Eolomea : la critique du film et le test blu-ray (1972)

Science-fiction, Space Opera | 1h22min
Note de la rédaction :
5/10
5
Eolomea, jaquette blu-ray Artus (flat)

  • Réalisateur : Herrmann Zschoche
  • Acteurs : Cox Habbema, Ivan Andonov, Rolf Hoppe
  • Date de sortie: 21 Sep 1972
  • Année de production : 1972
  • Nationalité : Allemand, Soviétique, Bulgare
  • Titre original : Eolomea
  • Titres alternatifs : Eolomea - La sirena delle stelle (Italie) / Eltűnt nyolc űrhajó (Hongrie)
  • Autres acteurs : Vsevolod Sanaev, Petar Slabakov, Wolfgang Greese, Holger Mahlich, Benjamin Besson
  • Scénaristes : Angel Wagenstein, Willi Brückner, Herrmann Zschoche
  • D'après une oeuvre de : Angel Wagenstein
  • Monteuse : Helga Gentz
  • Directeur de la photographie : Günter Jaeuthe
  • Compositeur : Günther Fischer
  • Chefs Maquilleurs : Christa Grewald, Lothar Stäglich, Rosemarie Stäglich
  • Chefs décorateurs : Erich Krüllke, Werner Pieske
  • Directeur artistique : -
  • Productrice : Dorothea Hildebrandt
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Deutsche Film AG (DEFA), Mosfilm, Kinotsentar Boïana
  • Distributeur : Film inédit dans les salles françaises. La date ci-dessus est celle de la sortie est-allemande.
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Artus Films (DVD, blu-ray, 2024)
  • Date de sortie vidéo : 3 décembre 2024
  • Budget : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 2.20 : 1 / Couleurs / Son : Mono et 70 mm 6-Track
  • Festivals :
  • Nominations :
  • Récompenses :
  • Illustrateur/Création graphique : © Benjamin Mazure (jaquette blu-ray). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © DEFA -Liliom - Artus Films. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse :
  • Tagline :
  • Franchise :
Note des spectateurs :

Réponse est-allemande au 2001 de Stanley Kubrick, Eolomea souffre d’une réalisation pataude et d’un scénario bêtement propagandiste, et ceci malgré des acteurs corrects et des effets spéciaux performants. L’ennui s’invite trop souvent durant la projection.

Synopsis : Dans un futur proche, les hommes ont colonisé la Lune et d’autres étoiles. La station Margot est le centre de relais le plus important de ces colonies. Un jour, huit astronefs partis en exploration disparaissent, et la liaison avec la station est rompue. Après avoir reçu un message codé déclarant « Eolomea », le professeur Maria Scholl, représentant le Conseil Suprême, ordonne un couvre-feu pour tous les vaisseaux, et se rend elle-même sur Margot pour découvrir ce qui se passe.

Quelque part entre 2001, l’odyssée de l’espace et Solaris

Critique : Au début des années 70, le cinéma de science-fiction connaît une reconnaissance internationale grâce à quelques œuvres majeures comme 2001, l’odyssée de l’espace (Stanley Kubrick, 1968), tandis que l’actualité rend tangible ces aventures spatiales puisque l’homme est parvenu à s’arracher du globe terrestre depuis une petite décennie. N’oublions pas que cette course à l’espace est aussi un terrain de jeu particulièrement important dans la guerre froide que se livrent les Etats-Unis capitalistes et l’URSS communiste.

Face au triomphe rencontré par le space opera de Kubrick, le bloc de l’Est ne pouvait pas rester les bras croisés. Ainsi, les autorités soviétiques ont mis en chantier le génial Solaris (Andrei Tarkovski, 1972) dont la dimension métaphysique correspond bien aux prétentions du film américain. Par ailleurs, les autorités est-allemandes de la RDA ont commandé également quelques longs métrages de ce type. Parmi eux, on peut citer bien entendu Signal : Une aventure dans l’espace (Gottfried Kolditz, 1970), une coproduction entre la DEFA et la Pologne et notre Eolomea (Herrmann Zschoche, 1972).

Un gros budget pour une production de prestige

Avec ce dernier film, la DEFA (Deutsche Film AG, compagnie d’Etat est-allemande) s’est associée à Mosfilm (firme d’Etat soviétique), ainsi qu’à la firme nationale bulgare Kinotsentar ”Boyana” située à Sofia. Il s’agissait pour les trois entités de réunir le budget suffisant pour tenter d’égaler les prouesses de Kubrick en matière d’effets spéciaux. Pour être certain d’obtenir un résultat satisfaisant, les commanditaires confient la réalisation à Herrmann Zschoche que l’on peut considérer comme un technicien consciencieux, mais contrôlable depuis qu’il a vu l’un de ses films précédents interdit de diffusion – il s’agissait du drame Karla en 1965.

Eolomea, photo d'exploitation 1

© 1972 DEFA -Liliom – Artus Films. Tous droits réservés.

La coproduction se dote également d’un casting international avec dans le rôle féminin principal une comédienne néerlandaise installée en RDA (charismatique Cox Habbema), un acteur bulgare populaire dans son pays (correct Ivan Andonov) et même un grand acteur de théâtre allemand (excellent Rolf Hoppe). Enfin, le soviétique Vsevolod Sanaev complète un casting décidément très international. Le tournage lui-même a eu lieu entre les plages bulgares au bord de la mer Noire – pour figurer les Galapagos dont rêve le héros – et les studios de Babelsberg, fief de la DEFA, près de Potsdam.

