Absence de malice : la critique du film (1982)

Drame, Romance, Thriller | 1h56min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Absence de malice, l'affiche

  • Réalisateur : Sydney Pollack
  • Acteurs : Paul Newman, Sally Field, John Harkins, Melinda Dillon, Bob Balaban, Wilford Brimley, Luther Adler
  • Date de sortie: 03 Mar 1982
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Absence of Malice
  • Titres alternatifs : Die Sensationsreporterin (Allemagne) / Ausencia de malicia (Espagne) / A Calúnia (Portugal) / Diritto di cronaca (Italie) / A szenzáció áldozata (Hongrie) / I god tro (Danemark)
  • Année de production : 1981
  • Scénariste(s) : Kurt Luedtke, avec la participation non créditée de David Rayfiel et Sydney Pollack
  • Directeur de la photographie : Owen Roizman
  • Compositeur : Dave Grusin
  • Société(s) de production : Columbia Pictures, Mirage Enterprises
  • Distributeur (1ère sortie) : Warner Columbia
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : GCR (VHS) / Gaumont Columbia TriStar (VHS) / Columbia TriStar (DVD, 2001)
  • Date de sortie vidéo : 13 juin 2001 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 524 860 entrées / 241 312 entrées
  • Box-office nord-américain : 40 716 963$
  • Budget : 12 000 000 $
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Récompenses : Kansas City Film Critics Circle Awards 1981 : meilleure actrice dans un second rôle pour Melinda Dillon ; Berlinale 1982 : mention honorable, prix des lecteurs du Berliner Morgenpost / Nominations : Los Angeles Film Critics Association Awards 1981 : meilleure actrice dans un second rôle pour Melinda Dillon ; Oscars 1982 : meilleur acteur pour Paul Newman, meilleure actrice dans un second rôle pour Melinda Dillon, meilleur scénario original pour Kurt Luedtke ; Golden Globes 1982 : meilleure actrice dans un film dramatique pour Sally Field, meilleur scénario pour Kurt Luedtke ; Berlinale 1982 : en compétition officielle pour l'Ours d'or ; Writers Guild of America Awards 1982 : meilleur scénario original pour Kurt Luedtke
  • Illustrateur / Création graphique : Tom Zimberoff (photographe)
  • Crédits : © 1981 Columbia Pictures Industries Inc.
Note des spectateurs :

Absence de malice entend dénoncer les dérives d’une certaine presse sans scrupule avec des arguments convaincants, mais trop démonstratifs. Cette mécanique de précision peut laisser froid.

Synopsis : Enquêtant sur une sombre affaire d’enlèvement, le FBI compromet un homme innocent pour obtenir sa collaboration. Il manipule également une journaliste qui, flairant le scoop, écrit des articles sensationnels aux conséquences dramatiques.

Une attaque contre les journalistes sans déontologie

Critique : A la fin des années 70, le journaliste Kurt Luedtke décide de se lancer dans l’écriture d’un scénario de cinéma s’inspirant à la fois de son expérience personnelle en tant que gratte-papier et d’affaires qui ont récemment défrayé la chronique. Effectivement, à cette époque, des journalistes peu scrupuleux commencent à monter des articles de toutes pièces, afin de vendre du papier et décrocher un éventuel prix Pulitzer. Si des journalistes sont parvenus à faire chuter un président (Nixon avec l’affaire du Watergate), alors pourquoi ne pas s’attaquer à d’autres cibles ? Toute la différence entre ces reporters aux dents longues et le duo Woodward-Bernstein tient en un mot : la déontologie.

Dans son scénario, Luedtke s’en prend donc à tous ceux qui ne respectent aucune morale, car en recherche constante du scoop croustillant. Ce sujet séduit d’abord le réalisateur George Roy Hill et son acteur fétiche Paul Newman qui a souvent eu des déboires avec les paparazzi, mais c’est finalement Sydney Pollack qui se retrouve embarqué dans cette aventure. Le réalisateur, dans une mauvaise passe après l’échec de Bobby Deerfield (1977) et la déception du Cavalier électrique (1980), s’implique fortement dans la réécriture du script auquel il apporte son expertise et son sens de la structure. Il insiste également sur la liaison amoureuse entre la journaliste incarnée par Sally Field et sa victime Paul Newman, ce qui ajoute un ressort dramatique supplémentaire.

L’antithèse des Hommes du président

Sorte d’antithèse des Hommes du président (Pakula, 1976) qui montrait les vertus de la presse libre, Absence de malice (1981) démontre au contraire que des garde-fous manquent parfois face à des journalistes sans foi ni loi. Ici, la novice incarnée par Sally Field est prête à tout pour livrer un scoop à son journal. Elle se fait ainsi manipuler par le chef de la police qui lui obtient des informations sur un individu louche (Paul Newman). Celle-ci publie donc la version donnée par la police sans effectuer la moindre vérification, au risque de bouleverser la vie de l’intéressé.

