Moins politique que beaucoup de films du cinéaste, Goodbye & Amen déçoit sur ce plan, mais offre tout de même un huis clos tendu porté par des acteurs excellents et une musique dynamique. Intéressant à découvrir, même si en-deçà des meilleurs Damiani.
Synopsis : Un ancien GI, un peu déséquilibré, tue deux personnes et prend un couple en otage dans un grand hôtel de Rome, en se faisant passer pour un agent de la CIA, et perturbe ainsi un projet d’assassinat d’un dirigeant africain…
Goodbye & Amen, véritable brûlot politique ou simple film de genre ?
Critique : Toujours fidèle au réalisateur Damiano Damiani qui lui a apporté bon nombre de succès commerciaux, le producteur Mario Cecchi Gori accepte de financer le nouveau thriller du maître du poliziottesco à portée politique. Avec Goodbye & Amen (1977) – titre passe-partout dont on peine à comprendre la raison d’être – le cinéaste engagé et son coscénariste Nicola Badalucco entendent dénoncer les ingérences de la CIA dans les affaires des pays étrangers. Ainsi, le début du long-métrage insiste sur les nombreux complots fomentés par l’agence secrète américaine afin de déstabiliser les Etats africains. Le spectateur féru des œuvres du cinéaste s’attend donc à un brûlot politique visant la politique extérieure des Etats-Unis.
Pourtant, au bout d’un bon quart d’heure, le scénario effectue une volte-face étonnante puisque le métrage se transforme en une classique prise d’otages au cœur d’un grand hôtel par un fou (toujours excellent John Steiner) qui a sans aucun doute un but derrière la tête, dont le spectateur ignore tout. Dès lors, Goodbye & Amen devient un suspense à huis clos qui crée une certaine tension entre le preneur d’otages et ses victimes. Parallèlement, le spectateur est invité à suivre les efforts de la police italienne pour régler le problème, tandis que le chef local de la CIA – un Tony Musante un peu trop en retrait – essaye de tirer profit de la situation. Ce sont ces scènes du côté de la police qui alourdissent le film et ne lui apportent pas grand-chose de plus.
Un huis clos sauvé par une excellente dernière demi-heure
On préfère donc largement les moments de tension dans la chambre d’hôtel grâce à la prestation très convaincante de la star internationale Claudia Cardinale, mais aussi par le bel aplomb de John Forsythe dont le jeu retenu tranche idéalement avec celui plus fiévreux de John Steiner. Enfin, le bellâtre Gianrico Tondinelli est parfaitement à sa place en minable acteur de série B dont le physique avantageux s’accorde mal avec sa couardise. Pourtant, cette partie à huis clos dure sans doute un peu trop longtemps et une certaine lassitude s’installe, au point de perdre notre attention.
Fort heureusement, la dernière demi-heure constituée par le sauvetage des otages est à nouveau passionnante, d’autant qu’un twist vient s’immiscer au cœur d’une intrigue finalement plus complexe que prévue. Damiano Damiani dénonce à nouveau les agissements peu légaux d’une agence de renseignement qui voit son intérêt en premier, au détriment de toute vie humaine. Comme à son habitude, le réalisateur termine son film sur une note pessimiste et amère qui vient relever l’ensemble et compenser les quelques errements narratifs du long-métrage. Le manque apparent d’implication de Tony Musante s’explique in fine par le rôle diffus de son personnage, un homme de l’ombre qui agit toujours en souterrain.
Un film agréable qui fut ignoré en son temps
Ce que le film gagne en efficacité immédiate, il le perd toutefois en profondeur sur le plan politique. Ainsi, on peut affirmer que Goodbye & Amen est le film le moins engagé de son auteur à une époque où il enchaînait les titres de gloire dans ce domaine. Il peut tout de même compter sur une réalisation toujours rondement menée et surtout sur un thème musical immédiatement mémorisable de Guido et Maurizio de Angelis. Leur bande originale est pour beaucoup dans le plaisir ressenti durant la projection de ce huis clos finalement un peu trop classique, mais dont l’ambiance italienne séduit une fois de plus.
Sorti sans grand succès en Italie, Goodbye & Amen est resté inédit en salles en France, si l’on excepte une courte échappée dans les salles alsaciennes en 1983 selon le site Encyclociné. Sans VHS à la clé, on peut donc déclarer sans ambages que l’éditeur Artus exhume une rareté en lui octroyant une place de choix dans son coffret DVD et blu-ray consacré à Damiano Damiani. Si Goodbye & Amen est clairement le moins bon film du coffret, il n’en demeure pas moins estimable.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 19 octobre 1983
Acheter le coffret DVD / Blu-ray sur le site de l’éditeur
© 2023 Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.
Biographies +
Damiano Damiani, Claudia Cardinale, John Steiner, Tony Musante, John Forsythe, Gioia Scola, Renzo Palmer, Sergio Doria, Gianrico Tondinelli