Scorsese à la direction d’un film pour enfants ? Que nenni ! Plutôt à la tête d’un hommage universel et intemporel à la magie du 7e art et à ses créateurs… Méliès le premier. Hugo Cabret est une déclaration d’amour au cinéma virtuose.
Synopsis : Dans le Paris des années 30, le jeune Hugo est un orphelin de douze ans qui vit dans une gare. Son passé est un mystère et son destin une énigme. De son père, il ne lui reste qu’un étrange automate dont il cherche la clé – en forme de cœur – qui pourrait le faire fonctionner. En rencontrant Isabelle, il a peut-être trouvé la clé, mais ce n’est que le début de l’aventure…
Critique : Le Scorsese de Hugo Cabret n’est pas celui des Affranchis ou de Shutter Island. Non, il s’agirait davantage de l’éminent historien du septième art qui veille à la restauration du patrimoine cinématographique à travers la World Cinema Foundation qu’il a fondée. A la réalisation de l’adapation du roman de Brian Selnick, on retrouve le cinéphile absolu qui appose à sa passion pour le cinéma de genre celle pour des cinématographies variées, quelles soient contemplatives, de l’Europe de l’Est, ou documentaires sur les grandes figures du jazz, jusqu’à son amour inconditionnel pour le cinéma muet.
Loin du blockbuster familial avec rebondissements effarants et courses poursuites palpitantes (ce n’est pas la trahison du Tintin de Spielberg), son incursion dans le domaine du film pour mômes, est surtout un magnifique hommage, non seulement au 7e art, mais surtout à la magie du 7e art, et à tous ses artisans. Dans un Paris mythique, idéalisé à coup de clichés de carte postale qui, attention, caressent notre bienveillance tellement la reconstitution confine au sublime, il met en scène le monde de l’artisanat, à travers l’orphelin Hugo de Montparnasse, bossu sans bosse, qui vit dans les coulisses de la gare, à l’abri des regards, remontant les mécanismes complexes de l’horlogerie des lieux, tout en reconstituant un étrange automate, seul héritage d’un père (Jude Law, présent pour une scène unique) parti trop tôt.
Hugo Cabret est un objet d’orfèvrerie
Avec les technologies de notre époque (la 3D relief, donc, et les images de synthèse) qu’il manie comme peu d’experts ont su le faire jusqu’à présent au cinéma, il va percer l’un des mystères les plus incroyables qu’on ait vu depuis longtemps au cinéma, un mystère sans monstre, et sans pathos, sans violence et sans méchant, où l’art, l’humanité et l’Histoire se recoupent pour culminer en quelque-chose proche du chef d’oeuvre personnel et du biopic non déclaré.
Affiche : © Siam Seznec pour Troïka. © 2011 GK Films, LLC. Tous droits réservés / All rights reserved
Son amour pour l’époque (l’entre-deux guerres parisien), c’est avant tout celui du cinéma qui a bercé son enfance, des tours de magie devant la caméra des plus grands prestidigitateurs, dont ici, il rend, nombreux extraits à l’appui, un hommage sans équivoque.
Leçon de cinéma incroyable qui enseigne aux contemporains le sens et la place des technologies au sein du 7e art, déclaration d’amour sans limite pour l’art de l’illusion des plus grands auteurs/techniciens/magiciens du premier quart de siècle passé, Méliès le premier, Hugo Cabret est un bijou de cinéphilie insoupçonné, maquillé en apparence en film pour enfants, mais qui saura parler à toutes les générations sans exception. Du pur cinéma intemporel et universel, comme on en voit à peu près jamais ! Alors précipitez-vous, cela sort le 14 décembre et cela sera le seul film de Noël vraiment digne pour les fêtes.
Box-office d’Hugo Cabret : un échec spectaculaire, même en France
Affiche : © Siam Seznec pour Troïka. © 2011 GK Films, LLC. Tous droits réservés / All rights reserved
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