Vers l’infini (communiste) et au-delà…

Le scénario d’Eolomea est issu de l’imagination de l’écrivain Angel Wagenstein et débute par la disparition mystérieuse de plusieurs vaisseaux spatiaux aux abords d’une station orbitale. Dès lors, plusieurs scientifiques cherchent d’abord à comprendre le phénomène, avant qu’un pilote aventurier ne soit dépêché sur place pour mener l’enquête. Le début du long métrage rappelle le point de départ du Solaris de Tarkovski, avec notamment un mystère situé dans l’espace obligeant de nombreux scientifiques à échanger leurs points de vue sur la situation.

Malheureusement, le film de Herrmann Zschoche n’atteint jamais les sommets tutoyés par le génial cinéaste soviétique. Dès le départ, les échanges entre scientifiques ennuient profondément par le fait d’une réalisation très conventionnelle faite de champs et contrechamps. Une fois les personnages présentés, l’action n’est jamais trépidante puisque la plupart des scènes de suspense sont éludées par des ellipses, pour être finalement narrées par les protagonistes. On sent donc à chaque instant les limites de cette production qui n’a pas les moyens de ses ambitions narratives.

De belles maquettes et quelques scènes psychédéliques sauvent de l’ennui abyssal

Certes, les maquettes et autres scènes censées se dérouler dans l’espace sont plutôt convaincantes pour peu que l’on accepte l’aspect artisanal de l’entreprise, mais le plus gros défaut vient de l’absence de tension insufflée par un réalisateur visiblement peu intéressé par la science-fiction. En fait, Herrmann Zschoche – qui s’est surtout illustré dans un cinéma de l’intime – paraît bien plus à l’aise quand il traite les scènes se déroulant sur Terre entre les deux héros amoureux. Il use même d’effets psychédéliques originaux dans ce type de production, ainsi que d’un montage cut qu’il aurait dû utiliser aussi durant les moments plus trépidants.

Toutefois, le pire ne vient pas tant de la forme d’Eolomea que du discours communiste qui semble entièrement dicté par les pontes du Parti. Sans vouloir divulgâcher le film, on peut simplement vous prévenir que le mystère n’est aucunement dramatique, mais entend au contraire chanter le bonheur à venir dans un univers qui serait entièrement communiste. Cette croyance farouche en un avenir radieux rend le film assez vain, et surtout inintéressant puisque dépourvu d’enjeu véritable.

Si l’on excepte une partition musicale psychédélique plutôt sympathique signée Günther Fischer (entre free jazz et rock progressif) et des acteurs de très bonne tenue, Eolomea s’avère être un spectacle fort ennuyeux de bout en bout, alors même que sa durée est excessivement courte. Sachez en tout cas que dans l’espace, personne ne vous entendra bâiller. D’ailleurs, le film est resté inédit en salles en France. Désormais, il est à découvrir dans la collection SF Vintage de l’éditeur Artus.

Critique de Virgile Dumez

Acheter le film en combo DVD/ Blu-ray / Livre

Eolomea, jaquette 3D

© 1972 DEFA -Liliom – Artus Films / Jaquette : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Biographies +

Herrmann Zschoche, Cox Habbema, Ivan Andonov, Rolf Hoppe

Mots clés

Cinéma allemand, Cinéma soviétique, Les films de SF des années 70, Les films de SF métaphysiques, L’espace au cinéma

 

Le test blu-ray

Si nous n’apprécions pas particulièrement le film, il bénéficie d’une magnifique édition, aussi bien sur le plan esthétique que technique. Une réussite assurément. Test réalisé à partir du produit finalisé.

Packaging & Compléments : 4 / 5

L’éditeur nous propose un objet de bien belle tenue et d’un certain poids, contenant notamment un digipack et un livre, le tout dans un fourreau luxueux. En ce qui concerne le bouquin intitulé Etoiles rouges et rideau de fer (60 pages), Christian Lucas se livre à un recensement exhaustif des films de SF produits dans le bloc de l’Est, en précisant à chaque fois l’intrigue du film, tout en donnant la valeur du long métrage. Il faut préciser que le livre est la deuxième partie du bouquin disponible dans l’autre sortie SF du moment, à savoir Dans la poussière des étoiles. La forme même du livre peut lasser, mais cela constitue in fine un petit dictionnaire pratique pour les cinéphiles complétistes. On notera que le tout est richement illustré.

Dans le digipack, l’acquéreur trouvera deux galettes (un DVD et un blu-ray) avec un bonus de 20min encore assuré par Christian Lucas, décidément passionné par le genre. Même si nous ne sommes pas d’accord avec son amour véritable pour Eolomea, il parvient à transmettre sa passion pour ce cinéma d’Allemagne de l’Est, plutôt méconnu. Il possède assurément l’enthousiasme des défricheurs et c’est fort agréable à voir. Enfin, le traditionnel diaporama est disponible.

L’image du blu-ray : 5 / 5

C’est le point très positif de cette édition puisque le long métrage a fait l’objet d’une restauration de toute beauté, permettant d’apprécier aussi bien les paysages naturels bulgares (Galapagos dans le film) que les superbes décors et maquettes créés à l’occasion de cette grosse production. La définition est redoutable de précision, les couleurs sont superbes, même si cela ajoute un aspect très kitsch à l’ensemble – les costumes sont toujours parfaitement neufs et reluisants. En tout cas, les amateurs du genre peuvent se ruer sur cette copie parfaite.

Le son du blu-ray : 4 / 5

L’éditeur propose une unique piste audio en version originale sous-titrée puisque le film n’est jamais sorti en France. Le résultat en DTS-HD Master Audio mono est tout à fait correct, mettant surtout en avant les voix des protagonistes. La musique, elle, paraît parfois sous-mixée, mais cela vient sans doute de la bande sonore originale. Le confort est donc optimal.

Test blu-ray : Virgile Dumez

Eolomea, jaquette Artus, détails

© 1972 DEFA -Liliom – Artus Films / Jaquette : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

x