Brutus Vs César : la critique du film (2020)

Comédie | 1h28min
Note de la rédaction :
4/10
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Brutus Vs César, affiche Cover Amazon

Note des spectateurs :

Brutus Vs César est un pastiche convenu et discipliné qui manque d’envergure et d’acteurs comiques de tempérament. Sa seule qualité ? Ne pas atteindre la nullité des deux superproductions comiques Aladin avec Kev Adams. 

Synopsis : Face à la tyrannie de César qui agit en maître absolu sur Romeles sénateurs Rufus et Cassius fomentent un complot pour l’assassiner. Pour avoir le soutien du peuple, ils proposent à Brutus, le fils renié de César, d’être celui qui lui portera le coup de grâce. Seul problème : Brutus est un marginal qui n’a pas du tout les épaules taillées pour le costume.

Enième production “covidée” qui échoue sur la plateforme d’Amazon

Critique : Enième victime du coronavirus, Brutus Vs César a connu un luxueux tournage nord-africain en 2018, avant un long-processus de post-production. Son distributeur comptait depuis toujours le sortir le 1er avril 2020 pour profiter de la juteuse période des vacances de Pâques. La case lui était réservée avec l’assurance d’un succès, puisque Kheiron le magnifique a su, en deux films, s’être immédiatement fait une place au cinéma en tant que réalisateur qui compte, malgré des bagages d’humoriste qui auraient pu être encombrants et dont il a su s’émanciper.

La fermeture des cinémas en mars 2020 a donc compromis la chronologie initiale décidée. Le long métrage est évoqué pour le 1er juillet, puis retardé au 12 août. Finalement Brutus Vs César est vendu à Amazon Prime Vidéo pour une diffusion exclusive, sans passer par la case cinéma. Le très sympathique Forte de Katia Lewkowicz (UGC/TF1 Studio) et le longuet Pinocchio de Matteo Garrone (Le Pacte) l’avaient devancé dans cette décision lourde en conséquences pour les exploitants et le modèle historique du cinéma en salle. Orange Studio qui devait programmer le film s’est ainsi résigné face à une sortie estimée impossible dans un contexte sanitaire de reprise compliquée. Mais surtout, le distributeur en a probablement profité pour se démettre de toute responsabilité quant à l’échec probable du film puisque ce dernier est franchement inintéressant. Aussi, si Deux heures moins le quart avant Jésus Christ au début des années 80 avait imposé son règne au box-office dans un genre identique, ce nouveau pastiche de péplum remis au goût du jour n’avait tout simplement pas les arguments pour tout écraser sur son passage.

Brutus Vs César où l’art de déplaire en ne voulant pas froisser

Si l’on n’atteint pas la nullité des deux aventures de Kev Adams en Aladin, grâce à une réalisation racée, qui profite de la haute définition pour déployer ses charmes, le film accumule les faux pas qui le rendent irrémédiablement fade, voire médiocre.

Le script est caillouteux, dépourvu d’enjeux, ce qui rend la narration mollassonne. Les gags sont d’une indigence telle que l’on verrait bien, en comparaison,  le classique du rire de Jean Yanne entrer au Panthéon. Et surtout, on ne pardonne pas le manque de substance du sous-texte de la part de Kheiron franchement décevant, les quelques parallèles entre la guéguerre qui oppose les Gaulois de pacotille à Rome avec les enjeux géopolitiques actuels, sont convenus et ne rendent pas justice à l’exercice comique et satirique du film. Kheiron est sage, politiquement très correct, discipliné et n’a absolument rien dans le script pour marquer le coup.

Des acteurs sans envergure

Dans Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ, au moins pouvait-on compter sur l’excellence de jeu de Michel Serrault, de Coluche et évidemment de Jean Yanne. Brutus Vs César n’a aucun acteur de tempérament à catapulter sur les devants de sa scène. En bâtard de César et simplet inoffensif, Kheiron/Brutus est transparent ; Lhermitte et Darmon, en grands comploteurs, sont sous-employés et n’ont rien à jouer, quand Ramzy fait le strict minimum pour asseoir l’autorité absurde d’un Jules César colérique. Au moins, il est lui-même et donc pas mauvais, mais le reste du casting est franchement à la peine. Pierre Richard, au centre de l’un des pires moments du film (quand il mime une relation sexuelle), confirme qu’il n’apparaît plus aux génériques que pour le cachet ; Marc Zinga, Artus et Lina El Arabi (Noces, 2017) n’apportent aucune épaisseur comique à l’écran. Au contraire, tous en rajoutent dans une insipidité généralisée.

Au mieux, on trouvera le budget plutôt bien géré ; le film a l’air, effectivement, d’avoir coûté bien plus cher que ses 8 500 000 d’euros de mise de départ. Et l’on restera ainsi jusqu’au bout. Au pire, on peut zapper pour ne jamais avoir à s’infliger sa fin poussive, puisque le film entre dans la catégorie gratos du streaming vite vu, vite oublié, que des millions de téléspectateurs consommeront par curiosité, automatisme et ennui, sans jamais chercher à revoir un jour ce programme très dispensable et donc dispensé de salles pour l’éternité et au-delà.

Frédéric Mignard

Sortie le 18 août 2020 sur Amazon Prime Vidéo

Brutus Vs César, affiche Cover Amazon

© Amazon Studios

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