C’était demain : la critique du film (1980)

Science-fiction, Fantastique, Thriller, Comédie | 1h52min
Note de la rédaction :
6,5/10
6,5
C'était demain, l'affiche

  • Réalisateur : Nicholas Meyer
  • Acteurs : Malcolm McDowell, Patti D’Arbanville, David Warner, Charles Cioffi, Mary Steenburgen, Joseph Maher
  • Date de sortie: 23 Jan 1980
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Time After Time
  • Titres alternatifs : Flucht in die Zukunft (Allemagne) / Los pasajeros del tiempo (Espagne) / Os Passageiros do Tempo (Portugal) / Escape al futuro (Mexique) / L'uomo venuto dall'impossibile (Italie) / Aikakone eli mitä Jack Viiltäjälle kuuluu tänään (Finlande) / Um Século em 43 Minutos (Brésil)
  • Année de production : 1979
  • Scénariste(s) : Karl Alexander, Steve Hayes, Nicholas Meyer
  • Directeur de la photographie : Paul Lohmann
  • Compositeur : Miklós Rózsa
  • Société(s) de production : Orion Pictures, Warner Bros.
  • Distributeur (1ère sortie) : Warner Columbia
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Warner Home Vidéo (VHS, 1982 et 1986)
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : 865 566 entrées / 311 564 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Stereo
  • Festivals et récompenses : Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1980 : Grand prix et Antenne d'or / Saturn Awards 1980 : meilleure actrice pour Mary Steenburgen, meilleur scénario pour Nicholas Meyer et meilleure musique pour Miklós Rózsa
  • Illustrateur / Création graphique : René Ferracci
  • Crédits : Warner Bros.
Note des spectateurs :

Intelligent et non dénué d’humour, C’était demain est un petit film de science-fiction malin qui surfe entre fantastique et comédie avec dextérité. Très sympathique.

Synopsis : En 1893 à Londres, l’inventeur de génie et écrivain H. G. Wells achève sa machine à voyager dans le temps. Mais son prototype est volé puis utilisé par Jack l’Éventreur afin d’échapper à la police. Le tueur se réfugie à San Francisco en 1979, où il continue ses méfaits. Wells va réussir à le rejoindre et tenter de le retrouver, dans une époque à laquelle il doit s’adapter.

La rencontre improbable, mais enthousiasmante entre H.G. Wells et Jack l’Éventreur

Critique : Lorsque le romancier et scénariste Nicholas Meyer découvre à la fin des années 70 les prémices d’un roman non publié mettant en scène H.G. Wells et Jack l’Éventreur, il prend aussitôt une option sur cette histoire. Il choisit d’en modifier sensiblement le contenu, mais est tout de même en terrain connu, lui qui avait déjà écrit un roman où il faisait se rencontrer Sherlock Holmes et Sigmund Freud intitulé The Seven-Per-Cent Solution et publié en 1974. Il en avait ensuite rédigé un scénario qui est devenu au cinéma Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express (1976), réalisé par Herbert Ross. Familier de cette confrontation fictive entre deux grandes figures historiques et littéraires, Nicholas Meyer opte toutefois avec C’était demain (1979) pour un ton un peu plus léger qui tire assez souvent sur la comédie, même si les thèmes abordés sont sérieux.

Pour son premier film en tant que réalisateur, Nicholas Meyer n’a pas choisi la facilité puisqu’il doit à la fois se livrer à une reconstitution du Londres brumeux de la fin du 19ème siècle et en même temps à une exploration de la Californie (ici San Francisco) des années 70. Effectivement, l’auteur imagine que l’écrivain H.G. Wells a réellement créé une machine à voyager dans le temps (issue de son célèbre roman La machine à explorer le temps, publié en 1895) et que le vrai Jack l’Éventreur s’en serait servi pour échapper à la police. Se sentant responsable des agissements du criminel dans le futur, H.G. Wells se lance à la poursuite du serial killer à travers le temps.

