Wolverine le combat de l’immortel : la critique du film (2013)

Action, Arts martiaux, Film de super-héros | 2h06min
Note de la rédaction :
5/10
5
Wolverine le combat de l'immortel affiche cinéma France

Note des spectateurs :

Le Combat de l’immortel est un blockbuster Marvel qui essaie de trouver son inspiration dans les séries B de ninjas nippones, plutôt que dans la surenchère d’effets spectaculaires à l’américaine. Un supplément d’âme et une psychologie fouillée auraient pu élever le spectacle qui finit en banal divertissement.

Synopsis : Wolverine, le personnage le plus emblématique de l’univers des X-Men, est entraîné dans une aventure ultime au cœur du Japon contemporain. Plongé dans un monde qu’il ne connaît pas, il doit faire face au seul ennemi de son envergure, dans une bataille à la vie à la mort. Vulnérable pour la première fois et poussé au bout de ses limites physiques et émotionnelles, Wolverine affrontera non seulement l’acier mortel du samouraï mais aussi les questions liées à sa propre immortalité.

 

2013, l’été de toutes les suites

Critique : Si durant l’été de la sortie de Wolverine 2 le combat de l’immortel, Fast and furious 6 a su offrir au public la démesure sur roue qu’il recherchait, si Oblivion est parvenu à laisser l’empreinte contemplative de son auteur, si Pacific Rim a été le généreux geek-movie escompté, et enfin si Lone Ranger a su déconner grave sur des bases vierges de tout antécédent, le public exigeant est sérieusement resté sur sa faim quant aux blockbusters de bon aloi. Les Monstres Academy, Moi, moche et méchant 2, Star Trek into Darkness, Iron Man 3, After Earth, World War Z, Very bad trip 3 ou même Man of Steel, toutes ces grosses productions américaines excessivement attendues, avaient quand même été de sacrées déceptions qualitatives !

Quid alors du nouveau Wolverine pour sauver l’été 2013? On savait Hugh Jackman très remonté contre les premières aventures solitaires de son personnage, dans X-men Origins : Wolverine qui n’était qu’un pop-corn movie décérébré. Ses premiers pas en solitaire ne rendaient pas particulièrement justice au plus viril des super-héros ; le public avait manifesté de façon ostentatoire sa déception sur les réseaux sociaux, alors que le succès salle avait été pourtant patent, démontrant l’amour des spectateurs pour cette saga.

Hugh Jackman sort les griffes contre le premier Wolverine

C’est donc naturellement que l’acteur australien a donc exigé qu’une attention particulière sur le projet d’un second spin-off, alors que tous les fans parallèlement attendaient surtout la suite de X-men le commencement qui avait considérablement relancé les espoirs autour de la suite de la franchise.

Cela part mal quand on découvre le nom des scénaristes : Mark Bomback est responsable des scripts de Die Hard 4, des remakes de Total recall et de La montagne ensorcelée, et même de celui d’Unstoppable, film catastrophe ferroviaire assez roublard. L’autre scénariste, Scott Frank, (L’interprète, Hors d’atteinte, Minority report) n’a jamais vraiment peaufiné ses scripts non plus.

James Mangold à la rescousse

A la réalisation, James Mangold est supposé faire le pont entre le Hollywood du divertissement pompier (Night and day, avec le duo Cruise et la retraitée Cameron Diaz), le classicisme (Walk the line) et le spectacle de qualité (Heavy, Copland, 3h10 pour Yuma). Le cinéaste qui avait sauvé Stallone de la ringardise en 1998 allait-il redonner de la crédibilité au mutant bestial aux griffes d’acier, dont la douleur et la colère coule incessamment dans ses veines d’immortel? Logan en 2017 aura le goût de la revanche pour le cinéaste et l’acteur, The Wolverine, durant l’été en 2013, ne sera de son côté qu’une accumulation de fausses bonnes idées.

Dans un premier temps, on saura gré à l’équipe de cette production Fox/Marvel hors Disney, de s’être orientée vers autre chose que de la S.F. lourdingue avec destruction de buildings, crashes en tous genres… Exit les milieux urbains surchargés, le personnage-ours de Wolverine, endeuillé par la mort de Jean Grey (Famke Janssen), dont il se sent responsable, s’est retranché loin du monde, en forêt, et vit son invincibilité comme une malédiction qui vient le tourmenter chaque nuit. Le vieux loup solitaire n’est plus un soldat mutant surhumain mais un vagabond hirsute qui s’associe au pathos d’un vieux grizzly sur le déclin.

