Blow-Up : la critique du film (1967)

Drame | 1h50min
Note de la rédaction :
10/10
10
Blow up affiche originale

  • Réalisateur : Michelangelo Antonioni
  • Acteurs : Jane Birkin, Vanessa Redgrave, David Hemmings, Sarah Miles, Peter Bowles, Gillian Hills, Dyson Lovell
  • Date de sortie: 01 Mai 1967
  • Nationalité : Britannique, Italien
  • Titre original : Blow Up
  • Scénario : Michelangelo Antonioni, Tonino Guerra, Edward Bond (dialogues anglais), d'après la nouvelle "Le Fils de la vierge" de Julio Cortázar
  • Distributeur : Metro Goldwyn Mayer France, Les Grands Films Classiques (2006), Action cinéma (Reprise 2016)
  • Éditeur vidéo (DVD) Warner Home Vidéo
  • Date de sortie vidéo (DVD) 30 avril 2009
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 528 097 entrées (France) / 604 187 entrées (P.P) 4 479 entrées (France, reprise 2006) 2 287 entrées (France, reprise 2016)
  • Festivals Festival de Cannes 1967 : Palme d'or
  • Classification : Tous publics
  • Illustrateur affiche originale : © Georges Kerfyser
Note des spectateurs :

L’un des films les plus aboutis de Michelangelo Antonioni. Blow-Up est un récit à tiroirs fascinant, justement récompensé par une Palme d’or à Cannes.

Synopsis : Dans un parc de Londres, un jeune photographe surprend ce qu’il croit être un couple d’amoureux. Il découvre sur la pellicule une main tenant un revolver et un corps allongé dans les buisssons…

Blow-Up ou l’exil anglais réussi d’Antonioni

Critique : Thomas (David Hemmings), photographe de mode, est spécialiste des séances de shooting avec des mannequins en vogue ou en quête de célébrité. Souhaitant élargir sa palette, et réaliser des photos d’art, il se rend dans un quartier de sans-abris afin de compiler une série de clichés sur la diversité londonienne. À Maryon Park, il aperçoit une jeune femme, Jane (Vanessa Redgrave), flirtant avec un homme mûr. Thomas les mitraille alors avec son appareil photo, avant d’être poursuivi par Jane qui le supplie de lui donner le négatif. En développant les photos, Thomas comprend alors qu’il a évité un meurtre… à moins qu’il n’en ait été le témoin… Antonioni quittait le cadre du cinéma italien et tournait dans les studios de Londres, donnant par le sujet et le ton une touche sixties et british à son cinéma. On aurait pu croire que l’auteur de La Nuit changeait de registre pour se mouler dans le confort d’une coproduction européenne surfant sur l’air du temps, avec un écrin séduisant, musique de Herbie Hancock et couleurs publicitaires à l’appui.

Et si Antonioni suivait le parcours inverse de son photographe, souhaitant quitter son statut d’auteur austère pour entamer une carrière plus frivole, à la Vadim ou Lelouch ? Il n’en était évidemment rien. Le réalisateur se renouvelle certes mais reste fidèle à lui-même, en dépit de la présence d’un matériau littéraire (une nouvelle de Cortázar), et la collaboration de deux coscénaristes (dont Tonino Guerra). Le monde superficiel filmé dans Blow-Up, des photos avec le modèle Verushka von Leehndorff aux galeries de Soho, en passant par les minauderies de Jane Birkin et Gillian Hills, n’est qu’un faux-semblant. Antonioni exerce un regard critique sur cette faune et ce vernis social, un peu comme Fellini se penchait sur la superficialité des noctambules de La Dolce vita, sans pour autant se la jouer moralisateur.

Blow up affiche originale

© Illustrateur Georges Kerfyser – Studio : MGM

Une réflexion sur le regard de l’artiste, et les effets en trompe-l’œil de la réalité

L’énigme du meurtre présumé dans le parc fait écho à certains classiques du cinéma, comme Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock, tout en étant prétexte à une réflexion sur le regard de l’artiste, et les effets en trompe-l’œil de la réalité. Comme l’a analysé Jean-Luc Lacuve, « Antonioni ne pose pas l’absence de sens comme une évidence (genre : qu’importe la réalité puisque réalité et illusion sont de même nature) mais met en scène un dispositif où un seul regard ne peut suffire à prouver quoi que ce soit. C’est en confrontant les différents regards mis en jeu dans le récit que le spectateur peut lire la réalité qui ne se dérobe pas mais ne s’offre pas non plus immédiatement et sans déchiffrement » (www.cineclubdecaen.com). En même temps, ce suspense tant policier que métaphysique obligera Thomas à se remettre en cause, un peu comme la disparition du personnage de Lea Massari bouleversait l’existence de son amant dans L’Avventura.

Et le thème de l’incommunicabilité cher au cinéaste ? On le trouve tout autant dans les rapports difficiles entre Thomas et sa maîtresse Patricia (Sarah Miles) que dans les relations professionnelles et commerciales faites de compromis et incompréhensions, comme le révèlent les scènes avec son éditeur, l’antiquaire, ou les jeunes modèles qu’il humilie (une orgie en échange d’un shooting). Blow-Up fascine enfin par des scènes devenues culte par leur beauté étrange, magnifiées par le travail de Carlo Di Palma (le retour de Thomas dans le parc, retour à la réalité ou songerie onirique ?) ; et ces personnages secondaires surgis d’une toile de Warhol, à l’instar de la bande de hippies grimés en mimes, qui circulent à bord d’une Land Rover. Palme d’or au Festival de Cannes en 1967, Blow-Up est une pièce majeure du septième art, qui influencera des œuvres aussi diverses que Conversation secrète de Francis Ford Coppola, Les Frissons de l’angoisse de Dario Argento, ou Blow Out de Brian De Palma.

Critique de Gérard Crespo

Sorties du 1er mai 1967

Les Palmes d’or sur CinéDweller

Affiche (reprise) de Blow-Up de Michelangelo Antonioni

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Blow up affiche originale

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