Vice-Versa : la critique du film (2015)

Animation, Comédie | 1h35min
Note de la rédaction :
8/10
8
Affiche de Vice-Versa (2015), produit par Pixar

  • Réalisateur : Ronnie del Carmen Pete Docter
  • Date de sortie: 17 Juin 2015
  • Année de production : 2015
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Inside Out
  • Titres alternatifs : Intensa Mente (Amérique du Sud), Divertida-Mente (Portugal, Brésil), Del revés (Espagne), Inside Head (Japon), Inderst inde (Danemark), Innsiden ut (Norvège)
  • Casting vocal : Amy Poehler, Lewis Black, Mindy Kaling, Bill Hader, Phyllis Smith, Kaitlyn Dias, Diane Lane, Kyle MacLachlan, Richard Kind, Paula Poundstone, Bobby Moynihan, Paula Pell, Lori Alan, Dave Goelz, Frank Oz, Josh Cooley, Flea, John Ratzenberger, Pete Docter, Carlos Alazraqui, Paris Van Dyke
  • Casting vocal français : Charlotte Le Bon, Marilou Berry, Mélanie Laurent, Gilles Lellouche, Pierre Niney
  • Scénaristes : Pete Docter, Ronnie del Carmen, Josh Cooley, Meg LeFauve
  • Monteur : Kevin Nolting
  • Compositeur : Michael Giacchino
  • Producteurs : Jonas Rivera
  • Producteurs exécutifs : John Lasseter, Andrew Stanton
  • Sociétés de production : Pixar Animation Studios, Walt Disney Pictures
  • Distributeur : The Walt Disney Company France
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Disney Pixar
  • Date de sortie vidéo : 27 octobre 2015 (DVD, Blu-ray, Blu-ray 3D)
  • Budget : 175 000 000$
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 4 544 667 entrées /1 077 811 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 356 921 711$ / 858 852 998$
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.78 : 1 / Couleur (35mm, D-Cinema, 3D Relief) / Dolby Digital, Dolby Atmos, SDDS, Dolby Surround 7.1, DTS HD Master Audio 5.1...
  • Festivals : Hors-Compétition Festival de Cannes 2015
  • 118 Nominations : 2 nominations aux Oscars 2016 dont Meilleur scénario original, 14 nominations aux Annie Awards 2016, 2 nominations aux BAFTA Awards en 2016, 11 nominations aux Behind the Voice Actors Awards 2016, 2 nominations aux Critics Choice Awards 2016, 2 nominations aux Kids' Choice Awards 2016, 8 nominations aux Online Film & Television Association, 5 nominations aux Satellite Awards 2016, 7 nominations aux International Online Cinema Awards 2016, 3 nominations aux Teen Choice Awards...
  • 98 Récompenses : Oscar du Meilleur film d'animation 2016, Meilleur film d'animation 2016 aux Saturn Awards, 8 prix aux Annie Awards 2016 dont Meilleur Film, BAFTA du Meilleur film d'animation 2016, Critic Choice Award du Meilleur film d'animation 2016, Meilleur film d'animation 2016 aux Golden Globes, Meilleur film d'animation 2016 aux Golden Schmoes Awards, 7 prix aux Behind the Voice Actors Awards...
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2015 Disney / Pixar. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Aude Thomas, Floriane Mathieu
  • Tagline : Faites connaissance avec vos émotions
  • Franchise : Premier volet du diptyque Vice-Versa (Inside Out), avant Vice-Versa 2 (2024)
Note des spectateurs :

En traitant du passage tempétueux de l’enfance à l’adolescence, Vice-Versa exhume les émotions de l’âge d’or de son animation et se démarque une fois de plus du tout-venant de l’animation hollywoodienne, avec cette sagesse qui parlera peut-être davantage au spectateur adulte.

