Darkside, les contes de la lune noire : la critique du film (1991)

Epouvante, horreur, fantastique, Film à sketchs | 1h40min
Note de la rédaction :
6/10
6
Darkside, les contes de la lune noire, affiche (1991)

Note des spectateurs :

Sympathique de bout en bout, Darkside est un film omnibus qui cherche à reprendre le flambeau de Creepshow, et le fait avec un certain savoir-faire, mais aussi un manque de moments vraiment forts et mémorables.

Synopsis : Timmy, qui doit être le clou du dîner d’un repas cannibale, lit trois histoires fantastiques à la cuisinière pour retarder l’heure de son trépas. Il s’agit de “Lot 249”, “Cat from Hell” et “Lover’s Vow”.

Critique : Après avoir envisagé de transformer Creepshow (Romero, 1982) en série télévisée sans que cela ne se concrétise, le producteur Richard P. Rubinstein et le réalisateur George A. Romero en reprennent le procédé pour monter leur propre anthologie télévisée intitulée Histoires de l’autre monde, diffusée entre 1983 et 1988 avec un certain succès. De quoi motiver la mise sur pied d’une version cinématographique qui chercherait à retrouver la saveur du film originel de Romero, tout en rendant hommage aux œuvres omnibus des années 70 produits par la compagnie britannique Amicus.

Alors qu’il a signé la bande originale culte de Creepshow, John Harrison est par la suite devenu réalisateur, notamment à la télévision où il a fait ses armes sur la série précédemment citée. Il était donc tout à fait naturel qu’il transpose l’univers de la série qu’il a contribué à populariser sur grand écran. Il signe ici son tout premier long-métrage de cinéma (il n’a, à ce jour, réitéré qu’une seule fois avec Livre de sang en 2009) et cette inexpérience se ressent quelque peu dans le manque d’audace formelle du produit fini. Ainsi, là où les différentes histoires proposent d’explorer des univers assez différents, John Harrison se contente trop souvent de les illustrer platement, sans prise de risque aucune, mais non sans un certain savoir-faire dans l’efficacité immédiate.

Se servant d’un segment fil rouge plutôt correct, transposant l’univers des contes de fées (mixant notamment Hansel et Gretel avec les Contes des mille et une nuits) à l’époque contemporaine, les auteurs poussent un gamin à lire des histoires à une sorcière cannibale afin d’éviter de passer au four. Dans le rôle de la dévoreuse d’enfants, Deborah Harry parvient à faire oublier son statut de chanteuse du groupe Blondie pour s’imposer sans problème, même si ce personnage est bien moins impressionnant que The Creep dans le film séminal de Romero. Le tout premier segment met en scène une momie vindicative qui obéit à la vengeance d’un étudiant maltraité par ses camarades. Si la mise en place est un peu lente, cet épisode nous permet d’admirer de belles prestations d’acteurs appelés à devenir des valeurs sûres du cinéma américain de ces dernières années. On peut ainsi admirer les premiers pas de Julianne Moore devant la caméra, opposée qu’elle est à Christian Slater et à l’excellent Steve Buscemi. Les prestations impeccables des acteurs relève clairement le niveau de ce segment qui donne aussi l’occasion à la firme KNB (Kurtzman / Nicotero / Berger) de prouver son savoir-faire en matière de maquillages gore. Cela reste globalement allusif, mais plutôt efficace.

Si le premier segment était inspiré d’Edgar Allan Poe, le deuxième sketch est une création purement originale de Stephen King et Romero qui envisageaient d’en faire la troisième partie de Creepshow 2. L’idée fut toutefois abandonnée pour des raisons budgétaires. Cette fois-ci, un chat noir est donc bien de la partie, donnant du fil à retordre à un tueur à gages payé pour l’occire. Si l’intrigue n’est pas le point fort de ce segment, on préférera se concentrer sur les excellents effets spéciaux mécaniques qui permettent au matou furieux de griffer les corps, mais aussi de les étouffer ou, pire, de pénétrer dans la bouche d’un protagoniste pour mieux s’engouffrer en son sein. La peur n’est pas nécessairement de la partie, mais ce segment reste assez original par sa thématique.

Darkside, les contes de la nuit noire en DVD TF1 Vidéo

Copyrights : Paramount Pictures, Laurel Productions

Enfin, le troisième et dernier épisode écrit par Michael McDowell est celui qui reste le plus longtemps en mémoire, même si, là encore, la terreur est loin d’être présente. Il s’agit en fait d’une histoire à plus forte connotation romantique, opposant James Remar et la belle Rae Dawn Chong. Son arrière-plan gothique (il s’agit de gargouille revenue à la vie) contraste fortement avec la localisation de l’intrigue dans un New York très contemporain. L’ambiance est soignée et l’ensemble se suit avec un certain plaisir, même si le twist final n’étonnera personne.

Au final, Darkside ne brille jamais par un excès d’originalité, mais l’intégralité du film se regarde toujours avec plaisir. Si les passages excitants sont peu nombreux, les passages à vide abyssaux ne sont pas non plus de la partie, assurant donc un spectacle de bonne tenue globale. Prévu pour devenir une franchise régulière et lucrative, Darkside n’a pourtant pas rencontré le succès escompté en salles. Aux Etats-Unis, le métrage s’est contenté d’amasser 16,3 millions de billets verts, ce qui n’en fait pas une bonne affaire. En France, sa sortie en plein mois de mai ne lui a guère servi, le film ne cumulant que 171 429 amateurs de frissons, dont votre serviteur. Une contre-performance qui confirmait le déclin progressif du genre horrifique en salles au début des années 90. Le genre amorçait alors une décennie mortifère et chiche en œuvres incontournables.

Critique de Virgile Dumez 

Les sorties du 15 mai 1991

Darkside, les contes de la lune noire, affiche (1991)

Les archives CinéDweller Copyrights : Paramount Pictures, Laurel Productions

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