Goodbye & Amen : critique du film et test blu-ray (1983)

Thriller | 1h47min
Note de la rédaction :
6/10
6
Goodbye & Amen, visuel VOD

  • Réalisateur : Damiano Damiani
  • Acteurs : Claudia Cardinale, John Steiner, Tony Musante, John Forsythe, Gioia Scola, Renzo Palmer, Sergio Doria, Gianrico Tondinelli
  • Date de sortie: 19 Oct 1983
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Goodbye & Amen
  • Titres alternatifs : Goodbye und Amen (Allemagne) / Du tar mig aldrig levande (Suède) / Agente doble (Espagne) / O Homem da C.I.A. (Portugal) / Do widzenia i amen (Pologne) / Goodbye és ámen (Hongrie) / Agente Duplo (Brésil)
  • Année de production : 1977
  • Autres acteurs : Angela Goodwin, Anna Zinnemann, Fabrizio Jovine, Wolfango Soldati
  • Scénaristes : Damiano Damiani et Nicola Badalucco
  • Directeur de la photographie : Luigi Kuveiller
  • Compositeurs : Guido et Maurizio de Angelis
  • Monteur : Antonio Siciliano
  • Producteur : Mario Cecchi Gori
  • Sociétés de production : Capital Film, Rizzoli Film
  • Distributeur : Film inédit en France, sauf quelques cinémas en Alsace selon Encyclociné
  • Éditeur vidéo : Artus Films (coffret DVD et blu-ray, 2023)
  • Date de sortie vidéo : 2 mai 2023
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Budget : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique Benjamin Mazure (design coffret 2023) © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : Capital, Rizzoli Film © Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Moins politique que beaucoup de films du cinéaste, Goodbye & Amen déçoit sur ce plan, mais offre tout de même un huis clos tendu porté par des acteurs excellents et une musique dynamique. Intéressant à découvrir, même si en-deçà des meilleurs Damiani.

Synopsis : Un ancien GI, un peu déséquilibré, tue deux personnes et prend un couple en otage dans un grand hôtel de Rome, en se faisant passer pour un agent de la CIA, et perturbe ainsi un projet d’assassinat d’un dirigeant africain…

Goodbye & Amen, véritable brûlot politique ou simple film de genre ?

Critique : Toujours fidèle au réalisateur Damiano Damiani qui lui a apporté bon nombre de succès commerciaux, le producteur Mario Cecchi Gori accepte de financer le nouveau thriller du maître du poliziottesco à portée politique. Avec Goodbye & Amen (1977) – titre passe-partout dont on peine à comprendre la raison d’être – le cinéaste engagé et son coscénariste Nicola Badalucco entendent dénoncer les ingérences de la CIA dans les affaires des pays étrangers. Ainsi, le début du long-métrage insiste sur les nombreux complots fomentés par l’agence secrète américaine afin de déstabiliser les Etats africains. Le spectateur féru des œuvres du cinéaste s’attend donc à un brûlot politique visant la politique extérieure des Etats-Unis.

Pourtant, au bout d’un bon quart d’heure, le scénario effectue une volte-face étonnante puisque le métrage se transforme en une classique prise d’otages au cœur d’un grand hôtel par un fou (toujours excellent John Steiner) qui a sans aucun doute un but derrière la tête, dont le spectateur ignore tout. Dès lors, Goodbye & Amen devient un suspense à huis clos qui crée une certaine tension entre le preneur d’otages et ses victimes. Parallèlement, le spectateur est invité à suivre les efforts de la police italienne pour régler le problème, tandis que le chef local de la CIA – un Tony Musante un peu trop en retrait – essaye de tirer profit de la situation. Ce sont ces scènes du côté de la police qui alourdissent le film et ne lui apportent pas grand-chose de plus.

Un huis clos sauvé par une excellente dernière demi-heure

On préfère donc largement les moments de tension dans la chambre d’hôtel grâce à la prestation très convaincante de la star internationale Claudia Cardinale, mais aussi par le bel aplomb de John Forsythe dont le jeu retenu tranche idéalement avec celui plus fiévreux de John Steiner. Enfin, le bellâtre Gianrico Tondinelli est parfaitement à sa place en minable acteur de série B dont le physique avantageux s’accorde mal avec sa couardise. Pourtant, cette partie à huis clos dure sans doute un peu trop longtemps et une certaine lassitude s’installe, au point de perdre notre attention.

