Note des spectateurs :

Une nouvelle page se tourne dans le paysage de l’exploitation française avec l’annonce de la fermeture de l’UGC George V. Retour sur les dessous de l’affaire.

Depuis des années, le groupe UGC envisage de mettre un terme à l’exploitation de l’UGC George V, petit multiplexe de 11 écrans qui ne représentent plus les standards de modernité voulus par l’exploitant de la chaîne Ciné Cité et développés sur ses sites, à la Défense, les Halles, Bercy, ou à Paris 19.

Fermeture d’un pôle de l’exploitation cinématographique des Champs-Elysées

L’établissement le George V était victime d’une impossibilité de faire évoluer ses salles, engluées dans un côté rétro-vintage très années 80, due au bras de fer avec les propriétaires des lieux qui mettaient la pression sur le prix de la location des lieux.

La chute conséquente de la fréquentation du cinéma, et celle globale dans le quartier des Champs-Elysées, a de plus annoncé la mort inévitable de ce fer de lance de l’exploitation du VIIIe, en raison d’un déplacement de l’intérêt culturel des Parisiens vers des quartiers moins touristiques. L’érosion des cinémas de l’ancienne plus belle avenue du monde a suivi la courbe inverse de celle des flagships des grandes marques de consommation diverses.

Le 8e arrondissement a vu ses salles mourir progressivement, passant de plus d’une vingtaine de cinémas différents dans les années 70 a une poignée dans les années 2010, dont le Gaumont Ambassade, autre cinéma emblématique de forte fréquentation, qui a mis la clé sous la porte en juillet 2016, en raison de la baisse de l’activité, de la pression des promoteurs et des propriétaires des bâtiments à qui l’on proposait des offres plus juteuses que celles que pouvaient proposer un cinéma en 2020.

Pour un aperçu plus précis du paysage cinématographique de l’avenue des Champs-Elysées, nous vous renvoyons à nos confrères de Salles-Cinéma.com, leur dossier est passionnant.

Les enjeux de la fermeture

La fermeture de l’UGC George V sera compensé à moyen terme par le projet d’un multiplexe MK2 au 150 avenue des Champs-Elysées qui devrait ouvrir en 2022, et profitera probablement au cinéma le Publicis, en face même de l’actuel George V.

Le Publicis, pour ne pas rentrer en concurrence frontale avec UGC, comme d’un commun accord, avait fait de ses deux salles une vitrine technologique pour le groupe Publicis, et organise régulièrement des événements (avant-premières, projections de presse), parallèlement à une exploitation d’un répertoire de micro-sorties jamais en adéquation avec le format prestigieux de ses deux salles magnifiquement équipées des dernières technologies.

Ouvert en 1938, alors baptisé Les Portiques, l’actuel UGC George V devient le George V en 1952, fort de travaux conséquents par l’architecte George Peynet. Il ne dispose alors que d’une grande salle de 500 places, avec balcon. Il sera progressivement développé dans les années 80, pour devenir un site multi-salles de 4 écrans, puis de 11 écrans.

UGC en fait son acquisition en 1993, dans une étape importante dans son développement dans le secteur de l’exploitation. Il s’agit alors de redéfinir le paysage de l’exploitation parisienne, dans une rivalité avec Gaumont. UGC développait parallèlement la création du premier cinéma européen en terme de fréquentation, l’UGC Ciné Cité les Halles, dont l’ouverture serait prévue pour janvier 1995.

Fermé en raison de la crise du coronavirus le 11 mars 2020, l’UGC George V ne réouvrira pas le 22 juin prochain, jour de la reprise effective de l’activité des salles françaises.

Frédéric Mignard