Synopsis : Au Quartier Général, le centre de contrôle situé dans la tête de la petite Riley, 11 ans, cinq Émotions sont au travail. À leur tête, Joie, débordante d’optimisme et de bonne humeur, veille à ce que Riley soit heureuse. Peur se charge de la sécurité, Colère s’assure que la justice règne, et Dégoût empêche Riley de se faire empoisonner la vie – au sens propre comme au figuré. Quant à Tristesse, elle n’est pas très sûre de son rôle. Les autres non plus, d’ailleurs… Lorsque la famille de Riley emménage dans une grande ville, avec tout ce que cela peut avoir d’effrayant, les Émotions ont fort à faire pour guider la jeune fille durant cette difficile transition. Mais quand Joie et Tristesse se perdent accidentellement dans les recoins les plus éloignés de l’esprit de Riley, emportant avec elles certains souvenirs essentiels, Peur, Colère et Dégoût sont bien obligés de prendre le relais. Joie et Tristesse vont devoir s’aventurer dans des endroits très inhabituels comme la Mémoire à long terme, le Pays de l’Imagination, la Pensée Abstraite, ou la Production des Rêves, pour tenter de retrouver le chemin du Quartier Général afin que Riley puisse passer ce cap et avancer dans la vie…

Et si Pixar avait inventé le blockbuster d’animation pour adultes ?

Critique : Déguisé sous des airs ludiques de divertissement pour mômes avec l’incarnation de cinq émotions (la joie, la tristesse, la colère, la peur, et le dégoût) travesties en figures colorées que l’on aurait pu retrouver chez Dreamworks, Vice-Versa ne ressemble en rien au cinéma d’animation populaire qui cartonne en 3D dans les salles.

C’est en effet dans l’abstraction que se démarque cette approche rafraîchissante du genre, en réduisant sa jeune héroïne de 11 ans aux émotions qui l’accompagnent. Car ce sont celles-ci les vraies héroïnes du scénario.

Juchés aux manettes d’une tour de contrôle interne, ces personnages invraisemblables forment l’essentiel du comportement de la jeune fille à qui il n’arrive pas grand-chose sur un plan narratif du moins : elle déménage, se sent mal dans son nouvel environnement, envisage une fugue. En revanche, elle est dans l’ébullition biologique, une vraie révolution dans son comportement et ses émotions, ce qui la met sens dessus-dessous (Inside out, titre du film en V.O.).

Photo de Vice-Versa (2015), produit par Pixar

Vice-Versa (2015) © 2015 Disney / Pixar. All Rights Reserved.

L’enfant s’approche de l’adolescence, cette étape irrationnelle où elle perd d’une certaine façon la raison, la confiance en elle, la compréhension des autres. Pour la première fois dans son existence, la jeune fille voit son naturel joyeux dominé par la tristesse qui semble incontrôlable, mais aussi la tentation du mensonge et d’autres humeurs qui restent seules aux commandes et que la jeune fille devra apprendre à dompter, puisqu’il n’est question ici que d’équilibre…

Le réalisateur du film, Pete Docter (Monstres et Cie, Là-haut), n’est pas le plus manchot des artisans de la fabrique à rêver Pixar. Dans le passé, il ne s’est jamais compromis dans les suites mercantiles, et reste fidèle à l’esprit créatif, rêveur et cérébral de son art. Vice-Versa présente une architecture très proche de celle de son Monstres et Cie, dans son rapport à l’inconscient de l’enfant et l’érection d’un monde parallèle que n’aurait pas renié dans la science-fiction Christopher Nolan, celui d’Inception ou d’Interstellar.

L’humain dans lequel baignent toutes ces émotions devient un macrocosme de connaissances et de souvenirs, une constellation d’univers brossés parfois à la façon de ceux qui compartimentent les parcs à thème de la maison mère Disney. On pense aussi au monde désolé de WALL.E et à son univers de recyclage… Les déchets, ici, étant peut-être ces souvenirs qui s’effacent dans une sorte d’abîme ténébreux, engloutissant certains héros de notre enfance. Une référence aussi à la décharge de Toy Story 3.