Fort heureusement, la dernière demi-heure constituée par le sauvetage des otages est à nouveau passionnante, d’autant qu’un twist vient s’immiscer au cœur d’une intrigue finalement plus complexe que prévue. Damiano Damiani dénonce à nouveau les agissements peu légaux d’une agence de renseignement qui voit son intérêt en premier, au détriment de toute vie humaine. Comme à son habitude, le réalisateur termine son film sur une note pessimiste et amère qui vient relever l’ensemble et compenser les quelques errements narratifs du long-métrage. Le manque apparent d’implication de Tony Musante s’explique in fine par le rôle diffus de son personnage, un homme de l’ombre qui agit toujours en souterrain.

Un film agréable qui fut ignoré en son temps

Ce que le film gagne en efficacité immédiate, il le perd toutefois en profondeur sur le plan politique. Ainsi, on peut affirmer que Goodbye & Amen est le film le moins engagé de son auteur à une époque où il enchaînait les titres de gloire dans ce domaine. Il peut tout de même compter sur une réalisation toujours rondement menée et surtout sur un thème musical immédiatement mémorisable de Guido et Maurizio de Angelis. Leur bande originale est pour beaucoup dans le plaisir ressenti durant la projection de ce huis clos finalement un peu trop classique, mais dont l’ambiance italienne séduit une fois de plus.

Sorti sans grand succès en Italie, Goodbye & Amen est resté inédit en salles en France, si l’on excepte une courte échappée dans les salles alsaciennes en 1983 selon le site Encyclociné. Sans VHS à la clé, on peut donc déclarer sans ambages que l’éditeur Artus exhume une rareté en lui octroyant une place de choix dans son coffret DVD et blu-ray consacré à Damiano Damiani. Si Goodbye & Amen est clairement le moins bon film du coffret, il n’en demeure pas moins estimable.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 19 octobre 1983

Acheter le coffret DVD / Blu-ray sur le site de l’éditeur

Coffret Damiano Damiani, détails

© 2023 Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Biographies +

Damiano Damiani, Claudia Cardinale, John Steiner, Tony Musante, John Forsythe, Gioia Scola, Renzo Palmer, Sergio Doria, Gianrico Tondinelli

Mots clés

Les prises d’otages au cinéma, Artus Films

Le test blu-ray

Artus Films édite pour notre plus grand plaisir un superbe coffret contenant trois œuvres de Damiano Damiani (Nous sommes tous en liberté provisoire, Comment tuer un juge, Goodbye & Amen) sous le titre Justice, Politique, Corruption, la trilogie de Damiano Damiani. A partir du coffret finalisé, nous traiterons chaque film du coffret séparément.

Compléments & packaging : 4,5 / 5  

Le coffret – superbe – se divise en deux parties : d’un côté le livre Damiano Damiani, un cinéaste se rebelle d’Emmanuel Le Gagne et de l’autre un digipack qui se déplie en trois volets et offre plusieurs superbes affiches du film. Le tout est extrêmement soigné. Le livre revient notamment sur l’ensemble de la carrière du cinéaste, film par film, mais classés de manière thématique. Cela permet à l’auteur de peindre le portrait d’un cinéaste engagé, mais qui n’a jamais accédé au rang des grands auteurs à cause de son implication dans un cinéma de genre à vocation populaire. Le bouquin de 96 pages est en outre richement illustré.

Sur la galette elle-même, l’heureux propriétaire du coffret pourra suivre une présentation de Curd Ridel (18min) où il détaille les carrières de Tony Musante, Claudia Cardinale, John Steiner, Renzo Palmer mais aussi des frères De Angelis. Le bonus le plus intéressant est un nouvel entretien avec le monteur Antonio Siciliano (24min) qui revient en détail sur le film et surtout sur sa façon de travailler avec Damiano Damiani. L’homme se confie également sur les relations professionnelles entretenues avec un homme qu’il a toujours respecté. Il en parle avec une réelle émotion dans la voix, insistant notamment sur la fin de vie difficile du célèbre réalisateur.

L’image du blu-ray : 4,5 / 5

Si l’on excepte le générique de début qui possède une image un peu plus floue, l’ensemble du film resplendit grâce à une image restaurée, à la définition impeccable et aux couleurs chatoyantes. L’ensemble ne souffre d’aucun défaut véritable et assure donc le spectacle.

Le son du blu-ray : 4 / 5

Pas de version française disponible, comme sur l’ensemble du coffret, mais une version italienne sous-titrée en mono qui tient ses promesses. On ne note pas de souffle désagréable et la musique s’intègre parfaitement à l’ensemble sans saturer ou grésiller. Du tout bon donc.

Test du blu-ray de Virgile Dumez

Coffret Damiano Damiani

© 2023 Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

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