300, la naissance d’un empire est une bouillie cinématographique tellement laide qu’elle préfère la basse luminosité pour dissimuler ses affreux CGI.
Synopsis : En l’an 490 avant J.C., les troupes athéniennes doivent contrer les attaques de l’empire perse. Une grande bataille se prépare. Non loin d’Athènes, à 42 km au nord, Marathon est l’un des derniers remparts protégeant la grande Athènes. Les Perses sont nombreux, beaucoup plus nombreux que les Athéniens, qui vont devoir faire appel aux Spartiates pour les aider.
Critique : Les spectateurs auront dû attendre sept longues années pour découvrir la suite du péplum stylé de Zack Snyder, 300. Le roman graphique de Frank Miller avait engendré pas moins de 1 660 000 entrées en France et fut un vrai succès en vidéo.
Pour un péplum aux CGI approximatifs de plus
Jadis envisagé comme un prequel, 300 la naissance d’un empire se faisait désirer par ses fans. Les aficionados de Gladiator ont pu pourtant patienter entre-temps en découvrant les séries Rome, Game of Thrones ou Spartacus, quand le style visuel de Zack Snyder allait faire des merveilles dans Watchmen et Sucker Punch.
Le culte autour du premier 300 doit toutefois être relativisé : les combats des Spartes, menés par Gerard Butler, tournaient souvent au grotesque douteux. S’il n’y avait pas eu dans 300 une vraie vision de mise en scène, la lourdeur idéologique aurait enterré une fois pour toute ce nanar dans les limbes du septième art.
300 : Naissance d’un empire n’a pas le talent de Snyder pour se défendre et notamment son sens légendaire de l’épique qui défie l’espace écran. Si le réalisateur de Man of Steel est toutefois crédité comme coscénariste, c’est Noam Murro, cinéaste israélien méconnu, qui essaie de mener la barque. Il emprunte les tics visuels du vilain garnement de Hollywood, en multipliant les plans d’esbroufe, à savoir en se vautrant dans la course au CGI pour susciter les impressions les plus fortes auprès du spectateur.
300, la naissance d’un empire dans le bruit et le sang
Dans une Grèce antique en proie à l’invasion perse de Xerxès (le Brésilien sexy Rodrigo Santoro), l’artificialité est maîtresse, perverse et garce, avec quelques peintures géniales de batailles en 3D qui explosent tout en particule de guerre en suspens, ou des toiles marines galvanisantes de beauté.
Malheureusement, pour ces plans anormalement beaux, il faut compter sur un abattage d’effets pompiers qui rendent la projection pénible pour les sens. Du bruit en guise de bande-son tonitruante, une barbarie sans égard pour le combattant, toujours plus gore, et un montage de plans ahurissants de prétention sans aucune lisibilité.
Dans ce péplum grotesque, l’inspiration n’est pas cinématographique mais de l’ordre du fantasme de “gamer”. Jeu de plateforme belliqueux qui ne s’embarrasse pas de ses invraisemblances, 300, la naissance d’un empire est une grosse série B nauséabonde qui entraîne dans sa chute Eva Green. L’actrice donne beaucoup de sa personne à force de grimaces et d’outrances. On la préfère chez Tim Burton !
Quant à l’apport 3D, il devient, avec des images aussi sombres, un trouble-fête ou une vraie torture pour les yeux : autant revoir un clip de Woodkid, les effets latéraux d’éléments en apesanteur apportent volupté au procédé quand Noam Murro joue au barbare de l’image. N’est pas talentueux qui veut.
Critique de Frédéric Mignard