Avec un vrai sens de la précision, Pollack nous invite donc à suivre le cours d’une machination qui n’a pas vraiment d’intérêt en elle-même, mais qui lui permet de dénoncer les méthodes douteuses d’une certaine presse avide de scoop. Pollack démontre que certains journalistes ne vérifient pas leurs sources et sont capables de jeter en pâture à la foule déchaînée des innocents et des êtres fragiles. Ainsi, le personnage incarné avec beaucoup d’aplomb et de retenue par Paul Newman perd en quelques heures son entreprise, ainsi que son amie d’enfance qui se suicide à la suite d’un article (bouleversante Melinda Dillon).

Absence de malice ne décolle jamais vraiment

Malheureusement, si cette dénonciation s’avère pertinente et nécessaire, Sydney Pollack n’arrive pas à éviter un aspect démonstratif dans la progression de son intrigue. Certains dialogues sont sans doute trop explicites, certaines situations trop édifiantes pour qu’une quelconque liberté de ton ne s’immisce. Sans doute trop carré, le script tente bien de laisser vivre ses personnages, mais ces flottements narratifs ne sont pas suffisamment incarnés pour apporter de la chaleur humaine à un long-métrage finalement trop théorique.

Sydney Pollack lui-même a admis son incapacité à faire décoller l’ensemble du long-métrage. Il dit notamment dans le livre Sydney Pollack de Michèle Léon (Pygmalion, 1991, page 85) :

C’est peut-être parce que j’ai échoué à lui donner plus d’envergure […] Le film n’est jamais allé au-delà de cette préoccupation littérale, si vous voulez, à propos des journaux et du journalisme. J’aime quand même beaucoup le film parce que je pense que ce problème est intéressant. Et aussi parce que j’aime Newman, beaucoup. C’est peut-être le moins romantique de mes films. Mais c’est un film très imbriqué, et je l’aime pour cela. Il est très, très précis au niveau de la structure. Il est très soigneusement structuré, et il y a des parties que j’aime beaucoup.

En réalité, on peut largement souscrire à cette analyse livrée par le réalisateur puisque le sujet du film est effectivement traité de manière rigoureuse, mais Sydney Pollack n’est pas parvenu à faire décoller l’ensemble pour qu’Absence de malice devienne un grand film sur le journalisme. Il y manque une flamme, une passion qui en ferait un incontournable. Si le long-métrage ne dépareille pas au sein de sa filmographie, il n’est aucunement la meilleure de ses créations.

Un certain succès et quelques récompenses

Sorti aux Etats-Unis à la fin de l’année 1981, Absence de malice a rencontré un joli succès dans les salles américaines, permettant notamment à Paul Newman de revenir sur le devant de la scène. L’actrice Melinda Dillon – qui joue admirablement l’amie suicidaire de Newman – a obtenu un Prix de la meilleure actrice dans un second rôle aux Kansas City Film Critics Circle Awards, ainsi qu’une nomination aux Oscars dans la catégorie similaire. Le long-métrage a reçu également deux autres nominations (pour Paul Newman et le scénario de Kurt Luedtke).

En France, le film est sorti en mars 1982, mais n’a pas connu le même destin que Le policeman (Petrie, 1981) qui fut un gros succès de l’année précédente. En fait, Absence de malice a surtout bien fonctionné à Paris, mais semble avoir laissé la province assez indifférente. Au total, le long-métrage s’arrête à 524 860 entrées dans l’Hexagone. Les critiques furent plutôt timides devant cette œuvre mineure qui ne tient qu’à la force initiale de son sujet et au charisme de son acteur principal.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 3 mars 1982

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Absence de malice, l'affiche

© 1981 Columbia Pictures Industries Inc. / Affiche : Tom Zimberoff (photographe). Tous droits réservés.

Box-office :

Sorti dans 15 salles sur Paris-Périphérie, la semaine du 3 mars 1982, Absence de malice entre en 2e place, avec 64 568 spectateurs. Un bon score, principalement dans le circuit Paramount (9 sur 15 salles), qui ne permet pas à Paul Newman de détrôner Francis Perrin dans Tête à claques, en 3e semaine. Au moins, le “vieux” Paul Newman fait mieux que la production hype de la semaine, Wolfen (62 279 entrées, dans 21 salles). Les Plouffe, comédie québécoise de Gilles Carle entre en catastrophe en 15e place, avec 21 404 spectateurs dans 19 salles. C’est l’échec.

En deuxième semaine, le polar journalistique gagne 3 écrans mais chute de 20 000 entrées (46 955). Devant lui, les entrées de Les Sous-Doués en vacances (170 341), de Un justicier dans la ville 2 (100 036) et de Josepha de Christopher Frank (72 178) plaçaient les enjeux un peu plus haut. Newman fait mieux que Bandits bandits des Monty Python qui entre en 5e place, avec 45 651 amateurs d’humour britannique dans 19 salles. Les autres nouveautés de la semaine, Te marre pas, c’est pour rire (34 371, 25 écrans) et Maniac (26 594, 16 salles) connaissaient des fortunes diverses.

Au final, Absence de malice restera 13 semaines à l’affiche, avec une ultime salle au George V, dans la semaine du 26 mai. Il y glanait encore 719 curieux pour un total de 241 312 investigateurs. Il doublera ses entrées avec les chiffres provinciaux où il fut programmer 15 jours après Paris.

Frédéric Mignard

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