La dame rouge tua 7 fois est un petit giallo imparfait qui ne trouvera grâce qu’auprès des aficionados de ce genre typiquement transalpin. L’ensemble demeure sympathique à découvrir.
Synopsis : Au cours d’une dispute dans le jardin du château familial, Kathy Wildenbrück tue sa soeur Evelyne. Peu après, un étrange personnage vêtu de rouge assassine des proches de Kathy. Des témoins affirment avoir reconnu Evelyne qui est pourtant morte. Ceci serait la continuation de la malédiction qui touche la dynastie des Wildenbrück : tous les cent ans, la » Dame rouge » possèderait le corps d’un membre de la famille, l’obligeant ainsi à tuer sept personnes.
Emilio Miraglia, un cinéaste quelconque
Critique : Le réalisateur Emilio Miraglia (né en 1924) n’a pas vraiment laissé une empreinte indélébile sur le cinéma italien puisque celui-ci a avant tout été assistant-réalisateur dans les années 50 avant de se laisser tenter par la réalisation le temps de six longs métrages tournés sur une courte période entre 1967 et 1972. A partir de cette année-là, il disparaît carrément des radars et semble donc avoir abandonné le cinéma, avant de décéder prématurément en 1982 à l’âge de 58 ans. Il reste surtout dans la mémoire des cinéphiles avertis pour avoir tourné deux gialli au début des années 70, le sympathique L’appel de la chair (1971) avec Anthony Steffen et cette Dame rouge qui tua 7 fois (1972) qui fut également son chant du cygne cinématographique.
Il faut dire que le cinéaste reprend les mêmes recettes qui ont fait la réussite de L’appel de la chair, à savoir une intrigue tortueuse à base de machination (et accessoirement de tentative d’accaparement d’un héritage), tout en montrant un goût certain pour l’horreur gothique. Si le premier film faisait même la part belle à une ambiance sadomasochiste assez plaisante, La dame rouge tue 7 fois paraît en cela bien plus sage, ce qui risque de décevoir les amateurs de ce type de productions généralement connues pour leurs excès graphiques.
Peu d’excès graphiques dans un ensemble trop sage
Ici, les sept meurtres qui sont égrenés durant la totalité de la projection manquent singulièrement de panache, la plupart étant réalisés avec une dague qui ne laisse qu’une trace de sang sur les corps. Le réalisateur tente bien de nous faire croire pendant un certain temps à une vengeance d’outre-tombe, mais les ficelles employées éventent quasiment cette option au point que le spectateur comprend assez rapidement qu’une explication rationnelle viendra mettre un ordre – tout relatif – dans ce qui se déroule à l’écran.
© 1972 RTI / © 2021 Artus Films ; Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.
Finalement plombé par une intrigue absurde, le long-métrage pâtit de plusieurs autres défauts dont une réalisation inégale. Pas toujours doué au niveau de ses cadrages, Miraglia semble avoir tourné l’ensemble dans une urgence apparemment très mauvaise conseillère. Certaines scènes frisent ainsi la sortie de route à cause d’un mauvais placement de caméra, ce qui n’est pas aidé par une interprétation parfois fragile. On pense notamment au casting masculin, franchement peu charismatique (l’inspecteur de police incarné par Marino Masé est particulièrement insipide, de même que le héros fade interprété par Ugo Pagliai).
Un bon casting féminin qui assure le show
A ce niveau, le casting féminin semble mieux servi. Ainsi, la belle Barbara Bouchet s’en tire plutôt bien, de même que Marina Malfatti et Sybil Danning qui imposent leurs personnages avec une certaine autorité et un charme indéniable, d’autant que le cinéaste n’hésite pas à dévoiler leur plastique avenante. Malgré quelques passages gothiques se situant dans les souterrains de la demeure familiale, le réalisateur a ancré le reste de son film dans des décors seventies très psychédéliques qui sont terriblement datés.
Malgré ses nombreux défauts, ce petit giallo de série assez banal se regarde avec un certain plaisir grâce à la bande-son concoctée par l’excellent Bruno Nicolai qui parvient à sublimer des images quelconques. Le bisseux qui sommeille en nous trouvera donc des circonstances atténuantes à cet objet imparfait sorti initialement en province dès le mois de janvier 1973. Après avoir effectué un tour de France, La dame rouge tua 7 fois s’est invitée à Paris à partir du mercredi 28 novembre 1973 grâce au distributeur Univers Galaxie.
Une exploitation complexe
Par la suite, La dame rouge tua 7 fois a été reprise sous le titre équivoque Jeux de corps durant l’année 1980, époque où les distributeurs n’hésitaient pas à présenter des œuvres plus anciennes sous des titres affriolants, et parfois même caviardées de scènes olé-olé.
Les fans du genre ont surtout pu découvrir le long métrage en VHS à partir de 1983 lui vouant petit à petit un culte que l’on peut trouver exagéré tant le giallo manque de réel intérêt, à l’image du reste de la carrière peu enthousiasmante du cinéaste. Désormais, La dame rouge tua 7 fois est édité par Artus Films (le 7 du titre a été changé en sept) dans un combo DVD / Blu-ray de très bonne tenue qui permet de redécouvrir le métrage dans d’excellentes conditions. Ainsi, les images chatoyantes d’Alberto Spagnoli ressortent grandies de la restauration, tandis que le cadre germanique de l’intrigue peut séduire l’œil. L’intrigue, elle, est toujours aussi extravagante et incohérente.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 28 novembre 1973
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Biographies +
Emilio Miraglia, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Sybil Danning, Marino Masé, Barbara Bouchet, Pia Giancaro
Mots clés
Cinéma bis italien, Giallo, Artus Films, Les tueurs fous au cinéma