Cette nouvelle adaptation de Mort sur le Nil par Kenneth Branagh manque de passion et de tension, malgré une intrigue bien ficelée. Trop classique et vaguement ennuyeux.
Synopsis : Après l’enquête de l’Orient-Express, le célèbre détective privé belge Hercule Poirot doit enquêter sur un meurtre perpétré à bord d’un navire de croisière. En effet, la riche et belle héritière Linnet Ridgeway s’éprend de Simon Doyle, le fiancé de sa meilleure amie, Jacqueline de Bellefort, et l’épouse dans la foulée. Partis en voyage de noces, les jeunes mariés sont poursuivis par la jeune femme délaissée, dans leurs étapes successives, jusqu’en Égypte, où ils séjournent dans un hôtel où se trouve également Poirot, qui pressent une situation dramatique.
Mort sur le Nil débarque enfin, trois ans après son tournage
Critique : Après le joli succès rencontré par Le crime de l’Orient-Express (plus de 350 millions de dollars générés pour un budget initial de 55 millions en 2017), l’acteur-réalisateur britannique Kenneth Branagh a décidé de continuer à revisiter les enquêtes d’Hercule Poirot. Effectivement, les œuvres d’Agatha Christie ont déjà été adaptées au cinéma dans les années 70, avec notamment Le crime de l’Orient-Express (Lumet, 1974) et Mort sur le Nil (Guillermin, 1978). Le premier était interprété par Albert Finney et le second par Peter Ustinov. Rien de bien nouveau sous le soleil donc, avec ces nouvelles versions qui ont par contre le mérite de posséder un casting récurrent, avec Branagh dans le rôle de Poirot et Tom Bateman dans celui de son meilleur ami Bouc.
© 2021 20th Century Studios. All Rights Reserved.
Doté d’un budget plus conséquent que celui du premier volet – on parle de 90 millions de dollars, hors promotion – Mort sur le Nil a été tourné en 2019 pour le compte de la 20th Century Fox . Son arrivée tardive sur nos écrans s’explique par plusieurs contretemps malheureux. Tout d’abord, le film a fait face au rachat de la firme par Walt Disney, ce qui a retardé sa sortie initiale. Puis, la crise sanitaire de la Covid-19 a poussé les exécutifs à repousser encore la sortie du film qui devait s’effectuer en décembre 2020. Pourtant, le studio repousse encore le film à 2021, lorsque le scandale sexuel qui touche Armie Hammer vient encore bousculer le calendrier. Il a donc fallu attendre début 2022 pour voir enfin le long-métrage sur nos écrans, à quelques semaines seulement de la sortie de Belfast, le nouveau long de Kenneth Branagh.
Une longue entrée en matière avant le premier meurtre
Débutant par une introduction située durant la Première Guerre mondiale, Mort sur le Nil se penche sur le passé d’Hercule Poirot afin de donner plus d’épaisseur au personnage et de tenter d’expliquer ses manies et sa froideur implacable. Cette introduction est encore suivie d’une longue séquence à Londres qui permet de présenter le trio de tête interprété par la séduisante Gal Gadot, la plus sombre Emma Mackey et Armie Hammer. Puis, le cinéaste aborde enfin les terres égyptiennes pour nous entrainer à la suite des jeunes mariés que sont Gadot et Hammer. Pour le spectateur, l’entrée en matière va s’avérer encore assez longue puisqu’il faut patienter une bonne heure avant que le premier meurtre n’intervienne vraiment.
Certes, cette très longue présentation des différents protagonistes était essentielle pour que le spectateur comprenne les enjeux des différents meurtres, mais ce très long préambule a le gros défaut d’installer le spectateur dans une certaine torpeur narrative que la réalisation ample et luxueuse de Kenneth Branagh n’arrive pas toujours à compenser. On peut également regretter l’usage un peu trop important d’effets spéciaux numériques et de filtres qui tendent à rendre les images et les paysages factices. C’était déjà un reproche que l’on pouvait faire au Crime de l’Orient-Express version Branagh.
Une troupe de comédiens impeccables
Par contre, il faut saluer une meilleure maîtrise du casting que dans le film précédent. Même Kenneth Branagh semble plus à l’aise dans le costume d’Hercule Poirot. On ne trouve pas non plus de fausses notes dans l’interprétation générale car chaque acteur apporte son talent sans chercher à prendre l’ascendant sur les autres. Au petit jeu de nos préférences, on citera toutefois la belle prestance de Gal Gadot, le jeu ambigu d’Emma Mackey, ainsi que l’apport juste de Jennifer Saunders en vieille aristocrate adepte du communisme.
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Durant l’enquête proprement dite, les ressorts apparaissent comme très classiques, au point de permettre au spectateur de deviner à l’avance l’identité du ou des coupables, ainsi que leurs motivations. Pour autant, le modus operandi nous échappe dans une large mesure et donc l’ensemble se regarde encore avec un certain plaisir. Signalons que les œuvres d’Agatha Christie ont contribué à forger le genre du whodunit et que son intrigue est ingénieuse. Malheureusement pour elle, elle a depuis été maintes fois copiée et cela entame donc l’effet de surprise qui pouvait légitimement être celui de ses lecteurs en 1937 lors de la publication du roman.
Un divertissement correct, mais trop routinier
Joué de manière correcte, emballé avec soin par un Kenneth Branagh qui ne cherche plus à être audacieux depuis longtemps, Mort sur le Nil s’avère donc un divertissement agréable à suivre, mais sans doute un peu trop routinier pour passionner. Dans le genre, on a connu largement mieux, avec moins de décors tape-à-l’œil et d’effets visuels numériques moyennement maîtrisés. L’ensemble n’est jamais raté ou désagréable, juste excessivement prévisible.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 9 février 2022
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