complexité d’une situation que certains pourraient dépeindre comme favorable à l’insertion sociale, à la mixité, mais qui, in fine, crée bien des incompréhensions et des heurts. Bref, Michel Leclerc s’attaque aux chimères de la mixité sociale.

Cette mixité, contrainte par le prix des loyers parisiens qui poussent les jeunes familles à déborder en proche banlieue, crée dans cette comédie franche, culottée, mais jamais insultante ou moralisatrice, bien des embarras, notamment quand la marmaille de familles blanches et ouvertes d’esprit, se retrouve dans des écoles ghettoisées et précaires. Ces “Gauchos” bien comme il faut découvrent alors que leurs enfants subissent le basculement dans la minorité, notamment religieuse… C’est que les fils d’athées sont peut-être les seuls en classe à être issus d’un environnement non-croyant. Idem par rapport aux idées de bienveillance assénées à cette jeunesse d’un Paris chaleureux… Il faut accepter toutes les différences, y compris celles des hommes qui se marient avec d’autres hommes, alors qu’on n’est pas forcément pro mariage qui est la réalisation d’un diktat religieux et d’un système passéiste…

La lutte des classes en 2019, Marx ou Charlie?

Alors Michel Leclerc s’amuse. Il met en scène des parents qui essaient d’user de passe-droits pour parachuter leur mômes dans des écoles privées ou d’autres quartiers mieux nantis… Et quand on parle du personnage de vieux rockeur qui prend conscience de sa propre obsolescence, joué par Edouard Baer, l’association des mots “écoles” et “privées” sonne comme une injure qui prend tout son sens lorsque le directeur de l’un de ses établissements bien sous-tous rapports découvre sur Youtube la vidéo de jeunesse de son groupe injuriant le pape…

Le phénomène de gentrification est solidement commenté, dans un réalisme cosmopolite que l’on ne connaît que trop bien. Sauf que le réalisateur dézingue les clichés sans trop d’embarras, car jamais il ne se rabaisse à juger et à trahir son amour pour le genre humain, pour l’entraide et la communauté, dans le sens noble du terme. Car ce qu’il aime avant tout, c’est le brassage, le mélange, la grande partouze de cultures qui ne veut pas forcément s’excuser pour avoir blasphémé.

Sa “lutte des classes” version 2019, ce n’est plus Marx, mais plutôt Charlie qui l’habite, avec finesse et une grosse dose d’autodérision. Avec ses acteurs irrésistibles, elle compte parmi ses meilleurs films.

Frédéric Mignard

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Sorties de la semaine du mercredi 3 avril 2019

Affiche de La Lutte des classes de Michel Leclerc

Copyright :Chaocorp Productions, Scope Pictures,, Karé Production, UGC Images, Orange Studio / Photos : Eddy Brière

Box-office :

Avec un total de 454 000 spectateurs, La lutte des classes est le deuxième meilleur score de Michel Leclerc en France après Le nom des gens qui avait trouvé 822 827 votants en 2010, révélant le talent d’un auteur qui sera rarement récompensé. Télé Gaucho en 2012 ne trouva que 105 000 téléspectateurs, La vie très privée de Monsieur Sim avec Jean-Pierre Bacri s’était arrêté à 262 000 passagers. Plus récemment le film d’animation Pingouin & Goéland et leurs 500 petits avait été victime de la COVID et avait niché seulement 16 000 oisillons dans son lit quand Les goûts et les couleurs en 2022 n’a même pas atteint les 70 000 spectateurs.

La lutte des classes a connu une belle carrière sur deux mois, avec une première semaine à 150 000 spectateurs sur 215 salles et un maintien satisfaisant jusqu’en 7e semaine où la perte de 77 écrans s’est traduite par une chute de 58% de sa fréquentation.

En 2e semaine, La lutte des classes encadrait encore 93 000 parents d’élèves (+ 19 écrans) et ne perdait donc que 38% de sa présentation. Les 3e (61 348 entrées, -34%) et 4 semaines (57 000, -7%) ont démontré l’intérêt du public pour cette comédie réussie.

Frédéric Mignard

Biographies +

Michel Leclerc, Edouard Baer, Ramzy Bedia, Claudia Tagbo, Maud Wyler, Eye Haïdara, Leïla Bekhti, Baya Kasmi, Laurent Capelluto

Mots clés :

Comédie sociale, Comédies sociales françaises, Feel-good movie, Films sur la banlieue, L’école au cinéma

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Affiche de La Lutte des classes de Michel Leclerc

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