Malgré un scénario aux abonnés absents, Vivre et laisser mourir, premier film avec Roger Moore, tient la route grâce à un déluge d’action et un humour bienvenu.
Synopsis : 007 est appelé à la rescousse pour mettre fin à l’hécatombe meurtrière qui décime les agents secrets britanniques. Enquêtant à New York, dans le quartier de Harlem, il affronte un caïd de la drogue, le redoutable docteur Kananga et sa comparse, l’étrange Blanche Solitaire.
Un nouveau Bond en avant
Critique : Les producteurs de la saga James Bond se trouvent à nouveau dans une impasse lorsque Sean Connery annonce pour la seconde fois son départ. Effectivement, son premier remplacement par l’acteur George Lazenby (Au service secret de Sa Majesté) s’est soldé par un échec cuisant. Ils font alors appel à l’acteur Roger Moore, très célèbre pour ses rôles télévisés dans les séries Le Saint et Amicalement vôtre.

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S’il n’est pas aussi athlétique que Sean Connery, Moore compense ce manque de stature par un flegme tout britannique et un humour ironique bien senti. Son arrivée aux commandes correspond donc à une orientation de la série vers plus d’action et d’humour, au détriment du scénario.
Un script très léger compensé par de l’action pétaradante
Grande faiblesse de ce huitième opus, l’histoire tient en un mouchoir de poche et n’est qu’un prétexte à la multiplication de séquences spectaculaires et acrobatiques. Ainsi, l’originalité du cadre vaudou et l’évidente dérive vers un fantastique sombre ne sont qu’à peine ébauchées. En lieu et place, les auteurs ont privilégié l’aventure décontractée afin de satisfaire le grand public.
Après un générique de toute beauté signé Maurice Binder sur un extraordinaire thème musical de Paul McCartney, le long métrage propose quelques séquences dignes des meilleurs Bond, entrecoupées par de longs trous d’air narratifs. Nous retiendrons donc de cet opus mineur une fabuleuse scène où James Bond doit faire face à des crocodiles, tandis que le clou du spectacle est incontestablement la course poursuite en hors-bord réglée de main de maître par le cascadeur Jerry Comeaux.
Des acteurs corrects pour un opus convenable
Il faut également saluer la belle performance de la jeune Jane Seymour (aujourd’hui plus connue par le rôle-titre de la série Dr Quinn), parfaite en voyante troublée par le charme de Bond. S’il n’incarne pas le meilleur méchant de la saga, Yaphet Kotto est toutefois satisfaisant. Finalement très proche par son histoire de James Bond contre docteur No (1962), ce segment remplace le péril jaune par une menace noire qui peut aujourd’hui apparaître comme légèrement teintée de racisme (on ne trouve ici aucun personnage noir positif).
C’est bien la seule audace que se permet ce huitième épisode, suffisamment efficace pour installer durablement Roger Moore au sein de la saga, mais tout de même un peu plus faible que les précédents. La chute qualitative se confirmera un an plus tard avec le médiocre L’homme au pistolet d’or (1974), avant de rebondir miraculeusement grâce à l’excellent L’espion qui m’aimait (1977), assurément le meilleur Bond version Moore.
Critique de Virgile Dumez
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