Ersatz au féminin de John Wick, Bloody Milkshake n’a pas la classe et la force d’Atomic Blonde, l’un des rares films d’action où l’héroïne est crédible quand elle met une raclée à une armée de gangsters. Si le film divertit gentiment, il n’intéresse pas, faute de figures haletantes.
Synopsis : Sam n’est encore qu’une petite fille lorsque sa mère Scarlet, tueuse à gages, est contrainte de l’abandonner pour la protéger. Bien des années plus tard, Sam a suivi les traces de sa mère disparue et est elle-même devenue une tueuse à gages hors pair, travaillant pour la Firme. Un soir, lors d’une mission à haut risque, Sam se retrouve face à un dilemme : rester loyale à la Firme, ou sauver la vie d’une petite fille de huit ans. Commence alors une cavale survoltée qui conduira Sam à retrouver sa mère et ses anciennes associées. Mère et fille unies de nouveau, Sam et Scarlet se lanceront alors dans une lutte sans merci contre un ennemi commun redoutable.
Critique : L’héroïne badass envahit les écrans, mais égratigne rarement le box-office. Pis, elle afflige plus qu’elle n’inflige. Pensez Charlie’s Angels ou The Old Guard sur Netflix.
Bloody Milkshake pille tous les composants de John Wick
Bloody Milkshake, production StudioCanal, a beau être mis en scène par l’un des deux féroces réalisateurs de Big Bad Wolf, le résultat aussi divertissant soit-il, n’a guère d’intérêt. Et pour cause, ce copié-collé de John Wick, dans l’image ultra-stylisée et pop, ses tueries orgiaques, son microcosme de tueurs à gages qui va s’armer ici non pas dans un grand hôtel underground, mais auprès de bibliothécaires pour qui le livre n’est qu’une métaphore armée, est habitée par des dames du cinéma qui n’y ont pas leur place. Pensée triste pour Michelle Yeoh en écrivant ces lignes, tant l’actrice athlète nous a épatés de par ses exploits dans les arts martiaux pendant des décennies ; elle est ici réduite à néant.
Des héroïnes bien frêles pour un film faussement badass
Contrairement au Moineau Rouge que Jennifer Lawrence incarnait dans Red Sparrow, au Mamba noir qu’incarnait Uma Thurman dans Kill Bill ou à la blonde atomique jadis jouée par l’explosive Charlize Theron, le casting de Bloody Milkshake pâtit de figures de séries télévisées un peu camp, qui aimeraient pouvoir engendrer un semblant de crédibilité face à une armée de gangsters. Carla Gugino, Angela Bassett, Leana Headey, jadis figure de proue dans Game of Thrones, font ce qu’elles peuvent pour impressionner ces messieurs en hitwomen costaudes. Cette dernière, en raison d’un contrat qui a mal tourné, doit abandonner sa fille autour d’un milkshake qui finit par un bain de sang. Et évidemment, quelques années plus tard, la jeune fille deviendra à son tour un as de la gâchette professionnelle. Une frêle héroïne.
Dans un genre où les visages burinés, grêlés, les gueules de cinéma nourrissent des stéréotypes plutôt aimés par les spectateurs, Bloody Milkshake se concentre sur des jolis minois et des figures douloureusement botoxées qui s’agitent à l’écran, quand les personnages masculins sont inexistants, et les exploits accomplis à l’écran s’efforcent d’évoquer la douleur du combat aux couleurs et au rythme d’une bande dessinée. La présence d’une gamine dans les pattes de la jeune tueuse qui fait un transfert sur sa propre situation, finit par nous achever.
Et dire que dans les années 70, Francis Ford Coppola initiait sa trilogie du Parrain et que Scorsese explosait dans le genre mafieux. Notre époque nous laisse bien dubitatif quant à la légèreté des divertissements en série qu’elle produit, en particulier quand elle abuse de la violence la plus dure pour des moments de comédie finalement douteuse dans son absence de réflexion.