Soul ne manque ni d’âme ni de charme. Ses trouvailles visuelles épatent, malgré quelques égarement scénaristiques en milieu de métrage. Un Pixar de très bon cru.
Synopsis : Passionné de jazz et professeur de musique dans un collège, Joe Gardner a enfin l’opportunité de réaliser son rêve : jouer dans le meilleur club de jazz de New York.Mais un malencontreux faux pas le précipite dans le « Grand Avant » – un endroit fantastique où les nouvelles âmes acquièrent leur personnalité, caractère et spécificité avant d’être envoyées sur Terre. Bien décidé à retrouver sa vie, Joe fait équipe avec 22, une âme espiègle et pleine d’esprit, qui n’a jamais saisi l’intérêt de vivre une vie humaine. En essayant désespérément de montrer à 22 à quel point l’existence est formidable, Joe pourrait bien découvrir les réponses aux questions les plus importantes sur le sens de la vie.
Récit sur un film coronavirussé
Critique : Disney devait lancer Soul en France lors du festival de Cannes, et en salle le 24 juin pour qu’il puisse profiter de la Fête du Cinéma. Malheureusement, malgré la réouverture des cinémas en France, la sortie fut annulée dans le monde entier. Aussi, quelques chanceux ont pu découvrir Soul le 14 octobre de cette même année à l’occasion du Festival Lumière 2020 Grand Lyon Film Festival. Le film devait alors tenir la date de sortie du 25 novembre, envisagée pour le Grand Rex, et une sortie traditionnelle pour les fêtes de fin d’année. Les USA, de leur côté, semblaient être partis pour le découvrir le 20 novembre.
Toutefois, le 8 octobre, avant même la rechute de la France dans la seconde vague et trois semaines avant la fermeture de nos cinémas, Disney suscite la polémique chez les exploitants en décidant de lancer unilatéralement Soul directement sur Disney+, le même jour, à savoir Noël. Le coup de marketing est alors génial. Il s’agit de placer un film fortement spirituel, voire religieux, lors d’une journée symbolique. L’Amérique chrétienne appréciera et grâce à Internet Soul pourra prêcher sa messe de minuit à l’instant T et réaliser le plus beau coup de communication pour sa plateforme, après celui foireux autour de Mulan qui n’a satisfait personne.
© 2020 Disney/Pixar. All Rights Reserved.
Pour Pete Docter, l’un des grands talents du studio, qui a encore réalisé un magnifique travail pour livrer une œuvre de grand écran, cela doit être dur à avaler tant Soul agrège tout ce qui fait d’une œuvre du cinéma pur et beau. Autant la relecture en live action de Mulan n’avait aucun ingrédient dans sa réalisation pour époustoufler quiconque en salle, autant Soul ne manque pas ni d’arguments visuels ni de maturité pour dépasser le clivage film pour enfants, film pour adulte.
Soul, un Pixar qui ne manque ni d’âme ni d’esprit
Ce 23e long métrage Pixar est esthétiquement splendide et fait tourbillonner l’esprit de ses idées graphiques de l’antichambre du paradis. Plus que jamais, le talent de Pixar pour les textures, le détail et les environnements imaginaires plus grands que notre imagination de spectateur nous laisse pantois. Les gags sont percutants (merci au personnage 22 et à sa répartie) et l’on ressent cette volonté de confiner au plus beau de l’universalité dans la peinture du protagoniste central, un personnage humble à qui Jamie Foxx en VO et Omar Sy en VF offrent leur talent vocal.
Les films Pixar sur CinéDweller
Toutefois, contrairement à Vice-versa et Coco, derniers Pixar de qualité, qui ne comptaient aucune fausse note, ni dans l’humour, ni dans la mélancolie et la gravité, Soul souffre parfois d’un script plus irrégulier. Pour satisfaire un public plus jeune, le retour terrestre sous forme de chat de notre personnage principal qui, en quelques mots, est mort le premier jour du reste de sa vie, celui d’un nouveau départ, est un peu pauvre en truculence ou en émotions pures. C’est peut-être parce que l’on aurait aimé des scènes plus touchantes avec le personnage de la mère et autour de cette rencontre avec cette chanteuse de jazz au caractère bien trempé. Les personnages féminins nécessitaient peut-être d’être plus développés.
Live your life, be free
Au final, Soul fourmille d’idées, mais sur une thématique assez proche (le voyage chez les morts), on préfèrera Coco auquel on pensera énormément. Dans tous les cas, le Pixar 2020, véritable invitation à vivre chaque instant de nos vies, réussit le mariage de l’âme et de l’esprit et s’avère être une œuvre de qualité, à la philosophie essentielle, que l’on n’hésitera pas à recommander, y compris aux allergiques au jazz. La bande originale s’en écarte souvent pour ne pas tomber dans le piège du film qui pourrait horripiler pour un détail purement subjectif. C’est bien pensé, carrément bien foutu et philosophiquement riche. Soul sera donc à découvrir sur nos écrans de téléphone, d’ordinateurs et éventuellement de télévision, à défaut de ceux des cinémas. Et cela est bien dommage tant on sait que les ados privilégient de loin l’option portable pour consommer sur les plateformes.
Critique de Frédéric Mignard