Paul Vecchiali, cinéaste de l’expérimentation, à la filmographie personnelle, parfois radicale, toujours underground est mort à l’âge de 92 ans, dans l’indifférence de la cinéphilie mainstream.
Cinéphile passionné qui a collaboré aux Cahiers du Cinéma et qui a continué à écrire sur le cinéma jusqu’à sa mort, Paul Vecchiali se tourne vers la réalisation en 1961 avec Les petits drames, oeuvre muette dans lequel il dirige son idole, Danielle Darrieux.
Le polytechnicien issu, né en Corse et qui a grandi à Toulon, a accompagné la société, les débats sur la pornographie qu’il considérait dans les années 70 comme “un genre comme un autre” (il a d’ailleurs réalisé le film érotique Change pas de main). Il aborde la prostitution (Rosa la rose, fille publique, en 1987, son plus gros succès, avec 177 000 entrées, et un hommage au cinéma des années 30 qu’il affectionne), le sida et l’homosexualité (Once More/Encore, en 1987)…
Un premier film à Cannes à l’âge de 86 ans
Il travaille aussi avec des actrices fidèles, telles Hélène Surgère, Sonia Saviange (sa sœur), Françoise Lebrun ou Marianne Basler, et utilise d’anciennes gloires (Madeleine Robinson, Giselle Pascal, Françoise Arnoul…) en guest stars. Il croise des icones comme Bernadette Lafont, Fabienne Babe… Il est lui-même comédien dans ses propres films et dirige Jacques Perrin, Mathieu Amalric et même Catherine Deneuve dans Le cancre en 2016. Cela sera première sélection officielle au festival de Cannes. Il a alors 86 ans.
Après avoir réalisé près de vingt longs métrages en une trentaine d’années, parmi lesquels les remarquables Femmes femmes, Corps à cœur et En haut des marches (avec une exceptionnelle Darrieux), et Le Café des Jules, avec Jacques Nolot et Brigitte Roüan, il se détourne du cinéma dans pour la télévision dans les années 90.
© Les Films de l’Atalante, Diagonale
Paul Vecchiali, le cinéaste d’art et d’essai
Il affiche une boulimie d’expérimentation dans les années 2000 et 2010, avec un vrai travail sur le filmage numérique et les libertés qu’il permet. Sa créativité est alors exponentielle. Il filme jusqu’à l’âge de 91 ans. En 2020, il propose en salle Un soupçon d’amour suivi d’un ultime long en 2022, Pas… de quartier, qui connaît une sortie confidentielle.
Le cinéma de Paul Vecchiali est méconnu du grand public, en raison de sa radicalité, mais il est affectionné par des spectateurs fidèles, amoureux de sa fraîcheur, de son instinctivité et son refus du compromis.
Paul Vecchiali est mort le 18 janvier 2023, à l’âge de 92 ans. Il restera l’une des figures majeurs d’un cinéma d’art et essai total.
Ils nous ont quittés en 2023
Le cancre de Paul Vecchiali, affiche de Christelle Huc – Photo de Paul Vecchiali @ Festival du Film Locarno. Shellac Distribution. Copyrights Tous droits réservés.