Vision bourgeoise, chic et pop de la liberté de la femme quinquagénaire, I Love America de Lisa Azuelos a les qualités de ses défauts, beaucoup de travail, sa propre vision de cinéma, mais également une incapacité à universaliser les blessures de l’âme dans sa retranscription d’un mode de vie assumé comme doré et superficiel.
Synopsis : Lisa décide de changer de vie en quittant Paris pour Los Angeles. Ses enfants ont quitté le nid familial et sa célèbre mère, absente durant toute sa vie, vient juste de mourir : Lisa a donc besoin d’un nouveau départ ! Elle y retrouve son meilleur ami Luka qui a réussi sa carrière aux Etats-Unis en montant un célèbre bar de drag queens mais sa vie sentimentale est aussi compliquée que foisonnante. Luka se donne pour mission d’aider Lisa à relancer sa vie sentimentale éteinte depuis trop longtemps en lui créant un profil sur un site de rencontres. Entre des rendez-vous gênants et une histoire inattendue avec John, Lisa comprend que la véritable rencontre est avec elle-même, si elle arrive à pardonner à celle qui fut son premier amour… sa mère.
I Love America : l’Amérique de Lisa Azuelos
Critique : Dans I Love America, la réalisatrice Lisa Azuelos propose un film aux échos autobiographiques, s’inspirant de sa relation difficile avec sa mère, l’actrice et chanteuse Marie Laforêt, et de son besoin de s’expatrier aux USA, lors de ses 50 ans franchis, pour une parenthèse enchantée sur des plateformes de rencontre et de liberté.
Pour interpréter à l’écran son rôle, celui de Lisa, qui de mieux que son amie et alter égo Sophie Marceau? L’actrice revient consolider leur complicité, après le succès générationnel de LOL, et l’échec d’Une rencontre, deux étapes de la vie de la cinéaste qui aime partager à l’écran ses expériences de femme et de mère.
Pacific Palisades 2 : la revanche
Pour Sophie Marceau, l’heure est à la revanche. L’actrice terriblement embourgeoisée dans ses derniers films, et en particulier dans son nouveau personnage au ton monocorde, semble venir faire un pied de nez à sa première aventure californienne, le désastreux Pacific Palisades, unique long métrage du clippeur Bernard Schmitt qui retourna illico filmer Johnny Hallyday. Dans le nanar d’un autre temps, Marceau toute jeune (1990) débarquait à Los Angeles, sur fond de musique composée par Jean-Jacques Goldman, pour un job et goûter à la romance.
Les années ont passé, Marceau joue le demi-siècle en femme plus forte loin de la petite Frenchy qu’elle a pu être. L’expérience aide, on sent le détachement du personnage et de la comédienne face aux choses de la vie : la complicité avec le meilleur ami homosexuel à l’humour bitchy dont s’accommode bien Lisa, un cadre luxueux qui semble vouloir vendre du rêve, mais qui s’étale dans les clichés que son personnage ne peut et ne veut contenir, des expériences Tinder qui font sourire tant elles sont anodines pour un spectateur contemporain, et in fine, un Californian lover dont la jeunesse et la beauté sont façonnés pour convier à un happy-ending irréel qui n’arrive qu’au cinéma ou aux très belles femmes de 50 ans qui peuvent se permettre de le rester grâce au statut social qui épargne les tracas ingrats de la vie, ceux qui marquent les visages.
Dans ce sens, I Love America semble fait pour vivre une tournée promotionnelle dans les magazines féminins et les plateaux de télévision qui titreront leur admiration tout aussi clicheton face au naturel de Sophie Marceau que l’on trouvera de notre côté plus sophistiquée que naturelle à l’écran.
Les choix de Sophie
Pourtant le film est loin d’être le désastre souvent redouté. Lisa Azuelos est une cinéaste qui a toujours des idées de réalisation et une vision pop du cinéma qui, même pour Amazon Prime Vidéo, ne tombe pas dans le simplisme téléfilmesque. L’auteure a de l’humour, trop probablement, quand on aurait aimé plus de profondeur dans son traitement de ses relations difficiles avec sa mère vedette dont la mort devient à l’écran une vraie libération pour le personnage de Marceau.
Et puis Sophie Marceau, même monocorde et superficielle dans son bain de clichés, on continue à bien l’aimer, pour le souvenir du temps où elle était passionnée. Les choix de Sophie aujourd’hui (De l’autre côté du lit, Mme Mills, une voisine si parfaite, Un bonheur n’arrive jamais seul, Tu veux… ou tu veux pas?…) ne nous impressionnent plus, même quand elle est chez Ozon, mais l’on reste toujours curieux et admiratif face à la carrière.
Diffusion seulement en streaming à partir du 11 mars 2022
© 2022 Amazon Studios