Un commentaire malicieux sur la libération sexuelle des années 70

L’idée, plutôt savoureuse, a également le mérite de livrer un commentaire sociologique sur l’évolution des mentalités entre le Londres du 19ème siècle et la Californie des années 70. Ainsi, les rêves utopistes d’H.G. Wells sont mis à rude épreuve par ce voyage temporel au cours d’un siècle où ses idées fraternelles ont volé en éclat au cours de deux guerres mondiales. Par contre, Nicholas Meyer salue en Wells un véritable visionnaire quant à la condition féminine. Lui qui appelait de ses vœux une libération de la femme est ici projeté dans une ville où la libération sexuelle n’était pas un vain mot dans les années 70. Cela donne lieu à des moments cocasses qui tirent le film vers la comédie.

Enfin, Meyer se fait également moraliste – mais pas moralisateur – lorsqu’il démontre que Jack l’Éventreur serait désormais considéré comme un simple meurtrier ordinaire au cœur d’un siècle ayant connu tant de violence et de barbarie. Le commentaire sur la libre circulation des armes aux Etats-Unis est également plutôt bien senti, même si un peu facile dans sa rhétorique.

C’était demain, un numéro d’équilibriste entre plusieurs tons

Pour garder l’équilibre entre thriller, science-fiction et comédie, Meyer joue à l’équilibriste, mais parvient globalement à garder le cap d’un long-métrage intelligent, mais qui ne se prend jamais totalement au sérieux, contrairement à Meurtre par décret (Clark, 1979), autre film sur Jack l’Éventreur sorti la même année. Il est aidé par de très bons comédiens dont un excellent Malcolm McDowell qui forme un duo efficace avec Mary Steenburgen (décidément abonnée aux voyages temporels avant Retour vers le futur 3 en 1990). On notera d’ailleurs que les deux acteurs sont tombés amoureux sur le plateau et furent ensuite mariés pendant une dizaine d’années. Leurs regards complices ne trompent guère quant à la profondeur de leurs sentiments réciproques. Face à eux, David Warner compose un Jack l’Éventreur plutôt inquiétant et bien campé.

Disposant de quelques effets spéciaux corrects, C’était demain ne s’appesantit pas sur cet aspect, ce qui permet au long-métrage de mieux passer l’épreuve du temps. La réalisation de Nicholas Meyer n’est pas encore parfaitement maîtrisée et le réalisateur semble davantage à son aise dans la conduite des comédiens que dans les séquences plus mouvementées. Il s’agissait de son premier long-métrage et le défi venait surtout de la nécessaire fluidité de la narration dans une histoire complexe. Sur ce point, C’était demain est une franche réussite et le film se regarde encore de nos jours avec un plaisir certain.

Un film qui a connu sa petite notoriété, mais peu exploité en vidéo en France

Présenté avec succès au Festival d’Avoriaz en 1980, C’était demain a réussi à glaner le Grand Prix et une Antenne d’or qui lui ont fait une belle publicité, d’autant que le film est sorti dans la foulée. Le long-métrage est entré à la septième place du classement parisien la semaine de sa sortie (le 23 janvier 1980) avec 33 596 curieux. Grâce à un parc de salles étoffé, le métrage glane plus d’entrées en deuxième semaine, puis se stabilise les semaines suivantes grâce à un bon bouche-à-oreille. C’était demain commence à décrocher en sixième semaine, mais continuera à tourner dans différents cinémas jusqu’au mois d’avril. Il achève sa carrière à 311 564 parisiens et 865 566 entrées sur tout le territoire.

Exploité en VHS, C’était demain a été largement oublié depuis cette époque et n’a pas fait l’objet d’une exploitation DVD sur notre territoire. Il faut aller chercher à l’étranger pour trouver des éditions DVD et Blu-ray où, parfois, une piste avec sous-titres français est proposée. Aujourd’hui, le film est disponible en VOD sur certaines plateformes. L’occasion pour les cinéphiles de découvrir cette petite œuvre de SF fort sympathique.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 23 janvier 1980

Voir le film en VOD

C'était demain, l'affiche

© 1979 Orion Pictures – Warner Bros. / Affiche : René Ferracci. Tous droits réservés.

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C'était demain, l'affiche

Bande-annonce de C'était demain (VO)

Science-fiction, Fantastique, Thriller, Comédie

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