The Vigil est un exercice de style dans le domaine du fantastique auteurisant, hypnotique et efficace.
Synopsis : New York, Brooklyn. Après avoir quitté la communauté juive orthodoxe, Yakov, à court d’argent comme de foi, accepte à contrecœur d’assurer la veillée funèbre d’un membre décédé de ce groupe religieux. Avec la dépouille du défunt pour seule compagnie, il se retrouve bientôt confronté à des phénomènes de plus en plus inquiétants…
Nuit de terreur
Critique : Pour les amateurs d’atmosphère pesante et mortifère, The Vigil s’impose. Loin des jumpscares adolescents qui font tressaillir la jeunesse dans le cinéma de genre américain, cette nouvelle production Blumhouse (Jason Blum en est en fait le producteur exécutif, convaincu par le potentiel du film) est sûrement plus mâture dans son sujet et ses (rares) personnages que bien des séries B surnaturelles similaires, notamment Insidious auquel on peut logiquement penser puisque la promo nous guide vers cette corrélation un peu facile.
Forte de sa mythologie juive orthodoxe dont elle extrait la raideur dans sa tension, cette production des sens se veut spirituelle sans pour autant verser dans le prosélytisme religieux ; elle en puise sa force, son originalité et son ADN qui la singularise immédiatement du tout-venant hollywoodien.
Le premier film de Keith Thomas assume les archétypes, les passages-obligés, pour développer sa propre psychologie autour d’un rituel orthodoxe, consistant à louer les services d’un “shomer” pour veiller un mort toute une nuit quand personne de la famille est en capacité de rendre ce dernier hommage au défunt. Le “shomer” ici est joué par un acteur au talent enraciné, qui va faire exploser ses traumas dans l’angoisse d’une nuit de terreur où les efforts de réalisation et l’importance accordée au gros son discordant provoquent pas mal de suées.
The Vigil convoque l’horreur métaphysique
Le tout s’achève sur un paroxysme dans l’angoisse avec une maestria qui plombe l’atmosphère pour le reste de la soirée : The Vigil, miroir de sa propre veillée funèbre, est un drame intimiste replié sur les souffrances des protagonistes, il peut donc tout aussi combler cet aspect psycho-masochiste chez le spectateur en quête de réflexion métaphysique.
Si ce n’est pas forcément passionnant pour l’ado qui sommeille dans l’amateur de fantastique lambda, le premier long du romancier Keith Thomas pour Blum est intense et suffisamment malin pour susciter le tête-à-tête avec cette drôle d’entité qui hante avec originalité cette masure délicieusement sinistre.