Réalisateur, scénariste, producteur et directeur de la photographie philippin, Mike De Leon est né en 1947 à Manille. Il est issu d’une prestigieuse lignée impliquée dans le cinéma philippin puisque sa grand-mère Narcisa de León fut l’une des fondatrices du grand studio philippin LVN Pictures et que son père est le célèbre producteur Manuel De Leon.
Mike De Leon, la formation
Tout jeune, Mike De Leon est envoyé en Europe, et plus précisément en Allemagne où il découvre le cinéma européen et américain qui le marquent profondément. Il devient ainsi un grand fan des œuvres d’Antonioni, mais aussi de Stanley Kubrick. Finalement, il revient aux Philippines en 1969 et y poursuit des études en histoire de l’art. S’il ne se destine pas initialement à une carrière dans le cinéma, il finit par faire la rencontre du réalisateur Lino Brocka et devient son directeur de la photographie sur son chef d’œuvre Manille (1975). Cela lui ouvre de nouvelles perspectives et Mike De Leon réalise ses premiers courts qui lui donnent confiance en ses capacités créatrices.
Mike De Leon, les œuvres majeures
Finalement, en 1976, il tourne en totale indépendance le film Les rites de mai (Itim) avec un casting sans vedette. Le long-métrage qui s’inspire à la fois du cinéma gothique britannique et des œuvres d’Antonioni est une réussite patente, mais ne connaît qu’un succès limité à sa sortie aux Philippines. Pourtant, le cinéaste décide de poursuivre sa carrière en acceptant d’être produit par son père pour le drame sentimental C’était un rêve (1977) qui, cette fois-ci, trouve son public. Après une courte pause où il redevient directeur de la photographie pour le cinéaste Eddie Romero sur Aguila (1980), Mike De Leon poursuit son œuvre avec la comédie loufoque Frisson ? (1980) qui remporte un nouveau succès dans son pays.
Désormais bien installé dans l’industrie, Mike De Leon reprend des thématiques plus sérieuses avec ses deux œuvres suivantes, tournées consécutivement. Ainsi, il aborde le tabou de l’inceste avec le brillant Kisapmata (1981) et s’en prend ensuite aux fraternités étudiantes dont les bizutages fleurent bon le fascisme dans Batch 81 (1982). Les deux œuvres ont été présentées à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes.
En 1984, le réalisateur est en compétition au Festival de Venise avec une œuvre plus frontalement politique intitulée Croisements (1984) qui évoque le combat d’une religieuse au cœur d’une grève ouvrière. Pour mémoire, ces œuvres engagées ont été tournées alors que les Philippines sont sous le joug de la dictature de Marcos. Très prolifique, le cinéaste enchaîne avec Le Paradis ne se partage pas (1985) qui est davantage un drame sentimental.
Un cinéaste de plus en plus rare
Le cinéaste signe encore un thriller intitulé Prisoner of the Dark (1986), tandis que le pays commence à se libérer de l’emprise de Marcos. Etrangement, la fin de la dictature va être le chant du cygne du réalisateur qui tourne de moins en moins souvent et se consacre de plus en plus à la conservation des œuvres du patrimoine cinématographique philippin.
Ainsi, il faut attendre 1999 pour que Mike De Leon revienne pleinement au cinéma avec sa fresque Héros du tiers monde (1999) qui retrace le destin hors du commun du héros national philippin Jose Rizal. Même si le film est récompensé dans de nombreux festivals, cela ne semble pas avoir donné un nouveau coup d’accélérateur à la carrière de Mike De Leon qui ne tourne guère que quelques courts-métrages les années suivantes.
Il faut à nouveau patienter jusqu’en 2018 pour qu’il tourne Citizen Jack (2018), son dernier long-métrage à ce jour. Malgré le petit nombre de ses films, Mike De Leon est considéré à juste titre comme un des grands noms du cinéma philippin des années 70-80 par la pertinence de ses choix et la variété des thèmes abordés. Son œuvre, peu diffusée en France à l’époque, est surtout découverte à la fin des années 2010 grâce à des rétrospectives et à la sortie de ses films en blu-ray par les bons soins de l’éditeur Carlotta.