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L’aventure intérieure qui est relatée est riche, d’une abstraction totale, placée sous le signe de l’humour intelligent et de l’émotion pure, celle qui fait vaciller l’adulte dans une certaine mélancolie, entre souvenirs de sa propre jeunesse et réminiscence de sa propre engeance à l’écran. Peter Docter, lui-même, dit avoir écrit son film en hommage à sa fille qu’il a vu grandir et passer donc par ses variations d’humeurs en fonction de l’âge. Tous les parents se retrouveront dans son regard ému.

Photo de Vice-Versa (2015), produit par Pixar

Vice-Versa (2015) © 2015 Disney / Pixar. All Rights Reserved.

Aussi, cette approche de la puberté au cinéma, rayonnante d’inventivité, est à l’animation ce que Boyhood est au cinéma live, une œuvre essentielle sur la jeunesse qui traduit bien la complexité des rapports qu’entretient “le jeune” avec les autres et lui-même, à différentes étapes de son existence. En cela, le film parlera sûrement davantage au public adulte qu’aux enfants. Ces derniers resteront toutefois émerveillés par l’effervescence générale et la truculence des émotions et des petites créatures habitant l’héroïne. Cette prise de risque commerciale est forcément revigorante de la part d’un studio coutumier du fait (WALL E et Là-haut), et décidément à mille lieues des poncifs de l’animation contemporaine qui se résume passablement à de l’épate visuelle. Vous remarquerez que dans cette critique, à aucun moment les prouesses technologiques, pourtant réelles, n’ont été mentionnées. Cela en dit long sur le degré de réussite de cet OVNI signé Pixar.

Box-office de Vice-Versa

Vice-Versa est un triomphe pour Pixar, puisqu’avec ce film, le studio de John Lasseter s’octroie son  5e plus gros succès mondial, avec 850M$. Il se positionne derrière Les Indestructibles 2 ( 1 242 000 000$), Toy Story 4 ( 1 074 000 000$), Toy Story 3 (1 068 000 000$) et Le monde de Dory (1 068 000 000$).

C’est également le deuxième plus gros succès de Pixar pour un film non issu d’une franchise, derrière Le monde de Nemo, en 2003.

Vice-Versa a surtout pu rectifier la mauvaise trajectoire de Disney/Pixar après des titres mineurs comme Rebelle (554M$) et surtout Monstres Academy  qui a certes empoché 743M$, mais qui est considéré comme un Pixar paresseux.

Aux USA, ce premier épisode d’Inside Out a clairement surperformé avec 356M$ et une 5e meilleure position annuelle, derrière Le Réveil de la force, Jurassic World et Avengers : l’ère d’Ultron, trois phénomènes de société localement.

La France offrira les 6e meilleures recettes mondiales au long métrage de Pete Docter, fort d’une avant-première cannoise. Ses 4 544 000 entrées se convertiront en un jackpot de 30M$. Le Royaume-Uni (59M$), le Japon (32.9M$), l’Allemagne (31.6M$), le Mexique (31.1M$), et la Corée du Sud (30.8M$) se positionnent devant la France. On notera que dans l’Hexagone, Vice-Versa, aussi sublime soit-il, ne survivra pas à la déferlante Les Minions qui réalisera une 2e place annuelle en France (6 654 000). Aux USA, le Pixar réalise toutefois 20M$ de plus.

On notera que Vice-Versa a été un phénomène au Venezuela, devenant l’un des plus gros succès de tous les temps, localement, avec 25M$, soit autant qu’en Australie ou en Espagne. Le Ghana et Hong Kong en sont tombés follement amoureux également.

Pixar trouvera dans Vice-Versa une belle compensation pour les pertes qu’il accumulera en fin d’année avec Le voyage d’Arlo, aux recettes historiquement basses pour le studio, avec seulement 333M$ empochés à travers le monde.

Frédéric Mignard

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Affiche de Vice-Versa (2015), produit par Pixar

Affiche de Vice-Versa (2015) © 2015 Disney / Pixar. All Rights Reserved.

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