Firestarter est un remake cramé sans aucun charme, plombé par le jeu d’un casting fade et par une réalisation sans flamme. Un échec commercial aisément compréhensible.
Synopsis : Depuis plus de dix ans, Andy et Vicky sont constamment entre deux déménagements pour échapper à une agence fédérale obscure qui cherche à capturer leur fille Charlie. En effet, celle-ci dispose d’une faculté extraordinaire de pyrokinésie dont l’agence aimerait se servir pour créer une arme de destruction massive… Andy a appris à sa fille à maîtriser sa colère ou sa douleur qui déclenchent son pouvoir. Mais Charlie a désormais 11 ans et elle a de plus en plus de mal à maîtriser ses émotions – et donc le déclenchement du feu. Lorsque l’agence découvre le lieu où elle et ses parents séjournent, un mystérieux agent est envoyé en mission pour traquer la famille et s’emparer de Charlie. Mais la jeune fille ne compte pas se laisser faire…
Le remake d’un échec commercial des années 80
Critique : Sorti en 1980, le roman Charlie de Stephen King a été un best-seller manifeste en librairie, restant notamment trois semaines en tête des meilleures ventes de roman, selon le New York Times. De quoi motiver la création d’une adaptation pour le grand écran où la popularité de l’auteur ne se démentait pas (Carrie, Shining, Creepshow, Christine, Dead Zone…).
Le premier Firestarter (1984) est tourné en 1984 par Mark L. Lester avec dans le rôle principal la jeune Drew Barrymore qui venait d’être révélée par le film phénomène E.T. l’extra-terrestre de Spielberg. Même si le résultat final est plutôt correct sur le plan artistique, Firestarter a été une grosse déception au box-office mondial pour le producteur Dino De Laurentiis, remboursant à peine son budget avec ses seules entrées nord-américaines. Les Français, de leurs côtés, ont dû attendre 1987 pour pouvoir le visionner en salles et ils ne furent que 70 230 curieux à faire le déplacement sur tout le territoire national. Néanmoins, en VHS, le succès américain est plus ample. Une suite est même réalisée en 2002 sous la forme d’une mini série télévisée en deux épisodes. Universal France l’exploitera en DVD sous le titre de Firestarter 2 – Charlie la vengeance.
La mise en chantier d’une nouvelle version au début des années 2020, est justifiée par le succès récent du diptyque Ça (Muschietti, 2018-19) qui ravive l’intérêt autour de Stephen King. A son habitude, le producteur Jason Blum a opté pour un budget réduit de 12 millions de dollars pour finaliser le projet. Cela a imposé une réduction drastique à l’ambitieuse intrigue du roman.
Difficile de s’enflammer pour un produit vidéo projeté sur grand écran
L’organisation scientifique qui traque l’enfant se réduit à une directrice tyrannique (la très fade Gloria Reuben), à un tueur à gages amérindien assez peu charismatique (le monolithique Michael Greyeyes), et les hommes de main se réduisent à une poignée d’individus (peut-être une quinzaine sur l’ensemble du film). Lorsque Charlie vient libérer son père des griffes de l’organisation, elle se retrouve donc dans les couloirs vides d’un décor sans charme, sans obstacle, désincarné.
Un casting fade et une ambiance morne, malgré une bonne musique de Carpenter
Outre des décors sans inspiration, le métrage souffre également d’une photographie très terne de Karim Hussain qui donne sans cesse l’impression de visionner un quelconque épisode de série télé. La réalisation de Keith Thomas (The Vigil), également éteinte, ne contredit pas ce sentiment.
De l’ensemble du casting, on ne sauvera que la jeune Ryan Kiera Armstrong qui parvient à convaincre dans la peau de cette enfant bouleversée par des pouvoirs qu’elle ne maîtrise pas. Face à elle, Zac Efron n’arrive jamais à être crédible quand il incarne la paternité douloureuse. Le visage boursouflé et figé, l’acteur est égal à lui-même dans son jeu, inlassablement médiocre.
Si l’on peut reconnaître des qualités au film de Keith Thomas, comme sa volonté de filmer les effets spéciaux en direct afin d’avoir recours le moins possible aux effets numériques, ou encore d’avoir appelé John Carpenter pour succéder à Tangerine Dream à la musique du film, l’ensemble demeure incroyablement décevant. Même la partition synthétique du musicien réalisateur, par ailleurs bien reconnaissable, ne semble jamais en accord avec les images proposées. Là où la musique suppose de la majesté, ce sont des images sans aucun souffle qui se succèdent.
Sorti avec une affiche qui reprend la pause et l’esthétique du film de 1984, la nouvelle adaptation de Firestarter semble reproduire les erreurs marketing de l’œuvre originale, au risque de condamner la carrière du remake à un nouvel échec commercial prévisible. Avec un démarrage à 3 827 000$ sur 3 412 écrans, la production Blumhouse n’est pas allée plus haut que la 4e place du classement américain. Deux weekends plus tard elle perdait 85% de ses recettes et disparaissait des multiplexes à moins de 10 000 000$. L’incendie éteint, il ne reste que des cendres. Celle d’une amertume généralisée.
Critique de Virgile Dumez
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