Alerte Rouge : la critique du film (2022)

Animation | 1hmin
Note de la rédaction :
5.5/10
5.5
Alerte Rouge, affiche

  • Réalisateur : Domee Shi
  • Date de sortie: 11 Mar 2022
  • Année de production : 2022
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Turning Red
  • Titres alternatifs : Pirula panda (Hongrie), Rot (Allemagne), Red: Crescer é uma Fera (Brésil), To nie wypanda (Pologne), Volviendose Rojo (Pérou), Red (Italie)
  • Scénaristes : Domee Shin, Julia Cho, Sarah Streicher
  • Directeur de la photographie : Mahyar Abousaeedi, Jonathan Pytko
  • Monteur : Steve Bloom, Nicholas C. Smith
  • Compositeur : Ludwig Göransson
  • Producteur : Lindsey Collins
  • Sociétés de production : Pixar Animation Studios, Walt Disney Pictures
  • Distributeur : Inédit au cinéma
  • Plateforme de diffusion : Disney+
  • Date de diffusion : A partir du 11 mars 2022
  • Editeur vidéo : Inédit en vidéo
  • Date de sortie vidéo : -
  • Budget : 175 000 000$
  • Classification : Inédit en salle - Aucune classification du CNC
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur / Dolby Atmos, Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2022 Disney/Pixar. All Rights Reserved. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Alerte Rouge essaie de retrouver l’acuité émotionnelle des phases de la vie d’un Vice-Versa, mais ne retrouve pas la verve des productions Pixar de l’époque de ses pères fondateurs.

Synopsis : Les aventures de Meilin Lee, une jeune adolescente de 13 ans, pleine d’assurance, mais tiraillée entre son image de petite fille modèle aux yeux de sa mère hyper protectrice et le chaos de l’adolescence. Et comme si tous les changements qui s’opèrent en elle ne suffisaient pas, chaque fois qu’elle est débordée par ses émotions – ce qui, pour une ado, arrive quasiment tout le temps – elle se transforme en panda roux géant !

L’ingratitude de Disney envers Pixar

Critique : Longtemps envisagé pour les salles de cinéma, Alerte rouge connaît une déprogrammation surprenante en début d’année 2022, Disney annonçant subitement son exploitation exclusive sur sa plateforme de streaming pour les pays bénéficiant de l’accès à son application de SVOD. La révolte sur les réseaux sociaux des fans du grand écran et la déception des exploitants grondent. Et pour cause, le produit était forcément attendu, puisqu’à l’exception des films de la Twentieth Century Fox, proposés sous le label Twentieth Century Studio (West Side Story, The King’s man: première mission, Nightmare Alley, Mort sur le Nil), le studio américain n’a rien proposé en salle depuis Encanto en novembre 2021 et n’a caler son film de superhéros Doctor Strange in the Multiverse of Madness aux mois plus tard, en mai 2022. Six mois sans le label Disney, c’est forcément un coup de poignard pour les salles de cinéma en proie à une certaine désaffection des spectateurs qui ont plutôt bien répondu à Encanto la famille Madrigal, avec des recettes de 250M$ dans le monde en période de vague Omicron.

La décision peut s’interpréter comme un affront au studio Pixar, puisque celui-ci a été privé de grand écran à deux reprises pendant la Covid-19, avec Soul et Lucas, tous deux rabaissés au statuts peu reluisants de direct-to-Svod. La punition affligée est cruelle pour l’ancien studio de John Lasseter qui avait permis à la major de survivre dans le domaine de l’animation dans les années 2000, avec les phénoménaux Monstres & Cie, Le monde de Nemo, Les indestructibles. La maison mère sortait alors des bides historiques à la pelle : Dinosaure, Atlantide le monde perdu, La planète au trésor, Frère des ours, La ferme se rebelle, Chicken Little, et surtout The Wild !

Alerte rouge (Turning Red), photo

© 2022 Disney/Pixar. All Rights Reserved.

Sur un plan qualitatif Alerte rouge, premier long métrage de Domee Shi, quatre ans après son court Bao, ne sonde pas le vide artistique de l’animation Disney des années 2000, mais ne retrouve pas non plus l’excellence des classiques Pixar de cette période. Red Turning, en version originale, déploie une trame bien connue dans la filmographie Pixar, celle de l’éveil à un l’âge supérieur, à une biologie bouillonnante et une personnalité fluctuante. Entre les anciens enfants qui délaissaient leurs jouets dans Toy Story, et ceux qui rangeaient leurs peurs enfantines aux placards (Monstres & Cie), la thématique inspirait les louanges, avec un paroxysme : Vice-versa. Cette grande réussite de Pixar s’imposait comme une introspection ultime de l’incroyable ébullition mentale d’une jeune adolescente, avec une touche d’universalité qui confinait au sublime.

Alerte rouge : le Pixar menstruel est arrivé

Alerte Rouge s’inspire énormément de Vice-Versa mais en s’attaquant davantage aux changements hormonaux des adolescents et aux mutations de leur corps. La réalisatrice s’emploie à décrire les premiers pas dans l’adolescence d’une jeune fille, à la puberté fulgurante,  son éveil à l’amour autre que celui pour ses parents (désormais les copines passent d’abord, et surgit en particulier l’instinct pour les garçons).

Quelques années auparavant, le récit aurait pu donner lieu à une œuvre majeure sur le droit au désir et à l’émancipation de l’ado de la vision bridée d’une mère qui refuse l’éventualité de voir son enfant quitter un jour le nid. Mais dans Alerte rouge, point d’émotions vives, le divertissement ne retrouve ni l’audace ni la créativité des pères fondateurs. Il se contente d’offrir une farce oursonne à peine mignonne dans le Canada multiethnique de la réalisatrice d’origine chinoise. L’arrivée des règles chez la jeune héroïne, à l’éducation stricte et rigoureuse, se traduit par sa mutation en panda rouge, en raison d’une malédiction qui touche les femmes de la famille, lors du passage à l’adolescence. L’idée enthousiasmante peine à donner vie à des instants truculents. Les situations du teen-movie collégien (harcèlement, fêtes, stéréotypes de nerds et aujourd’hui groupe de K-pop) s’appliquent à faire rire, mais la figure du panda méritait mieux qu’un affrontement à une échelle de King Kong au milieu d’un stade de groupies du dernier boys band à la mode. L’inventivité manque et l’on laissera volontiers le film au public des 13 ans et des poussières.

Avec du recul, le récit qui aurait dû subjuguer par sa pertinence émotionnelle devient surtout déjà daté par son ancrage culturel trop contemporain. Il n’est pas certain que ce film soit celui qui vieillisse le mieux dans l’imaginaire si riche de son studio emblématique des années 90 et 2000.

Frédéric Mignard

Diffusion seulement en streaming à partir du 11 mars 2022

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Alerte Rouge, affiche

© 2022 Disney/Pixar. All Rights Reserved

Frédéric Mignard

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