Françoise Fabian est l’une des actrices françaises les plus brillantes et attachantes de sa génération. Elle a joué sous la direction de Rohmer, Lelouch, Demy…
L’éternelle Maud de Rohmer
Formée au Conservatoire, dans la promotion de Belmondo et Marielle, Françoise Fabian débute au théâtre en 1954 et y poursuit une brillante carrière, jouant aussi bien dans La Puce à l’oreille (mise en scène de Jacques Charon, Théâtre Marigny, 1968), que Britannicus (mise en scène de Jean-Pierre André, Festival de Ramatuelle, 1994) ou Le Tartuffe (mise en scène de Luc Bondy, Théâtre de l’Odéon, 2014).
Le cinéma s’intéresse vite à cette comédienne aussi talentueuse que belle femme et elle y joue d’abord des petits rôles jusqu’au milieu des années 60. En 1966, Louis Malle avec Le Voleur et surtout Luis Buñuel dans Belle de jour la mettent davantage en valeur : dans ce dernier film, elle campe avec verve l’une des filles du bordel tenu par Mme Anaïs. Mais c’est Eric Rohmer qui donne à voir le meilleur de sa classe et de son jeu en lui confiant le rôle principal de Ma nuit chez Maud (1969), où elle partage l’affiche avec Jean-Louis Trintignant.
Elle accède alors au vedettariat pendant près de dix ans. Françoise Fabian est exquise en veuve vertueuse et sensuelle dans Raphaël ou le Débauché (1971) de Michel Deville, ou en antiquaire dont s’éprend Ventura dans La Bonne année (1973) de Claude Lelouch. Elle tourne sous la direction de metteurs en scène aussi divers que Rivette (Out one), Yves Robert (Salut l’artiste) ou Mauro Bolognini (Vertiges). Sa consécration commerciale a lieu lorsqu’elle tient le rôle-titre de Madame Claude (1976), de Just Jaeckin, thriller politico-érotique sur la vie de la célèbre proxénète.
Françoise Fabian, visage familier du cinéma français
Dans les années 80, elle se fait plus rare à l’écran, s’effaçant derrière Fanny Ardant dans Benvenuta (1983) d’André Delvaux, ou Mathilda May dans Trois places pour le 26 (1988) de Jacques Demy, pour lequel elle obtient sa première nomination au César de la meilleure actrice dans un second rôle. Elle participe aux casting choraux de Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982) de Jean Yanne ou Partir, revenir (1984) de Claude Lelouch, tout en collaborant à des films d’auteur comme Faubourg Saint-Martin (1986) de Jean-Claude Guiguet. Elle tourne aussi pour le cinéma italien et incarne une aristocrate dans L’Ami retrouvé (1988) de Jerry Schatzberg.
De 1990 à 2018, Françoise Fabian tourne encore une vingtaine de films, mais les projets ne se montent définitivement plus sur son nom. Second rôle de prestige, elle incarne Mme de Chartres dans La Lettre (1999) de Manoel de Oliveira, et des personnages de mères voire de grands-mères dans 5×2 (2004) de François Ozon, Rapt (2009) de Lucas Belvaux, L’Arbre et la Forêt (2010) de Ducastel & Martineau, ou Les Garçons et Guillaume, à table ! (2013) de Guillaume Gallienne, où son personnage de Babou lui vaut une seconde nomination aux César.
La belle carrière de Françoise Fabian s’est aussi déroulée à la télévision (le feuilleton Les Dames de la côte). En 2018 elle a enregistré son premier album de chanson. Elle fut l’épouse du réalisateur Jacques Becker puis de l’acteur Marcel Bozzuffi.
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