Hiroshima, mon amour

Mais un beau jour, le passé rattrape les griffes du cauchemar et les renvoient très vite au Japon où toute l’intrigue va se dérouler, au risque d’en dérouter plus d’un. En traversant le Pacifique pour se coucher au pays du Soleil levant, Wolverine prend ses distances avec le tout-venant hollywoodien pour s’adresser aux adeptes de séries B nippones survoltées, habitées par des ninjas, de yakuzas au code d’honneur exotique. A ce prix, le héros malgré lui a bien les deux mains griffées entre les deux systèmes, quand il faut réintroduire quelques formules yankees pour relancer l’attention fluctuante du spectateur (la scène amusante sur le toit du train à très très grande vitesse, puisque l’on évoque ici 500km/h).

 

Un résultat bâtard

The Wolverine est effectivement, à l’image de son héros masculin, un peu bâtard. On sent poindre dans ce projet l’ambition de noirceur, la tentation de la violence, la volonté de remuer le couteau dans les plaies béantes des âmes torturées, qui feront toute la force de Logan. Mais le ton n’est pourtant pas celui d’un Dark Knight. Production Marvel oblige, les ténèbres ne sont même jamais effleurées et aucune scène aussi forte que l’introduction expliquant le trauma d’Erik Lensherr, au début du prodigieux X-men : le commencement, ne vient susciter de l’empathie. Les rêves récurrents dans lesquels Wolverine s’entretient avec le fantôme de Jean font office de ponctuation totalement cliché, dans un film au cadre, il est vrai différent, mais qui ne manque pas de décevoir.

Casting intégralement décevant

Aucun personnage ne vient donner de la stature à l’homme-loup. L’héritière Mariko Yashida, dont s’entiche Wolverine, est un peu trop frêle pour ce type de production calibrée, au-delà de la beauté fascinante de l’actrice Tao Okamoto, elle peine à exister. Les bad guys sont également bien peu épais. Les Yakuzas sont dégommés à la chaîne, les têtes pensantes sont tranchées de façon expéditive, sans leur laisser le temps de fomenter quelque dessein d’envergure à l’écran, puisqu’après tout, Wolverine : le combat de l’immortel sollicite un super-héros pour une simple histoire de famille, aux enjeux corporatistes, qui exclut tout complot qui pourrait mettre la population locale en danger.

Les mutants manquent également cruellement à l’appel. Si l’on se taira sur la sempiternelle scène post-génériquen, pour multiplier les pistes à venir, seul le personnage de Viper, figure récurrente dans les Marvel (elle a combattu Captain America ; elle a même contraint Wolverine à l’épouser dans un épisode postérieur), vient apporter un peu de fantaisie. De même, la vedette montante russe Blagoslovite Zhenshchinu n’était peut-être pas le bon choix pour incarner une créature encore une fois assez mal développée, au potentiel plus excitant sur le papier qu’à l’écran.

 

Hors mode et déjà démodé

Au final, ces nouvelles aventures solitaires de Wolverine sont très loin de répondre au cahier des charges des blockbusters contemporains, que l’on souhaite voir plus vifs, plus viscéraux, plus dramatiques, mais surtout plus humains et donc plus proches de nous. On lui reconnaîtra au moins la finesse d’une réalisation qui réfute l’hystérie et la sur-esthétisation, deux points qui ont miné le projet de revival de Superman ce même été  (Zack Snyder livrait avec son jeu vidéo Man of steel une oeuvre migraineuse).

Le jour de Days of Future Past était déjà arrivé

Et puis surtout, ce spin-off, en 2013, avait-il au moins le mérite de ne pas nous détourner de nos fantasmes d’un X-Men: Days of Future Past prodigieux, ce que le film fut finalement. Bryan Singer (réalisateur des deux premiers films X-Men, au début des années 2000) était, à la sortie de The Wolverine, effectivement en train de diriger ce nouveau collectif de mutants pour une sortie l’été suivant, avec au casting, excusez du peu, Jennifer Lawrence, Nicholas Hoult, encore Hugh Jackman, mais également Anna Paquin, Ellen Page, Michael Fassbender, Halle Berry, James McAvoy, James Marsden, et Patrick Stewart. Bref, Wolverine en solo avait-il à peine le temps de nous décevoir que nous pouvions déjà tourner la page et envisager les choses sérieuses avec le futur cinéaste blacklisté et ancien réalisateur de Superman Returns, Bryan Singer !

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Critique de Frédéric Mignard

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