Synopsis : Sœur Helen se consacre à l’éducation des enfants défavorisés d’un quartier noir de La Nouvelle-Orléans. Un jour, elle reçoit une lettre écrite par un certain Matthew Poncelet, condamné à mort pour le viol et l’assassinat d’une jeune fille et de son ami. Sensible à la souffrance manifeste de son correspondant, sœur Helen se rend au pénitencier et y rencontre Poncelet. Celui-ci clame son innocence. Son appel n’en est pas moins rejeté, ainsi que sa demande de grâce. Soeur Helen lui rend fréquemment visite. Au fil de leurs rencontres, elle prend peu à peu conscience de l’insoutenable horreur de la peine de mort, tandis que Poncelet s’ouvre de son côté aux remords et à la grâce…
Critique : Trois ans après avoir réalisé un premier film qui égratignait sérieusement la vie politique américaine (Bob Roberts en 1992), l’acteur Tim Robbins retourne derrière la caméra afin de livrer un réquisitoire implacable contre la peine de mort qui sévissait encore dans la plupart des Etats américains d’alors. En s’inspirant du livre autobiographique de la religieuse Helen Prejean intitulé Dead man walking, l’acteur, également scénariste, évite la plupart des pièges d’un tel sujet en ne cherchant nullement à excuser les actes abominables commis par le condamné à mort. Donnant la parole à tous les protagonistes du drame, l’auteur permet à chacun de réfléchir à la validité du châtiment ultime, en son âme et conscience. Jamais moralisateur, La dernière marche ausculte aussi bien la douleur des familles des victimes (que le cinéaste ne cherche aucunement à minimiser), que les circonstances qui ont pu mener un être humain à se comporter comme un monstre. Au lieu de s’apitoyer sur le condamné à mort en en faisant un aimable innocent, Tim Robbins a préféré donner la parole à un raciste inculte adepte du nazisme, renforçant ainsi son plaidoyer contre l’horreur de la peine de mort. En démontrant que la machine judiciaire se rend elle aussi coupable d’un abominable crime, froid et longuement prémédité, Tim Robbins s’engage fortement contre toute forme d’intolérance et contre un Etat qui se rabaisse au rang de ceux qu’il assassine avec le consentement des concitoyens.
Avec beaucoup de pudeur et en prenant soin de laisser s’exprimer chaque personnage, La dernière marche dresse un portrait sans concession d’une Amérique intolérante et violente par nature. En cela, la dernière demi-heure qui relate chaque étape de l’exécution est particulièrement brillante puisqu’elle plonge le spectateur dans une ambiance pesante et étouffante où, par la grâce d’un habile montage parallèle, est placé sur le même plan l’odieux forfait du condamné et sa mise à mort par l’Etat.
Si la réalisation de Tim Robbins est très correcte, mais classique, on retiendra davantage son remarquable travail de directeur d’acteurs. Susan Sarandon trouve là son rôle le plus marquant (qui lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice) face à un Sean Penn qui confirmait ici tous les espoirs placés en lui depuis déjà une dizaine d’années. Leur duo, profondément attachant et bouleversant, fait toute la force d’un long-métrage assez exemplaire, même si on peut tout de même regretter l’emploi d’une musique légèrement trop mélodramatique dans les dernières minutes, là où le silence aurait suffi.
Beau succès de l’année 1996, La dernière marche demeure à ce jour l’un des meilleurs films sur la peine de mort et reste, malheureusement, toujours d’actualité à l’échelle planétaire, aux Etats-Unis (voir L’état du Texas contre Melissa), évidemment, mais également plus proche de chez nous en Afrique où les lois anti LGBT se sont parfois arquées contre les droits humains, voire sur les réseaux sociaux, devenus espaces de mort sociale prônés par tous ceux que condamnaient Penn, Robbins et Sarandon en leur temps.
Trente ans plus, on ne les a pas oubliés.
L première édition HD de La dernière marche était techniquement passable et terriblement décevante au niveau des bonus.
Si l’éditeur propose un commentaire audio de Tim Robbins, celui-ci n’a pas pris la peine de le sous-titrer, ce qui le réserve donc aux anglophones avertis. Quel dommage ! Il ne reste donc qu’une petite bande-annonce et le fait d’avoir la version DVD dans le même boîtier pour un prix modique.
Même si l’image est de bonne qualité, ne laissant apparaître aucun défaut de compression ou la moindre tache ou griffure, on reste déçu par le rendu global qui ne s’approche que très rarement des exigences de la haute-définition. On a surtout l’impression d’assister à la projection d’un très bon DVD.
Là encore, le rendu de La dernière marche en version originale de la piste en 5.1 DTS-HD Master Audio est globalement correct, mais on cherche en vain une réelle spatialisation, la plupart des informations venant des enceintes avant. Quant à la version française, elle n’est proposée qu’en stéréo, ce qui est tout de même un comble.
Critique et test blu-ray de Virgile Dumez
Tim Robbins, Susan Sarandon, Sean Penn, Clancy Brown, Robert Prosky, Peter Sarsgaard, Scott Wilson, Margo Martindale, Lois Smith, R. Lee Ermey