Plus proche de Michael Bay que de George A. Romero, Army of the Dead est une production ambitieuse, divertissante, quoiqu’insipide. L’armée des morts, premier long de Zack Snyder, lui restera infiniment supérieur.
Synopsis : Profitant d’une attaque de zombies à Las Vegas, un groupe de mercenaires fait le pari fou de s’aventurer dans la zone de quarantaine pour tenter le braquage le plus spectaculaire de tous les temps.
Les films de zombies sur CinéDweller
Critique : Filmé par un technicien de l’image brillant, Army of the Dead ravive une fois de plus le genre du film de zombie, que le cinéaste Zack Snyder lui-même avait contribué à relancer brillamment au début des années 2000 avec Paul W.S. Anderson (Resident Evil, 2001) et Danny Boyle (28 jours plus tard, 2001), en mettant en scène le remake de Zombies, le crépuscule des morts vivants, devenu en France L’armée des morts (2004). L’armée des morts était le remake parfait, truffé d’idées visuelles et habité par une efficacité de rythme qui le rendait bluffant. Depuis, Zack Snyder aura développé les mêmes talents dans des films moins bons, qu’Army of the Dead dépasse à peine d’une tête.
Plus intéressé par l’action que par la psychologie des personnages, Zack Snyder n’a jamais eu la préoccupation d’enrichir ses âmes perdues par de vraies blessures ; la mise en scène en série de films de super-héros était donc une bonne manière de combler ses lacunes humaines dans un genre peu enclin à la diversité de l’âme. Avec Snyder, on se contrefiche des personnages et on part plutôt à la recherche de trouvailles picturales, de composition de plans virtuoses. Même ses chouettes et hiboux moches dans Le royaume de Ga’Hoole passaient plutôt bien l’épreuve du visionnage grâce à un sens des décors et de la réalisation sublimes qui parvenait à effacer la naïveté narrative.
Las Vegas parano vs Zombie Heist
Cinéaste du pictural, Snyder est surtout un réalisateur roublard capable des castings improbables (le jeu bovin de Dave Bautista, maladroitement chargé de porter Army of the Dead sur son triangle de muscles laisse particulièrement dubitatif) pour mettre en boîte du tout à l’action. Impressionnant jeu vidéo de 2h30, aux décors chargés qui renvoient les deux adaptations de Silent Hill à leur néant, Army of the Dead est une course à l’apocalypse épique, plus proche du péplum et du post-nuke que du film d’horreur, même si le sang est omniprésent.
Alors que Las Vegas est un foyer de contamination zombie à éradiquer de la carte par le nucléaire, la course à la mort passe forcément par le sempiternel casse (c’est Las Vegas, les gars !) et le déglingage de créatures féroces à tout-va, puisque des mercenaires sont envoyés dépouiller quelques coffres de la cité du péché avant sa destruction finale. Le mélange des genres entretient la fosse s(c)eptique et la violence numérique n’impressionne guère pour être vraiment dérangeante. A l’exception de quelques plans de têtes éclatées appréciées, les amateurs de gore réviseront leurs classiques fulciens, romeriens, ou regarderont à nouveau l’intégralité de The Walking Dead, série qui a su être particulièrement éprouvante par moments. Quant aux mercenaires, ils répondent aux canons netflixiens, à savoir un brassage des nationalités et des ethnies pour ne laisser aucun spectateur sur le carreau, la plateforme étant “woke” et internationale.
Army of the Dead, bravade décérébrée pour les 12-40 ans
En tant que bravade cinématographique, Army of the Dead peut largement compter sur la capacité de son auteur pour balancer du spectacle. C’est incontestable. Mais l’humour et les personnages sont parfaitement dispensables. Un peu de macabre et de diabolisme dans cet enfer zombiesque dans un Las Vegas parano aurait été le bienvenu. Mais Army of the Dead ne concèdera pas d’alternative à sa vision très grand public dont le combat final, avec son tigre d’outre-tombe, ravive les souvenirs des combats du Seigneur des anneaux et autre Narnia. Les 12-40 ans adoreront cette adaptation de jeu vidéo qui n’en est pas une. Les vétérans de la cinéphilie fantastique ricaneront.
Comme dans un jeu vidéo, les personnages sont vides de vie et le casting est étonnamment médiocre, en particulier dans les choix féminins. La séduisante actrice française Nora Arnezeder, jeune espoir de Maniac de Franck Khalfoun, dont la carrière comme héroïne de cinéma a été brisée par l’infâme remake d’Angélique par Ariel Zeitoun, est peut-être l’exception. Sa ressemblance avec la Emily Blunt de Edge of Tomorrow lui va à ravir. On la reconnaît à peine.
Si Army of the Dead relève convenablement le niveau des divertissements Netflix, le blockbuster confirme surtout qu’au royaume des roublards, le maître Michael Bay a décidément du souci à se faire. Les déclarations de guerre de Zack Snyder pourraient lui voler son trône pourtant peu enviable.
Les films Netflix sur Cinédweller
Voir le film sur Netflix